Christian Richet - Waves

Sorti le: 16/02/2005

Par Régis Tagli

Label: Musea

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L’exercice solitaire de l’album instrumental entièrement synthétique, en vogue depuis la fin des années quatre-vingt, ne connaît généralement que deux grandes directions : le jazz/funk rythmé, ou les longues plages privilégiant l’improvisation et l’espace sonore. Depuis ses débuts en 1989, Christian Richet a tout naturellement opté pour la seconde voie, de par sa filiation stylistique avec le maître du genre : Klaus Schulze. Les deux hommes ont en commun, outre leur passion de la synthèse, un passé de percussionniste à la base, et ce cinquième album laisse pleinement transpirer ce goût pour les textures rythmiques.

Qu’on ne parle pas de mélodie, car il y en a finalement peu : là n’est pas le sujet de cet album. Empilant progressivement des couches de percussions, originales ou trafiquées, Richet tente – et par moments avec succès – de dépeindre une sorte d’Afrique alternative, croisement impossible entre une bande dessinée de François Bourgeon et le Blade Runner de Ridley Scott.
En étendant les travaux entamés dans son précédent disque, il construit l’album autour d’une pièce maîtresse, « Marching – part two », vingt-six minutes de rythmes hypnotiques et tribaux dont la répétitivité conduit à un chaos inévitable. Concernant l’ambiance et les textures de fond, Christian Richet sait y faire, lui que l’on retrouve parfois dans l’émission « Chasseurs de Son » sur Radio France Culture, pour « When It’s Raining… » du présent album, ou « To Be Continued » sur Percutone par exemple. Non, c’est plutôt dans le choix des sons de tête que sa production paraît malheureusement un peu datée.

Les passages les plus mélodiques, et semblant les plus accessibles, font effectivement penser au Popol Vüh de Raga City sans le côté mordant. De ce fait, les amateurs de mélodies chaloupées ne trouveront pas leur bonheur ici et certains passages pourront même faire penser à de la « musique au mètre ». Waves est plutôt réservé à ceux d’entre vous qui désirent effectuer, grâce à leurs enceintes, un voyage tribal dans une contrée lointaine entre futurisme et culte vaudou. Et même si la recherche synthétique n’est pas la priorité ni la grande force de ce disque, le dépaysement qu’il procure est assez agréable pour fermer les yeux et accepter de se laisser emporter.