Krakatoa – Krakatoa

INTERVIEW : KRAKATOA

 

Origine : Etats-Unis
Style : Progressif alternatif
Formé en : 1997
Line-up :
Val Opielski – piano/synthétiseurs
Glendon Jones – Violon
Ely Levin- Batterie
Ted Casterline – basse
Dernier album : We are the Rowboats (2003)

A l’écoute d’un album aussi frais que We are the Rowboats, une rencontre avec Krakatoa, quartet de Brooklyn, s’imposait. Véritables caméléons musicaux, entre progressif, punk, musique classique, musiques nouvelles et zeuhl, ces Américains étonnent surtout par leur sens aigu de la mélodie imparable, une qualité peu commune dans le petit monde du progressif. Un qualificatif qui, utilisé à leur égard, n’est d’ailleurs pas pour les surprendre. Pourtant, parole de Progressia, ils répondent bien à notre définition éclectique du mouvement !

Progressia : Pouvez-vous nous donner rapidement l’historique du groupe ?
Val Opielski :
Ted, Glenton et moi-même nous sommes rencontrés au sein d’un premier groupe, Lost Art of Puppet Orchestra. Le groupe composait et jouait sur scène les musiques accompagnant des spectacles de marionnettes et jouait aussi en tant que groupe indépendant. Krakatoa s’est formé en 1997, puis nous sommes allés de Philadelphie à Brooklyn, ce qui a conduit à un changement de batteur en la personne de Ely Levin. Le groupe continue de faire des musiques de spectacles (Dramaton Theater), tel que ce court métrage d’animation de Lori Samsal, Fan : A love Story.

Vous semblez avoir des éducations musicales très variées…
Val Oielski :
Oui, nous venons d’univers très différents, même si nous avons un passé en commun, comme Ted et moi venant du monde punk, et Glendon arrivant de la musique classique, origine que je possède aussi. Ces différences nous apportent énormément, surtout quand nous ne les comprenons pas. Et c’est du fait que nous avons chacun une grande tolérance dans nos goûts que nous pouvons inclure tous ces éléments. C’est un processus très mystérieux et passionnant.

Quels sont vos influences ?
Val Opielski :
Mes influences vont de la Motown, étant enfant, au début du punk avec the Sex Pistols et the Slits juqu’à Crass, Minor Threat et Husker Du; et des groupes comme Public Image Ltd, Souxie, Lydia Lunch; Run DMC; et beaucoup de world music – indienne, chinoise, indonésienne, africaine etc . Pour ce qui est du classique, on peut citer Bartok, Mahler, Honegger, Terry Riley, Andrea Clearfileld. Pour le plus récent Iva Bittova, Stereolab, Pavement, Bumari Nobuazu Takemura, Takeo Toyama, Kristin Hersh, etc etc.
Ted Casterline : Pour ma part, ce sont Brian Eno et Pram récemment. Mes bassistes favoris sont Carol Kaye sur « Pet Sounds » et Tina Waymouth des Talking Heads. J’aime aussi la Mano Negra !

Vous avez signé sur Cuneiform, un label typiquement progressif. Pourquoi les avoir choisis ?
Val Opielski :
Ils étaient intéressés par notre manière de préparer le disque, et ont été adorables avec nous. Par ailleurs, leur société de distribution, Wayside Music, a distribué nos deux premiers disques.

Vous n’aviez pas peur d’être étiquetés ? Le label progressif, vous le revendiquez ou cela vous embarrasse-t-il ?
Val Opielski :
Oui et non. Je ne dirais pas « embarrassé », mais c’est juste que nous ne sentons pas « progressif », et avons été très surpris que certains nous catégorisent ainsi. J’en comprends un peu la raison, maintenant que cela a été relevé, mais je continue à penser que nous ne rentrons pas dans cette catégorie.
Ted Casterline : Avec Krakatoa, nous faisons ce que nous voulons, ce qui nous amuse, donc nous sommes progressifs non parce que nous appartenons au genre, mais parce que nous lui empruntons son processus de création très libre. Ne pas suivre un style particulier, c’est au détriment de la constitution d’un public. En ce sens, oui, nous sommes progressifs !

Le fait d’être un groupe instrumental vous oblige-t-il à être plus expressif qu’un groupe traditionnel ?
Val Opielski :
Le fait d’être instrumental nous permet de nous concentrer exclusivement sur la musique, ce qui nous libère énormément. Je ne crois pas que nous « devons » être plus expressifs, mais je crois que cela devient naturel en l’absence de structures permettant d’intégrer un chanteur. En fait, je crois que si nous en avions eu un, personne n’aurait parlé de « prog » à notre égard.
Ted Casterline : Je crois que nos arrangements suffisent à faire de nous un groupe intéressant, contrairement à d’autres groupes instrumentaux qui ne sont que des groupes de rock sans chanteur, ce qui est assez ennuyeux.

Cela pourrait-il expliquer le fait que vos chansons soient si focalisées sur la mélodie et qu’elles soient si facilement mémorisables ?
Val Opielski :
Je crois que tu as raison, même si je n’ai jamais considéré cela sous cet angle. Mais il est vrai que nous devons, en tant qu’instrumentistes, accorder plus d’attention aux mélodies en l’absence d’un chanteur.
Ted Casterline : C’est plaisant d’entendre ça. Personnellement, je voulais vraiment faire de cet album quelque chose de plus accessible, de plus
« fun » !

Il y a une autre constante sur l’album, c’est votre sens de l’humour, notamment dans le traitement souvent iconoclaste des genres que vous abordez…
Val Opielski :
Voilà donc quelque chose qui nous fait sortir de la catégorie « progressif » (NdRC : vraiment ?) ! Il est vrai que nous nous éclatons à jouer et je suis ravie que cela se sente ! Et oui, nous adorons mixer tous les genres dans tous les sens !
Ted Casterline : C’est un mode de vie pour moi ! L’humour est un don mais aussi une arme, et j’espère que cela se sent dans notre musique.

Sur scène, comment gérez-vous vos arrangements complexes
Val Opielski :
Nous jouons tout. Parfois, nous avons des invités pour des chansons supplémentaires. En tout cas, nous n’usons jamais de partitions, ni pour composer ni pour les lire sur scène. Je crois que pour bien servir une chanson dans ce contexte, il faut l’avoir mémorisée, l’internaliser. La lire instaure une distance avec l’auditoire. En fait, je travaille en ce moment à un mouvement grâce auquel je cours à travers la scène tout en jouant, je saute en l’air pour retomber en grand écart ! Par original, mais classe ! Pourtant je n’arrive pas encore à sortir le grand écart ! (NdR : Val est… au piano !).

Vous avez déjà joué en Europe et aux Etats-Unis, quels sont vos projets pour l’avenir ?
Val Opielski :
Nous tournons régulièrement aux Etats-Unis, deux fois par an, pendant une dizaine de jours plus les week-ends. Nous aimerions tourner plus, mais pour l’instant, nous organisons tout nous-mêmes, c’est pourquoi nous allons prendre un agent.

Enfin, comment convaincriez-vous notre lectorat de jeter une oreille sur votre dernier album ?
Ted Casterline :
Je leur donnerai un dollar !

Propos recueillis par Djul

site web : http://www.cuneiformrecords.com