LIVE REPORT : HEADWAY FESTIVAL

 

Artistes : Carthago, Loch Vostok, Zero Hour, Freak Kitchen, Day Six, Morgana X, Sahara Dust, Bumblefoot, Su Caged, Prototype, Pain of Salvation
Lieu :
Amstelveen, P60
Dates : 4 & 5 avril
Photos : Dan Tordjman

Lorsque nous avons eu connaissance de l’existence du Headway Festival, nous avons d’abord cru a une mauvaise blague. Comment parvenir à regrouper affiche si alléchante pour une première édition, incluant des groupes comme Zero Hour, Bumblefoot, Sun Caged, Freak Kitchen ou Pain Of Salvation ? Nous avons donc craqué et sommes allés à Amstelveen, près d’Amsterdam, pour vous proposer, entre deux tranches de gouda, un compte-rendu de ce festival au bilan positif.

Premier jour :
Après un long périple, procédons à quelques salutations à l’arrivée : les jumeaux Tipton – Zero Hour – et Dennis Leeflang – Sun Caged – reconverti pour l’occasion en organisateur du festival.
Carthago, groupe hollandais, est chargé d’ouvrir ces deux jours de musique progressive. À l’image d’Arabesque, ce jeune groupe propose deux chanteuses, l’une évoluant dans un registre lyrique, l’autre dans un répertoire plus agressif. Les deux jeunes femmes se complètent à merveille, aidées par une section rythmique impeccable et un bon guitariste, un peu poseur au demeurant. Cette formation est à suivre, d’autant que Carthago a placé la barre haut pour un groupe chargé de débuter un festival. Le public fait preuve d’une certaine curiosité lorsque Loch Vostok ensuite, prend d’assaut la scène. Le groupe suédois, mené par l’ancien batteur de Mayadome, Teddy Moller – reconverti en guitariste chanteur – crée la première vraie surprise de ce festival ! Avec des titres mêlant allégrement des influences telles que Devin Townsend, Faith No More et Dream Theater, Moller et compagnie laissent une partie du public sans voix.

Après une telle prestation, qu’allait donc bien pouvoir faire Zero Hour ? Les Californiens, arrivés de San Francisco la veille, sont encore un peu déboussolés par le décalage horaire. Mais cela n’entame en rien le moral des jumeaux Tipton et de leur gang, qui font comprendre au public du P60 qu’ils ne sont pas venus cueillir des tulipes ! La section rythmique Mike Guy / Troy Titpon est d’une efficacité remarquable tandis que Jasun Tipton déroule ses riffs alambiqués et ses solos ravageurs. On reprochera néanmoins au chanteur Erik Rosvold d’en faire beaucoup sans pour autant vraiment communiquer avec le public. Les réactions sont positives, comme en témoignent celles de Marcel Coenen et Dennis Leeflang (Sun Caged), venus dans le public pour assister au concert. Après une très bonne prestation, Zero Hour s’autorise même un rappel, occasion parfaite pour interpréter un nouveau titre: le prochain album studio des Américains devrait sortir cette année.

Il est déjà temps d’accueillir la tête d’affiche de cette première journée, les barjots de Freak Kitchen, pour un concert en décalage total avec les précédents groupes. Mattias Eklundh est fidèle à lui-même, enchaînant les solos tout en glissant deux-trois plaisanteries comme à son habitude. Ses acolytes ne sont pas en reste : Christer Ortefors est littéralement déchaîné, parcourant la scène en tous sens, tandis que Björn Fryklund joue au forgeron derrière sa batterie. Freak Kitchen enchaîne les classiques : “Blind“, “Taste My Fist“, “Silence“, sans oublier de faire une place à Move, son dernier disque, duquel sont extraits “Nobody’s Laughing“, une puissante version de “Snap“ ainsi que “Hateful Little People“. Une autre brochette de classiques est proposée avant le moment fort de la soirée : tel Rambo avec son gilet rempli de balles ou de grenades, Eklundh se présente avec un gilet rempli de… vibromasseurs ! Avec sa guitare accrochée à un gibet de potence, ‘IA’ fait se tordre le public du P60 et invite ce dernier à un cours de chant made in vibromasseur ! Sur le coté de la scène, on aperçoit Teddy Moller hilare, la caméra à la main. Le trio termine son concert sur “Razor Flowers“, chanté par Ortefors, et sur un “Propaganda Pie“ bien heavy ! Après une telle crise de rire, nous nous devions d’aller reprendre des forces car la journée du lendemain s’annonce d’ores et déjà comme riche en surprises !

Deuxième jour :
Les Bataves de Day Six ouvrent cette deuxième journée, et leur progressif symphonique fonctionne. Ce quatuor est composé d’excellents musiciens qui ne tombent pas dans le piège de la démonstration à outrance. Nous ne nous attarderons en revanche pas sur la performance d’Atmosfear, qui n’a pas laissé de souvenirs impérissables. Pour cause d’interview avec Loch Vostok, nous manquons le concert de Morgana-X. Heureusement, de fidèles oreilles nous ont rapporté que la prestation du groupe avait satisfait et que leur metal progressif à tendance gothique avait su trouver preneur. Encore un groupe à conserver sous la loupe.

