Sotos - Platypus

Sorti le: 17/02/2003

Par Djul

Label: Cuneiform Records / Orkhestra

Site:

Collectif bordelais déjà auteur d’un premier album sorti chez Gazul en 1999, Sotos joue une musique complexe empruntant autant à King Crimson pour les mélodies tordues et l’énergie qu’à la musique de chambre : une section de cordes mise très en avant fait sans aucun doute l’une de ses originalités. Bref, Sotos pourrait être un croisement d’Univers Zero et de Nebelnest, à ceci près que leur talent oblige à dépasser ce descriptif réducteur.

Suivre Sotos tout au long de ce Platypus, composé de deux pièces dont la première est sous-divisée en sept parties, n’est pas chose aisée : le mot compromission n’appartient visiblement pas au vocabulaire des Bordelais, mais l’un des plaisirs du disque est aussi de l’apprivoiser.
« Malstrom », morceau de quarante minutes, ouvre le disque. On sent dès ce moment la volonté de Sotos de partir d’une base donnée (une mélodie aux cordes ou à la guitare, ou encore une rythmique de basse sur laquelle chaque instrument se greffe progressivement) pour la développer et toujours mieux la dépecer, puis enfin passer à autre chose. C’est bien simple, cela ne s’arrête jamais ! Sotos est indéniablement doué et ose une totale absence de restrictions et de formatage. Ainsi passe t-on d’un silence quasi-total, mettant en relief chaque son, à une avalanche de notes posées sur une section rythmique de haute volée. A ce titre, soulignons la superbe production de Bob Drake, qui avait déjà fait merveille avec Nebelnest et offre à Sotos un son de précision.
Wu, titre d’un seul tenant histoire de vous perdre encore plus, ne dure quant à lui qu’une trentaine de minutes mais cache bien son jeu. Les neuf premières minutes sont quasi silencieuses, à peine entrecoupées de très peu de mélodies ou même de sons pour se raccrocher. Puis suit le meilleur du disque, une lente montée en puissance, qui démarre à la manière d’Univers Zero ( «Hérésie»), lentement et sombrement. Les cordes et la batterie accélèrent, dans une ambiance fiévreuse proche des premiers Anekdoten. Les dix dernières minutes, portées par des riffs telluriques, peuvent mettre à terre n’importe quel amateur de musique « extrême » (noisy ou metal) pour s’achever dans le calme, enfin.

Cette audace nous embarrasse : est-ce du jazz rock, du rock in opposition, du progressif, de la musique de chambre… ? Une seule certitude : Sotos joue une musique résolument contemporaine et se place avec Platypus au centre de la carte du progressif et des musiques nouvelles de notre pays.