In Nomine - Mythos

Sorti le: 30/04/2005

Par Jean-Daniel Kleisl

Label: Musea

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Le chroniqueur est parfois dans une situation intenable, quand par exemple un disque lui plaît beaucoup et que, pourtant, quelque chose ne passe pas, ce petit rien qui fait la différence. Prenons Mythos , le second album des Espagnols de In Nomine. Celui-ci succède à Mutatis Mutandis sorti il y a quatre ans. Alors que leur précédente œuvre se rapprochait de la musique d’un Marillion ou d’un IQ dans les années quantre-vingt, ce nouvel album sonne très jazz-rock. Ce concept album (encore un !) est basé sur les mythes grecs. D’ailleurs, pourquoi toujours les mythes grecs ?

Alors, qu’est-ce qui ne passe pas ? Patience ! Parcourons d’abord, les qualités – nombreuses – de cet album. L’approche jazz-rock et les harmonies vocales de Leonardo Perez, qui officie aussi comme batteur, séduisent immédiatement. Les breaks et contre-breaks ainsi que les rythmes syncopés sont nombreux et apportent réellement un plus, ce qui loin d’être le cas dans tous les albums de prog. La section rythmique est d’une finesse superbe et souligne les arrangements très travaillés et variés. La suite « Cronus – Zeus, Son of Cronus » ouvre l’album de la meilleure des façons. De même, « Hypnos’ Suite » montre l’excellence du jeu d’Esteban Fragas à la guitare. Un petit bémol provient du son de clavier trop axé années quatre-vingt, toutefois. Mais il n’empêche nullement le plaisir d’écoute.

« Alors, vil chroniqueur, qu’as-tu encore à dire ? », criera la foule ! Oui, on pourrait clore une chronique sur cette excellente impression. Mais cela est impossible, tant on ne peut pas ne pas évoquer la longue suite finale « Sisyphus » qui est, et le jugement se fonde précautionneusement sur de nombreuses écoutes, une déception. Il s’agit de la pièce maîtresse qui occupe le tiers de cet album de quarante-cinq minutes. Elle est subdivisée en six parties assez inégales débutant par une introduction superbe à la guitare acoustique que Steve Hackett n’aurait pas reniée. Le reste du morceau n’atteint malheureusement pas ce niveau, en particulier « Eros Falling » et « Sleep », espaces sonores planants à la Tangerine Dream noyés dans des claviers du plus mauvais effet, dont le final tente de rattraper le coup sans convaincre.

Avec Mythos, In Nomine présente un album de bon aloi, mais dont le morceau final modère hélas l’intérêt. Cela ne doit en aucun cas empêcher l’auditeur de jeter une oreille attentive à ce groupe espagnol cependant, qui, s’il continue à progresser, s’ouvre à un bel avenir.