Adrian Belew - Side One

Sorti le: 16/02/2005

Par Djul

Label: Sanctuary

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Infatigable compagnon de route de Robert Fripp depuis 1980 au sein de King Crimson, cela faisait maintenant trois ans que le chanteur/guitariste n’avait pas proposé d’album solo susceptible de s’ajouter à la vingtaine de disques déjà réalisés sous son seul nom. Ce stakhanoviste et génie touche-à-tout dispose d’ailleurs d’une carrière qui s‘étend bien au-delà du seul Crimson, avec des participations à tout va : Tori Amos, David Bowie, les B52’s, Peter Gabriel, Cyndi Lauper, Jean-Michel Jarre, NIN, Mike Oldfield, Talking Heads, Zappa, et des artistes mineurs auquel Adrian a bien voulu prêter un peu de son propre talent !!

On savait que les membres de Tool se revendiquaient de King Crimson, au point de leur offrir une tournée commune en 2001. Celle-ci permit au Roi de jouer devant un public rajeuni, auquel il fit, semble-t-il, grande impression. On savait aussi que des liens s’étaient tissés entre certains de ses membres, notamment entre Belew et Danny Carey, l’extraordinaire batteur de Tool. On retrouve donc le percussionniste sur ce Side One, pour une section rythmique impressionnante puisque complétée par Les Claypool, bassiste frappadingue de Primus. Bref, une équipe des plus alléchantes, pour la première partie de ce qui composera à terme une trilogie. On retrouvera plus tard ce trio, sur Side Three d’après nos informations.

Les trois premiers titres du disque devraient conquérir la plupart des amateurs de Krimson, avec leur aspect fusion rappelant la trilogie rouge/bleue/jaune des années quatre-vingt. « Ampersand », aurait pu être composé par les Red Hot Chili Pepers s’ils avaient vraiment fait honneur à leur nom, tandis que le rageur « Writing on the Wall », doté d’un groove monstrueux délivré par la paire précitée, fait office de « Sleepless » des années deux mille. On retrouve donc toute la pêche et la modernité de Belew, musicien de cinquante-cinq ans, ce dont on ne doutait pas vu le contenu des deux derniers albums du Krim’. Quant à « Matchless Man », ce morceau replonge dans les ballades tordues de Beat.

La suite du disque continue de constituer un vrai CV de Belew, un panorama de tous les recoins musicaux qu’il a pu défricher : la furie de The Construktion of Light sur « Madness », en passant par les expérimentations électroniques des Talking Heads (« Beat Box Guitar ») jusqu’aux barrissements d’animaux de la savane (« Elephants »). Non, vraiment, il n’y a rien à jeter sur ce disque, qui se hisse parfois au dessus des productions récentes du Krim, en tout cas pour ceux qui regrettent un peu l’approche plus mélodique d’autrefois.

Reste que ces neuf titres forment un ensemble d’une durée de trente-trois minutes. A l’époque où les artistes se creusent la tête pour savoir comment vendre des disques et éviter le peer-to-peer, ce choix n’est pas très heureux, malgré toute l’intensité des compositions. Néanmoins, l’album reste indispensable aux amateurs du Krim, qui trouveront là un autre argument permettant de démontrer tout le talent de Belew, et son importance minorée parfois à tort dans KC.