Falkirk – Falkirk

INTERVIEW : FALKIRK

 

Origine : France
Style : Heavy metal
Formé en : 1998
Line-up :
Stéphane Fradet – chant
Arnaud Bodin – guitare
Alexandre Bonvalot – guitare
Didier Wilhelm – basse
Laurent Robalo – batterie et claviers
Dernier album : Magnus Imperium (2003)

Il est rare que l’on parle de groupe de heavy à Progressia. Et pourtant nous nous intéressons aujourd’hui à Falkirk, un quintette essonnien qui a sorti son second album en début d’année. Stéphane et Didier nous parlent de l’élaboration de Magnus Imperium, chroniqué dans nos colonnes (lire la chronique).

Pouvez-vous présenter Falkirk à ceux qui nous lisent ?
Stéphane Fradet :
Etant donné que ça fait quatre ans que je réponds à cette question, je vais laisser Didier le petit nouveau s’y coller.
Didier Wilhelm : Le line-up de Falkirk est très original. Il se compose de deux gratteux, Arnaud et Alex, d’un batteur équipé de jambes totalement autonomes (Laurent), d’un bassiste (Didier) et d’un chanteur alimenté par une pelletée de graviers d’Australie avant chaque concert. Mais il y a aussi un musicien qui s’occupe des accompagnements. Il obéit au doigt et à l’œil, ne donne jamais son avis, ne se trompe jamais dans ses parties, sauf quand on lui dit des conneries. Bref, le zicos parfait. Il a juste un nom ridicule : Séquenceur. Par contre, il manque cruellement d’inspiration. Alors Laurent lui souffle les idées (rires) .

Quelles sont les retombées de votre premier album The Day Will Come ? Quel bilan en tirez-vous ?
Steph :
Très bonnes pour un premier album d’un groupe français inconnu jusque là. On a fait aussi bien que pas mal de disques qui sont sortis en même temps que nous avec un budget promo dix fois supérieur au nôtre donc, on ne se plaint pas. Du coup pour le deuxième album, tout s’en trouve facilité… enfin… un peu.

Présentez-nous votre nouveau bassiste Didier Wilhelm. Comment est-il arrivé dans le groupe ?
Steph :
Après le départ de Pascal en février 2001, nous avions trouvé un nouveau bassiste, Igor, qui pour des raisons professionnelles a été muté en Russie ! Ce qui compliquait quelque peu les répétitions… On n’a donc pas recherché de nouveau bassiste en plein travail d’écriture et d’enregistrement. L’album fini, il a fallu trouver quelqu’un, et on s’est tourné naturellement vers Didier qui connaissait déjà le répertoire du groupe, puisque c’est un pote de longue date et qu’il nous avait déjà dépannés en concert. Par ailleurs, il est guitariste dans un autre groupe. Ce n’est donc pas un débutant.

Pour Magnus Imperium, vous avez opté pour le label Brennus. Pourquoi avoir quitté Black Cat, alors que la promotion de votre précédent album était plutôt conséquente pour une petite boîte.
Steph :
La réponse est dans la question. La boîte était trop petite et elle a eu des soucis financiers, ce qui a obligé Falkirk à trouver un autre label.

A l’écoute de ce nouvel album, on sent que vous avez bénéficié de plus de temps pour l’enregistrement. Parlez-nous de la phase studio.
Steph :
L’enregistrement ne s’est pas fait entièrement en studio pour des raisons financières. Les parties de guitares (rythmiques, solos, basses) ont été enregistrées sur un seize-pistes, de même que les arrangements claviers, les chœurs et les lignes de chant. Pour la batterie et le mixage/mastering, le studio est obligatoire. L’utilisation d’un multipiste nous permet d’enregistrer les parties bien à l’avance. De cette façon, on voit plus précisément que dans une salle de répétition l’allure des morceaux. Comme ça, on peut apporter les modifications bien avant l’enregistrement définitif. Ça évite les mauvaises surprises et on passe moins de temps en studio.

Vos textes sont principalement orientés heroic fantasy et autres thèmes à caractère médiéval. Expliquez-nous un peu les chansons de ce nouvel album ?
Steph :
Cet album est un concept album. C’est en gros le regard amer sur sa vie d’un conquérant tyrannique qui a tout conquis, sauf le coeur de sa promise. Evidemment, le tout est ponctué de batailles épiques etc. Mais on s’est attaché au côté psychologique plus qu’aux faits en eux-mêmes, ce qui donne aux textes une particularité. De plus, nos textes sont souvent métaphoriques et peuvent être interprétés de plusieurs façons ; certains sont mêmes autobiographiques. Globalement nous ne traitons pas d’heroic fantasy, à part deux chansons sur le premier, mais plutôt d’un univers passéiste.