Vient ensuite Sahara Dust – nouveau groupe de Mark Jansen, Ex-After Forever, clone de Nightwish, avec des parties de chant death. La chanteuse, jolie jeune fille, possède un bel organe, mais l’ennui gagne… Suivent une série de clinics et là encore, les organisateurs du Headway n’ont pas fait les choses à moitié, puisque les professeurs du jour ont pour nom Mattias Eklundh et Rob Van Der Loo (Sun Caged). Carton plein pour ces deux musiciens, plus particulièrement pour Eklundh dont le talent a manifestement soufflé Ron Thal et Marcel Coenen (Sun Caged) ! Là encore l’humour et la franche rigolade étaient de mise, Dennis Leeflang demandant même au guitariste fou de nous parler de ses chiens ! Après cette petite récréation, c’est au tour de Bumblefoot, très attendu par une grande part du public, d’investir la scène. Accompagné pour l’occasion par les musiciens de Plug’In et Dennis Leeflang à la batterie, Ron Thal a donné un excellent concert. S’autorisant un speech dont seul Mattias Eklundh semblait jusque là avoir le secret, ce dernier se permettra même d’annoncer trois fois pendant le même concert qu’il quitte le groupe, toujours pour des raisons différentes, ce qui ne manque pas de déclencher l’hilarité d’un public enthousiaste, Marcel Coenen, Rob Van Der Loo et André Vuurboom en tête. Et la musique dans tout ca ? Là aussi, Bumblefoot ne fait pas de quartier et enchaîne les titres : “Hands“, “Guitars Suck“, “Broklyn Steakhouse“, “What I Knew“ etc… Grands privilégiés que nous sommes, nous avons également droit à une rencontre très attendue, entre Eklundh et Thal, sur “Don Pardo Pimpwagon“. Grand moment !

Après cette séquence comique, l’heure du dîner arrive et pendant que certains se restaurent, d’autres font signer affiches et disques par Pain Of Salvation, fraîchement arrivé de Suède et qui se prête au jeu des dédicaces pendant près d’une heure. Les concerts reprennent avec Sun Caged, très attendu également, qui ouvre le concert par un “Sedation“ de haute volée. Force est de constater que les bougres ne se sont pas calmés depuis le Prog Power d’octobre dernier. La section rythmique Leeflang / van der Loo est un vrai char d’assaut. Marcel Coenen et Joost van den Broek (aussi dans Star One) sont déchaînés et balancent un déluge de notes qui laisse pantois le P60 ! Seul bémol, André Vuurboom connaît quelques moments difficiles, sans entacher la prestation du groupe cependant. Le rappel est une simple formalité et Sun Caged profite de cette occasion pour faire un clin d’œil à Queensryche, puisque Coenen et ses acolytes reprennent “Eyes Of A Stranger“. Dès lors, c’est la folie dans le public, où l’on aperçoit Teddy Moller et Erik Rosvold, dont on se demande comment il tient encore debout, avec la quantité d’alcool qu’il a absorbée ! Plus loin, Troy et Jasun Tipton balancent la tête comme des acharnés. Pas de doute Sun Caged a encore fait un très bon concert, qui augure du meilleur pour l’album, prévu pour juin.
Les Américains de Prototype leur succèdent. Le quatuor (mené par un Français) évolue dans un power thrash très heavy, mais si la puissance et le son sont là, ce n’est pas toujours le cas de la fraîcheur et du renouvellement. Prototype, assurément le groupe le plus puissant de l’affiche, chauffe tout de même violemment la salle du P60 avant l’arrivée de Pain Of Salvation.

Il y a fort à parier que la présence de PoS en tête d’affiche est un moteur de vente de billets indéniable, puisque le P60 est quasi plein. Arborant des maillots de foot sur lesquels on pouvait lire “No War“, le groupe entame son set de manière surprenante, avec l’enchaînement “Spirit Of The Land“ / “Inside“, jusqu’ici joué en rappel. Comme d’habitude, les Suédois sont partout : Daniel et Kristoffer Gildenlöw ne tiennent pas en place, tandis que Johan Hallgren longe la scène dans tous les sens. Classique somme toute ? Pas vraiment, puisque Pain Of Salvation a ressorti du grenier de vieux morceaux comme “A Handful Of Nothing“ (impressionnant) ou “Home“ qui ne font pas tâche aux cotés de “Fandango“, amené quant à lui à devenir un classique en concert. En rappel, Daniel Gildenlöw surprend tout le public en interprétant “Second Love“, qu’il précise avoir composé alors qu’il avait quinze ans, avant de mieux enchaîner sur un “ ! (Foreword)“ d’anthologie. Généreux, POS clôt le concert sur “Nightmist“, qui ne faisait pas partie de la set-list et fut interprété à la demande d’un fan dans le public.

Ce fut donc une bien belle manière de clôturer cette première édition du Headway Festival, sur un franc succès. Sachez pour la petite histoire que des gens venus de France, d’Allemagne, d’Islande et même d’Israël ont fait le déplacement ; c’est dire à quel point le bilan est satisfaisant. Chapeau bas aux organisateurs de cette manifestation, pour leur excellent travail. Rendez-vous est d’ores et déjà pris pour l’édition 2004 !

Dan Tordjman

site web : http://www.headwayfestival.com