Freak Guitar – Freak Guitar

ENTRETIEN : FREAK GUITAR

 

Origine : Suède
Style : guitare instrumentale
Formé en :2000
Line-up :
Mattias IA Eklundh : tout
Dernier album : The Road Less Traveled (2004)


Mattias IA Eklundh, le leader de Freak Kitchen, était de passage dans la capitale afin de promouvoir son nouvel album solo, The Road Less Traveled. Pour l’occasion, Progressia fait équipe avec Guitar-heroes.com afin de cuisiner le joyeux drille sur son nouveau disque et sur sa passion pour les… vibromasseurs !

Guitar-Heroes : Parlons de ton nouvel album solo, Freak Guitar : The Road Less Traveled. Comment as-tu choisi ce titre ?
Mattias Eklundh :
C’est un titre approprié car Freak Guitar est pour moi un terrain d’expérimentation, où je me permets d’essayer pas mal de choses. Après avoir choisi le nom, j’ai fait une recherche sur Internet. Et bien sûr, je suis tombé sur tout un tas de sites vantant des livres new age sur la méditation, la spiritualité et plein de choses bizarres. Mais le sens strict me convient. Je n’aime pas emprunter les grandes voies habituelles, mais plutôt celle qui sont moins fréquentées, essayer de nouveaux parcours etc.

Guitar-Heroes : Les morceaux de cet album sont vraiment étranges. Comment les as-tu composés ?
Je ne les trouve pas vraiment étranges, car je suis moi-même étrange (rires) ! Je ne pense pas être bizarre parce qu’il le faut, j’aime seulement essayer plein de choses différentes, créer un rythme avec ma salive, ma langue et mes lèvres, ou jouer sur une guitare sans corde, des baguettes ou l’imprimante bon marché Epson Stylus de ma fiancée (rires). Cet album est une cour de récréation pour des gens larges d’esprit. On peut être un gamin de six ans ou alors un retraité de soixante-cinq ans, ça n’a aucune importance. Ce disque est destiné aux gens qui recherchent quelque chose de différent. Je fais seulement mes trucs à moi, et je ne les trouve pas bizarres. Désolé !

Progressia : Comme d’habitude, on retrouve nombre d’effets bizarres à la guitare. Par exemple, comment as-tu eu l’idée d’utiliser un vibromasseur sur une guitare ?
Et bien… c’est un secret. C’est pour un film X que vous me demandez ça (NdGreg : l’entretien est filmé) (rires) ? Alors voilà l’histoire : le vibromasseur est un cadeau de ma copine, il y a de ça quelques années ! J’étais très surpris évidemment. Au lieu de me raser immédiatement les fesses (rires), je suis descendu au rez-de-chaussée, essayer le vibromasseur sur la guitare et (il lève les deux mains en formant un V et prenant un air ahuri) « yeah yeah ! », voici une nouvelle façon de jouer de la guitare (rires) ! Depuis j’ai dû utiliser une centaine de vibromasseurs différents ! Je suis même devenu un très bon client des sex-shops (rires). Mais je ne veux pas faire de promotion pour l’industrie pornographique car je trouve ça naze. Je suis pour Amnesty, Green Peace, l’UNICEF et ce genre de choses mais… de quoi parlions nous au fait (rires) ?

Progressia : Tu devrais faire un vibromasseur modèle signature Mattias Eklundh…
Oui j’y pensais, mais je n’ai pas encore trouvé un fabriquant qui fasse de très bons vibromasseurs (rires). Je suis encore obligé d’aller les acheter dans les sex-shops… Mais je vais faire ça ! Si tu peux me faire un modèle signature qui soit réellement de qualité alors je le ferai produire en masse !

Guitar-Heroes : Tu utilises pas mal d’ustensiles insolites comme le vibromasseur ou un téléphone-jouet. Lequel est ton préféré ?
Aujourd’hui je n’utilise plus le vibromasseur, ni le téléphone. Je préfère passer à autre chose. Parfois des gens venaient spécialement pour me voir utiliser le vibromasseur, et je commençais à en avoir un peu marre. Ç’avait son charme, mais je trouve plus intéressant aujourd’hui d’utiliser la guitare sans corde ou alors ceci (NdG : il approche sa bouche du micro de sa guitare et se lance dans une suite d’onomatopées). J’essaye toujours de nouvelles choses, histoire de ne pas lasser.

