Marillion

14/10/2004

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Par Djul

Photos:

Site du groupe :

CONCERT : MARILLION

 

Artiste : Marillion
Lieu : Paris, Elysée-Montmartre
Date : 14 septembre 2004
Photos : Djul


Set-list 1: The Invisible Man – Marbles I – You’re Gone – The Bell in the Sea – Angelina – Marbles II – Don’t Hurt Yourself – Fantastic Place – Marbles III- Drilling Holes – Marbles IV

Set-list 2: Go – Waiting to Happen – Rich – Three Minute Boy – Between You and Me

Rappels: The Damage – Neverland – second rappel: Cover My Eyes

Après une première partie de tournée européenne réussie, Marillion revient défendre son double album Marbles. C’est en tout cas ce que l’on espérait, mais les set-lists des concerts de Londres et Paris nous ont donné tort, faisant la part belle aux morceaux de l’édition simple du disque, ainsi qu’aux titres les plus accessibles de la carrière du groupe. Un choix opportun ?

C’est un Elysée Montmartre bien rempli, mais pas bondé qui accueille Marillion, la faute sans doute à une proximité trop importante entre cette seconde partie de tournée, et la première, qui a lieu au mois de mai, et dont Progressia avait également couvert l’escale parisienne. Les moyens mis en oeuvre par le groupe sont toujours aussi importants, un investissement d’autant plus louable qu’il se fait rare : éclairages de toute beauté, aux teintes et effets très variés, et surtout projection en fond de scène rappelant les superbes images de l’épais livret de Marbles. Bref, tout semblait réuni pour à nouveau passer une excellente soirée. Elle ne fut que bonne, la faute à une set-list écourtée et surtout redondante par rapport au mois de mai.

Alors que les fans de Marillion espéraient bien des surprises de ce concert, et notamment l’interprétation de certains joyaux du second disque (non disponible dans les points de ventes) de Marbles, les Anglais offrirent un concert quasi-identique à celui d’il y a 4 mois. Un comble lorsque l’on connaît le répertoire du groupe, surtout que l’on se doute que ceux présent en ce mois de septembre garnissaient déjà les rangs du précédent concert. Plus encore, quelle frustration, au sortir de l’Elysée Montmartre, de ne pas avoir pu voir enfin H et sa bande jouer un  » Ocean Cloud  » ou encore  » The Only Unforgivable Thing « . Ajoutons que le choix du groupe de proposer ses titres les plus pop, certes taillés pour la scène, s’est fait au détriment de pans entiers de sa carrière, et non des moindres : rien ne sera évoqué de Brave, Afraid of Sunlight ou This Strange Engine, un comble lorsque l’on sait qu’il s’agit des oeuvres favorites d’une bonne partie du public ! Terminons par une anecdote pour le moins troublante : la set list aux pieds des artistes évoquait justement bien des titres absents et regrettés :  » Ocean Cloud « ,  » Accidental Man « ,  » Holloway Girl « ,  » Holidays in Eden  » et même (oui, c’est véridique)  » Slainte Mhath  » de Clutching at Straws. Au milieu du concert, ces documents furent remplacés par ceux indiquant la set list effectivement jouée. Alors que c’est-t-il passé ? Il semblerait que M joue souvent à ce petit jeu pour tromper le public des premiers rangs. Une bonne idée, à condition que les surprises soient remplacées par d’autres surprises, ce qui ne fut pas le cas ce soir là (et visiblement tous les autres soirs précédents).

Passons maintenant au concert en lui-même, qui resta bien sûr très bon, tant par la qualité des titres joués que par la forme des membres de Marillion, Hogarth en tête, malgré une prestation vocale pas toujours exempte de défauts. Mais l’énergie était là, ce qui fut approprié à un concert peu émotionnel mais très engagé.  » The Invisible Man « , qui semble voué à devenir un classique en  » live « , ouvre le concert avec majesté, devant un public déjà conquis. Les interludes  » Marbles  » sont assurés par Hogarth, quasi seul aux claviers, parfois allongés, comme de  » Marbles II  » sur lequel Steve Rothery prend les devants sur la fin. La première et seule surprise de ce concert fut l’interprétation de  » The Bell in the Sea « , en forme de duo Hogarth / Trewavas, du meilleur effet, et magnifié par des éclairages hypnotiques. L’un des titres courts les plus efficaces de Marbles suit,  » Don’t Hurt Yourself « , seul « single  » vraiment imparable de ce nouvel album : puissant, et brillamment interprété, on regrette que  » You’re Gone  » ait bénéficié d’une promotion plus importante. On apprécie au passage les caméras discrètement logées sur les instruments des musiciens qui offrent des angles de vue fort sympathiques, comme sur les frètes de la basse de Pete Trewavas. Cette dernière achèvera de nous convaincre de l’aspect ballot de  » Fantastic Place « , en écrasant le titre en question. Alors que  » Neverland  » devait suivre, un problème de claviers de Mark Kelly empêche le groupe de poursuivre, et qui provoque un entracte anticipé, mais aussi la perte d’un à deux titres joués pour ce concert de Paris…

Pour leur retour, le quintet propose des titres susceptibles de mobiliser les foules et de permettre à Hogarth de jouer avec lui :  » Rich  » (pour une version très accélérée),  » Three Minute Boy  » (une chanson tirée d’un album honni des fans, Radiation, et qui fait pourtant mouche avec ses breaks au piano) et  » Between you and me  » sont taillés pour la scène et le public se prête au jeu avec plaisir. Heureusement, l’évanescent  » Go  » (qui semble également devenir un morceau récurrent en concert) et le mélodramatique  » Waiting to Happen  » nous rappelle que le groupe est connu pour sa force émotionnelle, un aspect de sa musique qui fit bien défaut ce soir là.

