Mogwai - Happy Songs for Happy People

Sorti le: 07/07/2003

Par Djul

Label: PIAS

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Dans la lignée de Radiohead, intéressons-nous au cas Mogwai. Car avant que Kid A ne sorte et ne défraye la chronique avec ses expérimentations, d’autres groupes du rock indépendant avaient amorcé une telle mutation, en naviguant dans des contrées électroniques et électriques tendant vers l’abstrait. Et Mogwai en fait partie.

Depuis son premier album il y a déjà 5 ans, Young Team, Mogwai s’est affranchi de la culture pop pour s’aventurer sur des terrains plus méconnus, avec pour une résultat une musique toute en tension, très instrumentale et éminemment expérimentale. Cette tendance n’a fait que se renforcer par la suite sur Come On and Die Young et le superbe Rock Action, leur dernier album à ce jour, et une petite merveille qui nous faisait penser à un Sigur Ros ayant enfin trouvé la pédale de distorsion. C’est justement vers ce dernier groupe, ô combien influent depuis deux ans, que Mogwai semble se diriger, pour un résultat surprenant.

On y découvrira une musique plus sereine, et quasi-instrumentale, puisque Stuart Braitwathe, également guitariste, se tait désormais, laissant ses compères lâcher quelques paroles vocodées. Il préfère se concentrer sur ses délicats arpèges qui ont notamment fait la réputation du groupe. Contrairement à Sigur Ros, les montées en puissance ne s’opèrent pas simplement par un gémissement plus élevé ou un mix des instruments plus relevé, mais par une réelle tension qui se relâche soudainement, et si le résultat est moins apocalyptique qu’auparavant, cela reste impressionnant comme sur le très long « Ratts of the Capital » ou le final « Stop Coming to My House ». Le reste alterne entre des moments ambient qui ne lassent pas (« Golden Porsche », le plus mitigé « Moses ? I Amn’t”) et des titres hypnotiques sur lesquels les claviers font une apparition remarquée (« Hunted by a Feak » et l’entêtant « Killing all the Flies »).

On sent donc que Mogwai mute à nouveau, pour livrer un disque de transition. Sans renier ses amours rock, il tend vers le post rock sans en prendre les éléments les plus abstraits – voire abscons, en diront les détracteurs. Au vu d’un groupe si insaisissable, il est difficile de savoir ce qu’il deviendra, mais apprécions déjà cet effort, intéressant à défaut d’être pleinement abouti.