Progressia : Tout comme sur le premier album de Freak Guitar, on y retrouve de petits morceaux amusants de moins de deux minutes. Pourquoi faire des titres aussi courts ?
Encore une fois, je ne réfléchis pas trop à ce genre de chose. J’écris ma musique, puis je m’aperçois seulement ensuite que ce que j’ai écris ne fait que trente-huit secondes, ou parfois dix minutes. Peu importe la forme, j’essaye de faire un disque vivant que tu peux écouter d’une traite du début à la fin sans devenir complètement fou. Il y a quelques titres complètement stupides comme « One String Improvisation », qui doit faire dans les seize secondes. Je l’ai fait car mon ami Anders Nyberg, qui a dessiné la pochette de l’album, m’a dit « je te donne la guitare à une corde que je viens de construire, mais seulement si tu en joues sur ton album ». J’ai accepté, et je me suis mis à improviser dessus. Ça peut paraître stupide, mais finalement ça permet de se reposer les oreilles pendant quelques secondes avant de repartir. Lorsque tu fais une musique instrumentale joyeuse et compliquée, il faut que cela soit toujours intéressant. Mais j’essaye de ne pas trop en faire, car c’est une musique très intensive. Des titres courts sont parfois utiles et suffisants.

Guitar-Heroes : Quand j’ai écouté pour la première fois ton nouvel album, plusieurs noms de guitaristes me sont venus à l’esprit, comme Buckethead pour « Print This » et Ron Jarzombeck de Watchtower pour le solo de « Chopstick Boogie ». Ecoutes-tu ces guitaristes-là ?
Non (rires). Je ne les ai jamais écoutés. J’ai peut-être entendu quelques chansons de Monsters and Robots (NdG : de Buckethead) au Freak Guitar Camp (NdG : un stage de guitare pour apprentis virtuoses mené par Mattias lui-même en Suède), et peut-être aussi le type de Watchtower… quelque chose de très technique, hein ? Mais c’était il y a très très longtemps ! Je n’écoute pas vraiment ce genre de trucs orientés guitare, mais plutôt du John Mclaughlin ou Django Reinhardt, des trucs assez classiques.

Progressia : La chanson « Happy Hour » pourrait figurer sur un album de Freak Kitchen. Pourquoi l’avoir mise sur The Road Less Traveled ?
Et bien… je trouve qu’elle va pas mal sur cet album. Encore une fois, c’est une sorte de pause, avant de devenir complètement fou. Je trouve ça bien d’avoir une véritable chanson après dix ou onze morceaux. C’est super d’avoir la liberté de faire ce que l’on veut, sans qu’un type d’une maison de disques soit derrière ton dos en te poussant à sortir un tube pour vendre le disque (rires). Parce que c’est très inhabituel d’avoir vingt-deux titres instrumentaux et une seule chanson, alors que l’inverse serait plus sensé.

Guitar-Heroes : Sur le premier Freak Guitar, il y avait trois reprises. Sur celui-ci, il n’y en a qu’une…
Non. Trois (rires) !

Progressia et Guitar-Heroes : Hein ?
Vous déconnez les mecs, vous ne faites pas votre boulot (rires) ! Non c’est vrai, il y a trois reprises !

Guitar-Heroes : Bon… et bien… pourquoi as-tu choisi ces morceaux-là ?
Le premier n’est pas très connu… ou plutôt si, mais il y a longtemps, environ une vingtaine d’années. Il s’appelle « Fletch Theme », provenant du film Fletch, avec Chevy Chase. Il a été écrit par Harold Faltermeyer, qui a ensuite composé les musiques de Top Gun et Le flic de Beverly Hills, des musiques très années 80 donc. J’adore le film Fletch, ainsi que son thème musical qui est vraiment magnifique. Et je me suis dit « pourquoi ne pas le reprendre ? ». Ce n’est pas aussi connu que « Smoke On The Water », certes, mais j’ai toujours voulu reprendre ce thème. Ensuite il y a la reprise de « Smoke On The Water », et « Minor Swing » une composition de Django Reinhardt. Je l’ai transformée en quelque chose de plus hip hop, funky avec une section de cuivres. C’est complètement méconnaissable… Mais il y avait bien trois reprises (rires) !

Progressia : Où as-tu enregistré, cette fois ? Dans ta salle de bain ? Dans ton jardin ? Dans ton grenier ?
En fait, j’ai enregistré dans la salle de la chaudière, là où se trouve le chauffe-eau et…

Progressia : Tu te moques de nous là, non ?
Non pas du tout (rires) ! Tout se passe dans ma cave, qui est mon terrain de jeu. Je suis passé du huit-pistes de ma salle de bain à un seize-pistes dans la chaufferie. Tu vois, je progresse ! (rires)

Guitar-Heroes : Lors de ton dernier clinic de guitare, tu as joué « Samba From Hell ». Aujourd’hui, il figure sur ton album sous le titre de « Samba Caramba ». Pourquoi avoir changé ? C’était pourtant un bon titre…
Oui, mais il y a tellement de choses en « …from hell »… « blablabla from hell », « Cowboys From Hell », « French People From Hell »… ! J’ai préféré le renommer en « Samba Caramba », car je trouve que ça sonne bien. Et il fallait que j’enregistre cette samba pour pouvoir m’en débarrasser, cela fait tellement d’année que je la joue….