Marillion quitte déjà la scène, et revient avec un autre titre très direct,  » The Damage « , un peu en deçà de sa version studio, du fait de lignes vocales très exigeantes, et visiblement difficiles à interpréter pour un H qui aura beaucoup donné. Il continuera d’ailleurs à gesticuler, à jouer avec la caméra numérique tenue par un des managers du groupe, aidé par Trewavas et parfois Rothery, un peu en retrait par rapport à d’habitude.  » Neverland  » est finalement joué et c’est à Hogarth qu’il revient de faire lui-même les échos de la partie centrale et finale de cet  » epic « , une performance franchement impressionnante. Second rappel sur l’inusable  » Cover My Eyes  » et ses  » yeahhh ahhh ahhh ahh ahhh « , tout à fait dans le ton des morceaux joués. Et le groupe ne reviendra plus, soit à peine deux heures de concert (interrompues à trois reprises). De quoi laisser sur sa faim.

Un concert passé trop vite, et surtout trop souvent uniforme dans les styles abordés par M, qui laissa de côté trop de ses compositions passées à la postérité pour ne pas laisser un certain regret lorsque les lumières se rallumèrent.

Djul

Marillion continue à jouir d’une certaine renommée au Royaume-Uni : le groupe commence ainsi la deuxième partie de sa tournée Marbles par deux dates consécutives au Forum, une salle londonienne aux dimensions d’un petit Zénith. Devant un public fourni et enthousiaste, les Anglais ont une fois de plus prouvé qu’ils excellaient sur scène, malgré une set-list convenue et sans surprises.

Comme lors de sa tournée de mai, Marillion interprète un premier set entièrement constitué de titres de Marbles. Seule nouveauté : le groupe remplace désormais « The Damage » par « Drilling Holes », et joue donc l’intégralité de la version simple de l’album. L’absence des titres exclusifs de la version double a de quoi décevoir, mais le public ne boudera pas pour autant son plaisir devant un groupe en grande forme. Hogarth, notamment, se montre d’entrée de jeu impérial sur « The Invisible Man », qui est l’occasion d’une performance d’acteur autant que d’un tour de force vocal, ainsi que sur « Neverland », encore plus captivant que sur disque. Trewavas et Rothery sont égaux à eux-mêmes : le premier ne tient pas en place et le second impressionne par son feeling. Pour couronner le tout, le concert est mis en valeur par de magnifiques projections reprenant les illustrations réalisées par Carl Glover pour le livret de l’album. Une première partie bien menée donc, mais où l’on retrouve toutefois le même défaut que sur disque : trop rapprochés, les quatre interludes « Marbles » cassent le rythme et finissent par agacer.

Après une courte pause, les écrans de projections se rallument et diffusent des images du film Brave. H s’installe au piano et entame « Bridge », enchaîné comme il se doit sur « Living With The Big Lie ». Une belle surprise que le groupe ne renouvellera qu’occasionnellement sur les concerts suivants : elle sera notamment mise de côté le deuxième soir, ainsi que pour le concert parisien…
Le reste du second set est majoritairement axé sur la facette la plus pop du groupe, sélection qui n’aura certainement pas été du goût de tous les spectateurs, mais qui se sera néanmoins montrée d’une efficacité à toute épreuve. La plupart des titres interprétés regorgent de mélodies volontiers reprises par un public s’en donne à coeur joie sur « Rich » ou encore « Three Minute Boy », l’un des morceaux les plus réussis du second set.
Le second set s’appuie sur une mise en scène énergique : plusieurs petites caméras sont disséminées sur scène, et leurs images reproduites sur les écrans de projections. Sur « Rich », l’une d’entre elles est même fixée la tête de la basse de Pete Trewavas, permettant au public d’apprécier son jeu en gros plan.

En début de rappel, Hogarth se permet un trait d’humour qui ne sera pas forcément du goût des fans de la première heure : il annonce un « très vieux morceau »… pour mieux entamer « The Damage », mis de côté lors du premier set ! Il est tout à fait compréhensible que le groupe ait désormais envie de faire l’impasse sur ses titres les plus anciens, mais quel est l’intérêt d’une telle provocation gratuite ? Une mauvaise blague d’autant plus malvenue que « The Damage », brouillon et agaçant, est l’un des titres les moins réussis de Marbles. Si encore le groupe avait interprété « Ocean Cloud »… Heureusement, Marillion se rattrape en achevant son concert par un « Cover My Eyes », réclamé à corps et à cris par une partie du public, qui se fera entendre sur les choeurs du morceau.

Marillion semble donc toujours décidé à se concentrer presque uniquement sur le présent : hormis deux titres extraits de Holidays In Eden et deux de Brave, le groupe n’a interprété que des morceaux issus de ses quatre derniers albums. Mais même en se limitant à ses oeuvres les plus récentes, le quintette n’aurait eu aucun mal à proposer une sélection un peu plus originale… Malgré cette déception, les Anglais, toujours aussi à l’aise sur scène, ont délivré un concert très agréable à défaut d’être exceptionnel.

Rémy Turpault

site web : http://www.marillion.com

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