The Claudia Quintet - I Claudia

Sorti le: 23/02/2004

Par Djul

Label: Cuneiform Records / Orkhestra

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Cuneiform, label connu pour être une écurie de jeunes loups des musiques avant-gardistes et pour ses rééditions de certaines légendes du genre (Soft Machine, Robert Wyatt, Kansas…), est aussi le refuge de certains groupes de jazz le plus souvent new-yorkais, un peu en marge du genre. Ainsi, des artistes comme Curlew ou Paul Dunmall sortent légèrement du standard « Blue Note » et s’amusent à jouer aux vilains petits canards. The Claudia Quintet, groupe issu de la scène de la Knitting Factory, un lieu de rencontres et de concerts culte à New York, aime ainsi à ajouter à son jazz policé une dose de post-rock pour un mélange bien convaincant.

Fondé en 1997 par le batteur John Hollenbeck, dans une optique résolument live, ce n’est qu’aujourd’hui que sort son second album, I Claudia, après un premier disque éponyme en 2002, encensé par Jazzman et Jazztimes. Le style du Claudia Quintet est bicéphale, naviguant entre jazz léger, enrichi par les nombreuses interventions de Matt Moran au vibraphone (« Just Like Him ») et – souvent au sein du même morceau et à l’occasion d’un break central – musiques expérimentales et atonales (cf. « Opening »).
Cette tendance naturelle à la digression implique des titres longs et tortueux, même s’ils restent marqués par une certaine sérénité et des atmosphères relaxantes, et toujours sophistiquées (« Arabic »). On pense à la démarche d’artistes comme Tortoise pour le goût des rythmiques répétitives et des boucles, mais aussi à des compositeurs contemporains comme Phillip Glass et Steve Reich, pour cette recherche permanente d’ambiances plus que de chansons au sens strict du terme et de contrepoints.

On peut néanmoins noter que la formule semble s’épuiser un peu vite, conséquence logique du parti pris de The Claudia Quintet d’offrir une musique certes inédite, mais basée sur la répétition et une certaine abstraction. Heureusement, le travail remarquable de Chris Speed (ténor sax, clarinette) offre à l’auditeur son lot de mélodies nostalgiques comme autant de balises nécessaires pour soutenir l’attention.

“Post-jazz” selon les mots mêmes du groupe, la formule des New-Yorkais est sans conteste originale et très bien exploitée. Reste à y adhérer et à avoir une certaine tolérance pour les musiques nouvelles et abstraites : on est alors certain de faire une heureuse découverte.