– Headway 2005

FESTIVAL : HEADWAY 2005

 

Artistes : The Saturnine, Synergy Protocol, Splinter, Symmetry, Transmission, Junk Farm, Guapo, Prymary, Shadow Keep, Last Crack, Enchant, Fates Warning
Lieu : Amstelveen, P60
Date : 2&3 avril 2005
Photos : Dan Tordjman et Nicolas Notarianni

On se souvient que l’an dernier, le Headway Festival avait réussi une programmation très intéressante en mettant en tête d’affiche Sieges Even et Watchtower. Rebelote pour la cuvée 2005 : Enchant et Fates Warning, tiennent le haut du pavé. Sans compter des groupes inattendus comme Prymary ou Last Crack, cette troisième année a tenu toutes ses promesses avec deux poids lourds qui ont su tenir leur rang.

Premier jour

Qu’il est bon de retourner à Amstelveen, puisque pour la troisième fois de suite votre web-magazine préféré couvre un événement qui prend de l’ampleur à chaque édition. Après un voyage quelque peu rallongé (NdD : maintenant nous pouvons le dire : les autoroutes françaises sont les meilleures tant en terme de qualité de route qu’en termes d’indication !) l’arrivée à Amstelveen se fait sous le soleil. Un rapide bonjour au staff du festival, ainsi qu’à Doug Ott d’Enchant, qui avoue être étonné de voir Progressia ici… et pourtant ! Le festival est couvert dans ces pages depuis sa naissance !

Après toutes ces civilités, direction la salle, car c’est à The Saturnine que revient la tache d’ouvrir le festival. Prestation difficile : l’ancien groupe de Dennis Leeflang (ex-Sun Caged, et fraîchement démissionnaire de Saturnine) est entachée d’un son brouillon. De plus un certain paradoxe subsiste : si le groupe attire plus l’attention sur disque, il n’a pas la même aura dans des conditions live… Une explication sera peut-être donnée un jour, mais plus tard : le niveau monte considérablement avec l’arrivée des juniors de Splinter, dignes successeurs de Spock’s Beard tant par la musique que par la formation puisqu’on retrouve un chanteur qui devient de temps à autres claviériste… curieux, non ?! Le niveau des musiciens se salue, ils sont tous très en place, en particulier Menno, le claviériste et Didier, le guitariste, dont les prouesses hautes en couleur ont ravi l’auditoire.

Ce sont ensuite les Allemands de Transmission qui prennent la relève et l’ambiance retombe un peu car si l’on n’a rien à redire sur la qualité des musiciens (quel bassiste !) on tiquera un peu sur la performance vocale de Juan Roos tant le chanteur s’éloigne des tonalités utilisées par ses camarades. Il chante… faux ! L’on regrettera aussi une musique bien trop prévisible faisant penser très souvent à celle d’un théâtre onirique bien connu. 17h15 : L’estomac hollandais crie alors famine c’est l’heure de la pause dîner mise à profit pour retrouver Ed Platt et Bill Jenkins d’Enchant lors de leur visite de la braderie annuelle de la ville toujours sous un soleil radieux

Après s’être rassasié au mieux (NdD : après un tel week-end gastronomique le retour au pays s’est avéré plus que salutaire), retournons dans l’arène pour assister à la performance de ce qui sera l’OVNI de la première journée : Guapo. Là, la division est claire : certains sont en transe alors que d’autres quittent la salle.
N’en déplaise à notre camarade Aleks Lezy, fan du groupe, les cinq premières minutes de leur concert ne comprennent que nappes et coups de cymbales. Guapo avait-il sa place sur l’affiche ? Le débat fut lancé pendant leur concert et se prolongea bien après, ce qui prouve un certain succès des Britanniques : ne pas avoir laissé indifférent le public du P60 !
Celui-ci aspire néanmoins à revenir à une musique plus conventionnelle avec Shadow Keep, des compatriotes de Guapo justement. Bien plus abordables, certes les Anglais le sont. Mais insupportables aussi, la faute à un chanteur à la limite de l’audible ! Shadow Keep passe en revue tous les clichés les plus éculés du metal, mais son passage après un groupe « conceptualisant » comme Guapo rend le groupe tolérable.

