Spock's Beard

01/11/2003

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Par Djul

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Spock’s Beard

Set-list : A Guy Named Sid – Thoughts Pt 1 – The Bottom Line – Snow Meddley (entrecoupé d’un duo de batteries). Rappels : The Doorway, duo de guitares acoustiques – Go the way you go

Succédant sur la scène de l’Elysée-Montmartre aux deux premières formations de cette tournée anniversaire du label Inside Out, Spock’s Beard était de loin le plus attendu, non sans une certaine appréhension et curiosité de la part d’un public venu plutôt nombreux (une salle en petite configuration presque pleine). L’interrogation était en effet claire : qu’allait donner le groupe, tant sur disque que sur scène, sans son principal compositeur et extraordinaire frontman, le multi-instrumentiste Neal Morse ? Feel Euphoria avait apporté une réponse mitigée pour la partie studio, avec un album incontestablement bon, mais manquant cruellement de folie. Pour la partie « live », les interrogations sur l’avenir de Spock’s Beard sont levées, et sans la moindre ambiguïté cette fois. Autant le dire d’emblée : le nouveau Spock’s Beard a plus que convaincu, il a séduit.

La set-list est très axée sur les deux derniers disques du groupe, ce qui constitue sans doute un léger bémol à cette soirée pour les plus anciens aficionados, qui ne semblaient d’ailleurs pas en majorité ce soir-là. Le répertoire choisi est donc moins complexe et moins alambiqué en terme de mise en place que celui des concerts de l’ancienne formation, mais ce choix s’avère plutôt judicieux : l’ensemble du concert est placé sous le signe de l’énergie et de la bonne humeur, privilégiant les titres les plus efficaces et immédiats. Nick DiVirgilio en profite d’ailleurs pour s’imposer au chant, faisant oublier sans le moindre mal son prédécesseur, là encore, dans un style plus sobre et plus direct que celui de Neal Morse. Certaines nuances peuvent donc parfois manquer, mais le choix des titres ne laisse que peu le loisir de s’interroger à ce sujet, et il faut reconnaître que, même sur les anciens morceaux, l’homme est nettement convainquant.
La question du chant réglée, au grand soulagement du public, restait à savoir ce que donnerait le « remplaçant » à la batterie. A première vue, Jimmy Keegan ne paye pas de mine : un petit blond dégarni disparaissant presque entièrement derrière sa batterie… Mais il suffit de l’entendre cogner sur quelques mesures pour se dire que le Beard a trouvé son homme (notons toutefois qu’il ne fait jusqu’à nouvel ordre pas officiellement partie du groupe) : une technique imparable, une frappe précise et… un zeste de folie bienvenue. Lorsqu’il ne joue pas et que la batterie est occupée par Nick DiVirgilio, il entame une danse épileptique devant les claviers de Ryo Okumoto, sans la moindre once de retenue. Le public parisien ne s’y trompe d’ailleurs pas et lui réserve une véritable ovation de bienvenue, avant même qu’il ait eu l’occasion de prouver son talent lors d’un double solo de batterie aux allures de long défi amical, lancé par Nick.
Alan Morse, Dave Meros et Ryo Okumoto, dont on saluera au passage le magnifique accoutrement, fluorescent pour le guitariste et le bassiste, mi-brillant mi-transparent pour le claviériste, sont égaux à eux-mêmes, d’un professionnalisme à toute épreuve, mais sans oublier pour autant leur extravagant jeu de scène. Alan Morse, cabotin en diable, pose tant qu’il le peut, toujours hilare d’ailleurs, tandis que Ryo Okumoto, plus calme peut-être qu’à l’accoutumée et ne sortant pas son clavier portable pour son traditionnel bain de foule, ne manque cependant pas de massacrer consciencieusement son matériel.
Ce premier concert du « nouveau » Spock’s Beard rassure donc pleinement et c’est un public aux anges qui quitte la salle, ne faisant état que d’un regret : en raison des restrictions horaires imposées par l’Elysée Montmartre (qui rentabilise décidément ses locaux aux maximum en faisant succéder aux concerts du samedi soir une soirée dansante, laquelle nous fait vider les lieux à 22 heures), Spock’s Beard ne joue qu’une heure trente. Ce créneau, déjà réduit, paraît d’autant plus court que, dans un de ses moments de paroxysme, Ryo Okumoto a littéralement arraché l’un de ses pieds de claviers, causant une interruption qu’Alan et Nick meublent comme ils le peuvent avec un double solo de guitares, tandis que les techniciens mettent en œuvre une réparation de fortune à base de flight-cases, le tout amputant encore le rappel d’une dizaine de minutes pourtant précieuses. Il faudra donc attendre le début de l’année prochaine, où il est question que Spock’s Beard repasse par la France, pour profiter pleinement du groupe, mais l’essentiel est là : la Barbe est belle et bien vivante, et elle se porte même mieux que jamais, du moins sur scène !

Fanny Layani

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