Progressia : On en retrouvait déjà quelques éléments sur l’album Freak Kitchen ! (NdG : en référence à « Six Dildo Bob And The Bluegrass Samba From Hell »)…
Oui c’est vrai mais… c’est un autre genre de samba, d’autant que j’y ai ajouté une espèce de solo percussif avec ma salive, mes dents et ma langue à la fin. J’ai vraiment travaillé dur pour y arriver. Une manière intéressante de gagner sa vie… (rires)

Progressia : Comptes-tu faire un album chanté en français un jour ? Tu parles bien notre langue…
« Je suis un pignouf » (NdGreg : en français dans le texte) (rires) ! Mon français n’est pas bon du tout ! Mais un de ces jours je me procurerai une de ces méthodes sur cassettes audio, avec laquelles je pourrai m’exercer. Ce serait marrant d’avoir une conversation où je parlerais avec mon bouquin devant moi (rires). En fait j’adorerais pouvoir lire un bouquin entier en français. Y’a t-il un bouquin connu de tous les français écrit par Edith Piaf ou quelque chose comme ça ?

Progressia : Je peux m’arranger pour trouver ça…
Tu sais, quelque chose que tout le monde reconnaît dès les premiers mots, comme…

Guitar-Heroes : Cyrano De Bergerac
Cyrano ? Ah ! Je vais m’en procurer un exemplaire pour la prochaine tournée et je lirai un extrait chaque soir pendant les concerts (rires) ! Enfin, on verra (rires) !

Progressia : Tu ne devais pas sortir un DVD pour l’album de Freak Guitar ?
Si ! Mais je n’ai pas le temps. Si tout va bien, deux DVD sortiront l’année prochaine, à commencer par celui de Freak Kitchen, où l’on pourra voir des séquences de l’enregistrement du prochain album. Nous commençons à répéter les nouveaux morceaux la semaine prochaine. Et ce nouvel album devrait sortir en octobre. Les bases des nouveaux morceaux sont dans ma tête, mais Björn et Christer n’en savent rien, on verra bien comment ça va se passer (rires). Je prépare également une vidéo pédagogique en DVD pour l’année prochaine, donc je n’ai pas le temps de m’occuper du DVD de Freak Guitar. Je vais laisser The Road Less Traveled vivre un peu et prendre le temps de compiler les choses que j’ai amassées pendant ces dernières années…

Progressia : De quel titre es-tu le plus fier ?
Hum… seulement de The Road Less Traveled ? Ou de toute ma carrière ?

Progressia : Toute ta carrière, même avec Fate (NdG : un des premiers groupes de Mattias) (rires) !
C’est vraiment une question difficile, je n’en ai pas la moindre idée. Mes préférences changent chaque jour, et il y a certains titres dont je ne suis pas très fier. Non, vraiment, je n’en sais rien… Chaque chanson a son propre charme. Ça peut être un bon mixage, une belle mélodie vocale comme il y a sur « Happy Hour » (NdGreg : il se met à jouer les arpèges de la chanson)… c’est difficile à dire. Redemande-moi ça d’ici deux heures, j’aurai peut-être un élément de réponse.

Guitar-Heroes : Que penses-tu de l’amplification numérique, qui commence à remplacer l’amplification à lampes ?
Je suis du genre vintage. J’aime le matériel qui a de la gouache, qui a les crocs quand on balance la purée ! Le numérique, ça passe pour travailler ou à la rigueur faire des enregistrements. Mais pour la scène, c’est autre chose. Je trouve que ces nouveaux amplis sonnent factice, selon moi. Mais je suis surpris que tant de personnes les utilisent. Un ami m’a prêté un Pod il y a quelques temps (NdG : préampli numérique de chez Line6). Je l’ai essayé pendant plusieurs heures et c’est un très bon truc… mais il lui manque quelque chose…

Guitar-Heroes : C’est la fin de cet entretien, à toi le dernier mot…
Je ne sais pas… (il réfléchit) Taboulé (rires) !

Propos recueillis par François-Xavier Fillon, Dan Tordjman et Greg Filibert

site web : http://www.freakguitar.com

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