Ne pensez-vous pas que ce genre de paroles puisse paraître quelque peu dépassé, voir cliché aujourd’hui ?
Did :
De toute façon il y aura toujours plus ridicule que nous… Je pense qu’il en faut pour tous les goûts. La musique est faite aussi pour faire rêver. On s’invente une histoire et hop… Si on devait tous suivre la même voie, quel est l’intérêt ? La mode veut que l’on parle d’un thème. Alors on va tous faire pareil. L’originalité du métal va en prendre un sacré coup. Suivre la mode, c’est trop chiant. L’heroic fantasy est un univers très vaste. On pourrait faire des milliers de textes sur ce sujet. Et puis les ambiances de cet univers sont si variées qu’on peut vraiment faire travailler son imagination. Pour ce qui est des textes clichés, c’est aux compositeurs de ne pas partir en cou…. et de ne pas tomber dans du Hammerfall ou du Rhapsody.
Steph : Je pense que le thème n’est pas si important que ça en définitive. Ce qui m’importe surtout est la manière dont le texte est écrit, véhiculer de beaux sentiments avec style. On a une vie ma foi bien ordinaire, alors pourquoi ne pas s’évader par la musique. Cela dit, on explore de nouveaux territoires pour les prochains morceaux…

Comment composez-vous ? Est-ce un travail plutôt collectif ou plutôt individuel ?
Steph :
C’est vraiment très varié. On a les compos minutes sans rendez-vous, où l’inspiration est là et le morceau est pratiquement terminé en une répète. Généralement il y a les morceaux qu’un de nous a travaillés chez lui, qu’il ramène en répétition, et qu’on bosse ensemble. On peaufine les 50% restants : solos, arrangements, ligne de chant, etc… Ce qui nous permet d’être assez efficaces.

Stéphane, ta voix m’a paru plus rauque que sur The Day Will Come. Est-ce un choix de vouloir plus d’agressivité dans ton chant ou alors cela est-il venu naturellement, de façon non prémédité ?
Steph :
Un peu des deux en fait. Certaines chansons sont agressives, il fallait que le chant colle. Et puis en deux ans ma voix a changé, s’est affirmée. Et comme dit Didier, ils me nourrissent au gravier avant les concerts, alors ça laisse des séquelles à force (rires) !

Les titres de Magnus Imperium sont visiblement taillés pour la scène, mais comportent pas mal d’arrangements synthé. Comment allez-vous les reproduire sur scène ?
Steph :
C’est là qu’intervient le séquenceur, comme on le fait depuis le début. C’est un peu chaud à mettre en place mais c’est très pratique. En plus ça oblige le père Laurent à jouer au métronome sur scène, et donc à être carré comme un germano-allemand.

Pourquoi ne pas prendre une personne entièrement dévolue aux claviers ? Cela soulagerait Laurent de cette tâche…
Steph :
On y a déjà pensé, mais on ne veut pas mettre du clavier pour en mettre. Quand un membre du groupe ne fait que ça, on ne peut pas le laisser de côté sur plusieurs morceaux… du coup on serait obligés d’en mettre là où ce n’est pas forcément judicieux, sur des passages très heavy par exemple. Cela dit, on a déjà joué avec un claviériste sur scène et ça s’est très bien passé, mais à plein temps, on n’est pas trop partant. Et puis, ça fait une sixième personne à gérer, et moins on est, plus facile est la logistique, les conciliations d’emplois du temps. D’autant plus qu’on répète dans un petit local. Pour ce qui est de Laurent, je pense qu’il n’a pas envie d’être « soulagé » dans la mesure où il compose sur synthé, et qu’il adore ça. C’est lui qui fait toutes les orchestrations, et je ne suis pas sur qu’il soit prêt à laisser sa place.

Est-ce encore vous qui avez réalisé la pochette de l’album ?
Steph :
Oui. Alex a tout fait, avec un petit coup de patte de ma part. On est infographistes de profession, ce qui aide un peu… et fait économiser beaucoup ! Il faut signaler que le livret intérieur est aussi intégralement illustré, ce qui en fait un bel objet.

Quels sont vos projets à venir ? Des concerts à venir ? Un nouvel album en gestation ?
Steph :
De la scène pour le mois de juin et après on verra. Probablement d’autres dates entre septembre et novembre. Effectivement, le troisième est déjà en composition, on a même cinq/six chansons qui tournent.
Did : On travaille les anciens morceaux pour ma pomme, et il y a un sacré boulot du fait de ne pas pouvoir faire que ça toute la journée.

Qu’écoutez-vous comme artistes en ce moment ?
Did :
Pagan’s Mind un groupe suédois, je découvre aussi Eldritch et puis les classiques Dream theater, Falkirk (génial ce groupe !!), Symphony X, Elegy…
Steph : Moi je reste toujours bloqué sur le Reroute To Remain d’In Flames. Le live d’Annihilator déchire tout ainsi que le Anthrax. Le Kamelot, le Evergrey ou le Masterplan sont sympas aussi bien qu’un peu téléphonés.

Le mot de la fin : vous pouvez parler de ce que vous voulez, adresser un petit mot pour nos lecteurs etc.
Did :
Messieurs et mesdames les lecteurs, je n’irai pas par quatre chemins. Achetez le Falkirk. Il est bon, c’est français, c’est du métal. Donc pas d’hésitation. Tous chez vos disquaires. Et puis j’suis vachement content de jouer chez les Falkirk. Vivement la scène qu’on se défoule bordel !
Steph : Ah, l’enthousiasme de la jeunesse (rires). Oui, effectivement, on a besoin de soutien pour sortir un troisième album digne de ce nom, des concerts potables, grossir un peu etc. Et c’est valable pour tous les groupes de notre stature. Nous sommes trop petits pour intéresser les gros labels, et trop gros pour nous permettre de faire des rades pourris ou de sortir des albums au rabais… Pas évident d’avoir le cul entre deux chaises..

Propos recueillis par Greg Filibert

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