– Raismesfest 2004

FESTIVAL : RAISMESFEST 2004

 

Lieu : Raismes, P60
Date : 12 septembre 2004
Photos : Dan Tordjman

Petit à petit, la Raismesfest fait son nid parmi les festivals metal européens. Sans prétendre arriver au niveau d’événements établis comme le Wacken ou le Gods Of Metal, la manifestation nordiste parvient à rassembler des fans du genre venus de tous horizons, avec une affiche à la fois éclectique et alléchante. Cette nouvelle édition ne dérogeait pas à la règle, puisqu’on y retrouvait entre autres, Patrick Rondat, After Forever et Angra. Dan Tordjman était dans la place.

C’est par un dimanche assez ensoleillé que la foule chevelue envahit la ville de Raismes, pour deux surprises. La première survient alors que l’on attend tranquillement l’ouverture des portes : Marcel Coenen (Sun Caged) et sa compagne Miranda ont fait le déplacement. La journée se passera en leur compagnie, entrecoupée de sérieuses crises de fou-rire. Le bonhomme est enchanté par le site et l’organisation du festival auquel il avait pris part l’an dernier avec Sun Caged. Deuxième surprise : la présence massive de tentes au camping. L’affiche 2004 est certainement la plus belle que l’organisation propose depuis ses débuts (Primal Fear, Rage, Angra, After Forever…), et l’effort semble avoir porté ses fruits.

C’est aux Franciliens de Snake Eye que revient la lourde tache de déclencher les hostilités. La formation parisienne est aidée par un son très correct et s’attire les sympathies du public. Une telle ouverture laisse espérer le reste de la journée du même acabit, et s’il existe un dieu du metal, il semblerait que celui-ci ait entendu les prières du public en laissant un autre groupe hexagonal, Malediction, investir la scène. On passe au niveau supérieur alors que le groupe frappe un grand coup, favorisé par un son colossal et des guitares énormes. Le quatuor présente les titres de son album Esclave Du Vice avec succès. Même si le chant français rebute certains festivaliers, tout le monde reconnaît que les petits jeunes impressionnent.

Entre deux changements de set, les spectateurs peuvent assister aux concerts de groupes locaux sur une deuxième scène. Cette initiative est à saluer : même si le niveau n’est pas encore aussi professionnel que sur la scène principale, il est heureux de voir de jeunes groupes prendre un véritable plaisir à jouer.

Arrive ensuite une nouvelle surprise, cette fois discutable : Revenge, dont la prestation particulière a divisé le public. Excellent concert pour certains, moment insupportable pour les autres… Le chanteur (au mulet magnifique), voulant imiter Udo Dirkschneider, ressemble davantage à un sanglier égorgé dans les abattoirs de Vitry-le-François qu’à un clone du chanteur teuton. Le groupe enfonce le clou en servant les clichés les plus éculés du metal, tant dans l’attitude scénique que dans les paroles : I just wanna rock, I just wanna roll, I just wanna rock’n’roll.

Il s’était déjà produit en mini-concert gratuit à l’occasion de la sortie de son nouvel album, An Ephemeral World, et c’est sous une véritable ovation que Patrick Rondat monte sur scène en compagnie de Patrice Guers à la basse, du fidèle Dirk Bruinenberg (Elegy, ex-Adagio…) à la batterie et du petit nouveau Manu aux claviers. Le programme contient nouveaux comme anciens morceaux, et en guise de cadeau, Patrick Rondat offre un bel « Amphibia » avant de revenir…  » Pour le rappel, vous n’avez qu’à crier Vi-val-di, Vi-val-di  » : le public s’exécute comme un seul homme, avant de se faire à son tour exécuter au son du  » Vivaldi Tribute « . Une très bonne mise en bouche avant la tournée commune avec Freak Kitchen qui sillonnera la France ce courant novembre 2004.

C’est le moment d’accueillir le groupe qui a failli voler la vedette à la tête d’affiche du jour, les Hollandais d’After Forever. L’occasion pour Marcel Coenen de retrouver Joost van den Broek, qui a quitté Sun Caged pour les intégrer. L’ensemble des musiciens de la formation sont fidèles à eux-mêmes : Bas et Sander croisent le manche tout en haranguant le public venu en masse pour l’occasion et la section rythmique aplanit le décor sur son passage pendant que les yeux sont rivés sur Floor Jansen – qui a dit comme d’habitude ?.
La grande chanteuse – près de deux mètres – sait manier les foules et se permet même quelques mots en français histoire de s’attirer un peu plus les faveurs d’un public pourtant déjà conquis. On le sait, les Bataves aiment les reprises, mais contrairement à leur habitude, ce n’est pas « The Evil That Men Do » (Iron Maiden) qu’ils interprètent ce soir, mais le « Rock The Night » de Europe, sur lequel Bas Maas lâche la guitare pour le micro et montre qu’il sait aussi chanter. Pari réussi pour certains, une simple formalité pour d’autres, After Forever a en tous cas placé la barre haut et quitte la scène sous les vivas du public.

Il est ensuite l’heure d’acclamer les Brésiliens préférés des Français. Ni Ronaldo, ni Roberto Carlos, ni la Seleçaõ… il s’agit bel et bien d’Angra, qui file avec la France une véritable romance à tel point qu’il s’agira ce soir du seul concert donné par le groupe avant la sortie de son nouvel album, Temple Of Shadows.
 » Spread Your Fire « , extrait du nouvel album, démarre leur prestation. Un vrai régal pour les yeux : Kiko Loureiro et Rafael Bittencourt sont plus soudés que jamais, et Felipe Andreoli ne tient pas en place. Non content d’assurer les choeurs, le bassiste longe la scène de long en large tandis qu’Aquiles Priester, caché derrière sa batterie, martèle sévèrement. C’est hélas d’Edu Falaschi que vient le problème : même s’il a effectué d’indéniables progrès depuis la tournée Rebirth, et s’il est un excellent frontman maniant la foule avec une certaine facilité, il accuse trop d’inconstances au chant. Le public, littéralement dans le concert, répond néanmoins présent. Il ne reste pour les plus exigeants qu’à espérer qu’Edu sera au point pour la tournée qui devrait avoir lieu début 2005.

Côté nouveautés, citons entre autres  » Angels And Demons « ,  » Waiting Silence  » (véritable claque en concert) et  » Wishing Well « . Mais Angra n’a pas oublié ses classiques et jette une trilogie  » Angels Cry / Nothing To Say / Carolina IV  » en pâture au public. Dernière surprise de la journée :  » Carry On « , traditionnel  » bis « , est joué avant le rappel. Que reste-t-il alors ? Certains réclament  » Painkiller « , d’autres  » The Number Of The Beast « , mais c’est avec  » Nova Era  » que le concert s’achève sous les applaudissements du public. On peut conclure de ce concert de chauffe que les morceaux de Temple Of Shadows sont conçus, sans nul doute possible, pour la scène. Angra, en dépit des soucis d’Edu Falaschi, est venu, a vu et a vaincu un public reparti harassé certes, mais non sans prendre rendez-vous pour l’année prochaine !

Dan Tordjman

site web :www.raismesfest.com

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