Au moment d’accueillir Enchant tête d’affiche de cette première journée, l’on se pose la question de savoir si une malédiction poursuit les californiens. Question affluence en effet, le bilan de cette première journée est mitigé. On aurait penser voir un public plus nombreux, les Américains ne se produisant que très rarement en  » vieille Europe « . Mais les raisons de ce public clairsemé ont pour nom Judas Priest et The Flower Kings. Les premiers jouent à l’Ahoy de Rotterdam et les seconds à Zoetermeer : voilà qui fournit sans doute trop de têtes d’affiche pour le public néerlandais gâté !

Qu’à cela ne tienne, les Californiens ne sont pas venus à Amstelveen pour cueillir des tulipes. Preuve en est ce tonitruant « Sinking Sand » qui ouvre le concert. Malgré un Ted Leonard un peu en retrait dans le mixage, les américains sont servis par un son tout à fait propre. Que ce soit Doug Ott, Bill Jenkins, Sean Flanegan qui cogne comme un acharné ou Ed Platt, chaque musicien possède bien le concert et les surprises défilent: en effet, quel plaisir de réentendre « At Death’s Door », « Pure » « Acquaintance »et surtout « Nighttime Sky », autant de titres que le groupe n’avait pas interprétés lors de leur dernier passage avec Spock’s Beard en 2003. Au coté des classiques que sont « The Thirst » ou « Paint the Picture » cohabitent les plus récents et plus énergiques « Under Fire » et « Monday ». Un peu plus tôt dans l’après-midi, Ted Leonard nous avait fait part de ses inquiétudes quant à l’état de sa voix, qu’il se rassure : il fut parfait de bout en bout. Il eut aussi l’occasion de se reposer lors des instrumentaux « Prognosis » et « Progtology », grand moment du bassiste Ed Platt.

Avant d’enchaîner sur « Comatose » Ted Leonard salue chaleureusement le public cosmopolite. Une fois encore l’affiche proposée au Headway s’est avérée fédératrice puisqu’un fan japonais déjà présent l’an dernier a refait le déplacement. Mais la palme décernée par Ted revient à Frank, un fan venu du Brésil (vous avez bien lu) qui nous a confié avoir fait le déplacement pour Enchant et Fates Warning. Chapeau bas !
Le spectacle se conclut avec « Below Zero » et « Oasis » sur lequel Leonard joue au magicien puisqu’il disparaît de la scène pour venir chanter et danser dans le public. Y’avait-il une plus belle manière de conclure ? Difficile à dire… Oui, à première vue, mais après s’être éclipsés les américains remontent sur scène pour un medley composé d’ « East Of Eden » – « Missing » – « Interact » et du magnifique « My Gavel Hand » qui clôt une bonne fois pour toute cette journée riche en surprises. Enfin, après le concert, Enchant se montre proche de ses fans en venant remercier chaleureusement le public du P60 pour avoir choisi de rester ici au lieu d’aller voir Judas Priest.

Deuxième jour

Une fois encore le soleil est au rendez-vous. Les hostilités musicales commencent plus tôt en ce dimanche et pendant notre entretien avec Fates Warning, Synergy Protocol débute. Pas grand chose à se mettre sous la dent hélas, si ce n’est Mirella, la jolie chanteuse très (trop ?) détendue sur scène, qui manque cruellement de présence scénique. Une fois encore, c’est avec le deuxième groupe programmé que l’on décolle en l’occurrence Symmetry accompagné pour l’occasion de l’inénarrable Marcel Coenen chargé d’assurer l’intérim suite au départ d’un des guitaristes du groupe. Gros son et virtuosité sont de mises avec des compos intéressantes, très metal avec quelques touches de jazz venant probablement du bassiste Bas Hoebink. Cependant un manque de clavier et un chanteur parfois énervant, visiblement élevé par Michael Kiske, n’aident pas l’adhésion d’un public bien plus nombreux en cette deuxième journée. Quoi qu’il en soit il sera judicieux de rester vigilant et de conserver une oreille attentive à Symmetry.

C’est maintenant au tour du trio allemand Junk Farm d’investir la scène. Se faisant appeler le Power Trio From Hell, on pense bien évidemment aux allumés de Freak Kitchen lorsqu’on voit ces 3 barjos sur scène. Une musique déjantée des musiciens qui connaissent leur instrument – notamment le guitariste-chanteur Benjamin Schippritt aux faux airs de Steve Morse, qui déroule les notes – tout cela suffit au public du P60 qui passe un excellent moment en compagnie des Allemands. De quoi ouvrir l’appétit puisque c’est déjà l’heure de la pause dîner pendant laquelle, les auditeurs peuvent, avant d’aller manger un morceau, assister à un cours de clavier par Joost van den Broek (After Forever et ex-Sun Caged) qui les gratifie d’extraits de Star One, de Sun Caged et de compositions personnelles.

