Trettioåriga Kriget - Trettioåriga Kriget (rééd.)

Sorti le: 12/03/2005

Par Djul

Label: Mellotronen

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A la suite de l’une des résurrections les plus impossibles de l’histoire du rock progressif, à savoir celle d’Anglagaard, un autre groupe suédois revient sur le devant de la scène, et brise non pas 10 mais plus de 20 ans de silence. Son nom ? Nous ne l’écrirons qu’une fois… Trettioåriga Kriget ! En sortant l’excellent Elden Av år l’an dernier, le groupe mené par Stefan Fredin à la basse se rappelait au bon souvenir de ceux qui l’avaient quitté lors de sa dispersion en 1981. Une seconde chance bien saisie, à la manière de Proto Kaw ! Progressia vous propose un tour d’horizon des autres albums du groupe réédités en support CD par le label suédois Mellotronen. A noter que la discographie du groupe sur la période 1978-1981 devrait bientôt être à nouveau disponible.

Cet album studio éponyme est le premier du groupe. Initialement sorti en 1974 sur CBS – hé oui, Sony signait des groupes de prog suédois à l’époque – Trettioariga Kriget (ou ‘guerre de trente ans’) est un album très puissant pour son temps, parfois à la limite du hard rock. Sur ce pendant nordique de Red, dont il est contemporain, le groupe développe des tensions et des motifs répétitifs sombres comme le groupe de Robert Fripp. De même, comment ne pas penser à Anekdoten à l’écoute de « Handlingens Skugga », avec ses arpèges de guitares lugubres, ou « Mina Löjen », mélange d’une froide balade acoustique et de passages épiques et torturés dominés par la basse titanesque de Fredin ? Seuls quelques soucis de mise en place, excusables pour un premier essai, peuvent être à déplorer. En revanche, les vocaux paraissent en deçà de la musique, tant qualitativement – Robert Zima franchira un palier lors de l’enregistrement de Krigssång l’année suivante – que stylistiquement : on pense plus au glam rock qu’au rock progressif, de part ce chant très aigu, en suédois exclusivement.

Concernant les boni de cette édition, deux démos du premier album sont disponibles, chantées dans un anglais un peu « yaourt » : « Under The Pendant Roof » est une version allongée de « Ur Djupen », tandis que « I’ve Got No Time » est une ballade acoustique sans prétention. Le dernier titre est un morceau en concert assez banal. Bref, pas de quoi justifier l’acquisition du disque, mais l’album étant à recommander, ce n’est pas bien grave. D’autant qu’il faut relever le splendide livret du disque, très documenté et illustré, ainsi qu’un format « digipack » de qualité. Une constante chez Mellotronen et un atout supplémentaire, qui, s’il ne remplace l’essentiel, à savoir la musique, reste appréciable.

Au final, voici un disque énergique, mais qui n’est pas sans défauts : un aspect mal dégrossi sur certains titres et une voix… spéciale ! Il peut néanmoins être recommandé aux amateurs de King Crimson et aux curieux, qui aimeraient avoir une explication sur l’étrange épidémie progressive qui touche la Suède depuis près de quinze ans !