Après ce cours de musique, les choses sérieuses reprennent avec les Américains de Prymary qui pour l’anecdote, doivent en partie leur présence sur l’affiche a leur chanteur Mike Di Sarro qui, l’an dernier, avait fait le voyage et distribué gratuitement à tout le public des CDs de la formation ! L’initiative a visiblement plu à l’équipe du Headway ! Mieux que cela, leur instinct se révèle sûr Prymary fut la surprise de ce dimanche. Mike Di Sarro ne tient pas en place sur scène, Sean Entrikin maltraite sa guitare, de même que le bassiste James Sherwood à l’attitude très Fieldyienne (Korn). Prymary sur scène fait figure de véritable rouleau compresseur capable d’assener des passages extrêmement violents comme des parties très aériennes le tout avec une attitude scénique très professionnelle. Les Californiens ont marqué des points ce soir et il est clair que leur prestation n’a laissé personne indifférent. Le festival vient une fois de plus de jouer son rôle de révélateur de talents.

Après l’ouragan Prymary, que va bien pouvoir proposer Last Crack ? Inconnue de la majorité du public, la formation américaine âgée de près de quinze ans fait figure d’OVNI de ce deuxième jour. Et la surprise fut au rendez-vous : Last Crack a mystifié l’audience, la faute à son chanteur Buddo J. Buddo, véritable monstre de charisme. Musicalement Last Crack a alterné le bon et le moins bon : si certains titres ont marqué les esprits d’autres sont passés inaperçus. C’est sous les applaudissements du P60 désormais plein à craquer que le groupe quitte la scène.

Oui, chaque passage de Fates Warning en Europe fait figure d’événement. Oui, à ce même titre chaque album provoque une ébullition et cette présence en tête d’affiche ne déroge pas à la règle. La présence de Mike Portnoy à la batterie y est-elle pour quelque chose ? La question reste posée, et quoi qu’il en soit, le P60 est plein à tel point qu’il devient difficile d’aller se chercher une bière.
C’est sur « One » que Fates Warning démarre son concert, accompagné à la basse de l’inusable Joey Vera et de Frank Aresti à la guitare. Tous les albums y passent : d’A Pleasant Shade Of Grey à Parallels en passant par Perfect Symmetry c’est un vrai best of live qui se trouve livré ce soir. Bien sûr, le dernier album du groupe X n’est pas mis à l’index puisque « Simple Human », « Heal Me » et le sublime « Another Perfect Day » sont interprétés. « Left Here » aurait eu sa place également, mais Jim Matheos, impérial dans son interprétation, en a décidé autrement. Quant à Ray Alder, sa réputation de véritable bête de scène ne date pas d’hier. Il est resté fidèle a son image : remuant narguant, appelant le public dans tous les sens, c’est une vraie leçon de chant live qu’il donne ce soir.
Quid de Mike Portnoy alors ? Même s’il est toujours aussi démonstratif, le batteur de Dream Theater, en dépit de sa prestation impeccable, a du mal à faire oublier Mark Zonder, l’emblématique batteur du groupe mais il donne une assise et une puissance importantes.

C’est également un plaisir de revoir Frank Aresti avec Fates Warning : précisons qu’il n’est pas membre officiel du groupe, qu’il a quitté il y a près de dix ans après l’album Inside Out.
Fin du concert remarquable : les deux classiques du groupe « Through Different Eyes » et « Monument » ont clôturé le set. Nos amis revinrent sur scène pour un rappel on ne peut plus surprenant puisque Fates Warning offre en guise de cerise sur le gâteau deux titres de OSI à savoir « The New Math » et « shutDOWN » avant de finir pour de bon sur « Nothing Left To Say », au nom parfaitement approprié pour terminer une prestation mémorable.

Que dire après ces deux jours ? Que le Headway Festival s’améliore d’année en année en proposant des affiches variées avec des groupes de qualité. Si l’affiche précédente se voulait un peu trop expérimentale, celle-ci s’est montrée résolument plus progressive et l’on ne peut que s’en féliciter. Ce sont des événements comme celui-là qui donnent envie de dire merci à l’équipe d’organisation : Onno, Freek et Natasja. Dankjewel ! Et à l’année prochaine…

Dan Tordjman

site web : http://www.headwayfestival.com

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