Symphony X – Symphony X



Origine : USA
Style : Metal progressif
Formé en : 1994
Line-up: Michael Romeo (guitare), Russell Allen (chant), Jason Rullo (batterie), Michael Pinella (claviers), Michael Lepond (basse)
Dernier album : The Odyssey (2002)

À quelques jours de la sortie du nouvel album, The Odyssey, voici les explications de sa genèse et quelques confidences personnelles, données de bonne grâce par un Russel Allen aussi jovial que loquace. Morceaux choisis.

Progressia : Revenons quelques instants sur votre précédent album, V. Son succès vous a probablement ouvert de nouvelles opportunités ?
Russel Allen : V a été une grande réalisation et l’enregistrement du disque live nous a fait prendre conscience que notre musique est bien plus puissante lorsque nous jouons en concert qu’en studio. Pourtant, V représentait aussi une prise de risques, se dirigeant vers une dimension moins heavy que par le passé. Pendant la tournée avec Michael Lepond, nous nous sommes aussi rendu compte que Symphony X est un vrai groupe ! Cela a pris du temps car le line-up a souvent changé par le passé. Mais une fois que ce processus s’est achevé, nous avons décidé de faire pencher la balance dans l’autre direction, plus conforme à nos origines.

Ce succès a-t-il amené plus de pression ?
Non, nous sommes sous pression depuis notre premier disque ! Nous craignons toujours que le résultat ne soit pas à la hauteur de nos attentes. En revanche, la maison de disques ne nous a absolument pas stressés quant aux délais, et d’ailleurs The Odyssey va sortir à la date prévue. (NdRC : 4 novembre 2002 en Europe). Les événements de septembre 2001 nous ont affectés, comme tout le monde aux Etats-Unis. Nous avions chacun différents obstacles à franchir, mais nous avons décidé que la seule issue était de poursuivre notre travail comme nous le souhaitions. Nous avons d’emblée annoncé que le nouvel album serait plus direct que le précédent, mais personne à ce moment-là, y compris nous, ne réalisait à quel point ! Il s’agissait en fait de respecter l’idéal de Michael Romeo pour Symphony X, un groupe à deux visages : l’un heavy, l’autre progressif, un côté clair et un autre obscur ! Je pense que nous n’avions pas trouvé cet équilibre jusqu’à cet album. V était certes une oeuvre complexe, conceptuelle, et pourtant, sur le dernier titre de The Odyssey, les parties orchestrales sont tellement présentes et intenses qu’elles dépassent tout ce que nous avions fait auparavant. Inversement, un titre comme  » King of Terrors  » révèle l’aspect le plus sombre du groupe. En fait, nous ne changeons jamais fondamentalement, mais nous essayons toujours d’innover et d’élargir notre spectre de composition.

La production paraît très sèche et directe. Même si l’on reconnaît facilement « l’empreinte » de Symphony X, n’avez-vous pas travaillé différemment cette fois-ci ? Avez-vous utilisé des techniques digitales telles que Pro Tools ?
Précisément. Pour la première fois, nous avons travaillé directement sur disque dur, ce qui permet un enregistrement beaucoup plus souple, sans les contraintes liées aux bandes magnétiques. C’est très agréable pour un chanteur, cela permet aussi d’ajouter des parties beaucoup plus facilement. Le résultat semble plus authentique et spontané. Cette technique a beaucoup facilité la composition et l’arrangement des parties orchestrales. Michael a ainsi pioché dans une dizaine de CD de samples d’instruments classiques, faits avec des sons réels, et non pas artificiels.

Même si cet album sonne plus brut, nous avons été frappés par le fait que les éléments « progressifs » sont plus évidents que par le passé. Etait-ce aussi un de vos objectifs ?
Nous n’avons pas envisagé les choses ainsi. Effectivement, ces compositions et ce son plus directs font que les aspects techniques de notre musique n’en sont que plus évidents. Je crois à la théorie qui consiste à « faire mieux en faisant moins ». Nous avons, par exemple, utilisé nettement moins d’arrangements cette fois-ci, mais cela n’était ni prémédité ni calculé. Notre seul but était de nous faire plaisir, sans inhibitions ni contraintes stylistiques. Un autre exemple : sur « Awakenings », Michael Pinella a inséré des parties jazz assez complexes, mais qui sonnent de manière tellement naturelle ! Il est vraiment doué pour ça.

The Odyssey semble aussi être le fruit d’un vrai travail collectif. Quelle a été la contribution de chacun, et en particulier Jason Rullo et Michael Lepond ?
Chacun de nous a participé et apporté des idées, en particulier pour les paroles. Michael Lepond a fourni ses propres lignes de basse et Jason a joué d’une manière très solide. Michael Romeo reste le principal contributeur et garde un oeil sur tout, mais il n’impose rien. Avec le temps, nous apprenons à aussi à nous connaître et la confiance grandit. Souvent, nous n’avons même plus besoin de nous parler, un regard suffit ! Comme, en plus, l’entente est bonne, le groupe devient comme une deuxième famille où nous pouvons parler librement. La musique représente, pour un artiste, l’expression la plus profonde de lui-même, qui est sujette à de nombreuses critiques dès qu’elle est rendue publique. C’est parfois difficile à vivre, mais à l’intérieur du groupe, nous nous soutenons mutuellement. Inversement, nous ne laisserions personne prendre la grosse tête, mais cela a peu de chances d’arriver : je crois que chacun garde les pieds sur terre.

De ton côté, est-ce que tu as apprécié l’enregistrement de cet album plus que les précédents ?
J’ai surtout apprécié la liberté que nous avons prise. L’enregistrement de V a été difficile pour moi : j’affrontais en même temps des problèmes personnels qui perturbaient ma concentration, à tel point que Michael (Romeo, NDLR) devait par moments me crier dessus pour m’en sortir ! Cette fois-ci, nous n’avions aucun frein pour être nous-mêmes et laisser libre cours à nos influences. Cela a rendu cet enregistrement très agréable.

Qu’est-ce que t’a amené à chanter, quelle était ta motivation au départ ?
J’ai commencé très jeune, alors que je pouvais chanter très haut. Je crois que j’ai toujours eu envie de chanter en fait. Dès cinq ans, je débutais sur scène avec mon grand-père qui, comme ma mère, était un artiste de country. Ainsi Willie Nelson a été une de mes premières influences musicales À ce propos, mon père a souvent raconté une anecdote dont je ne me souviens pas moi-même. Nous étions au supermarché ensemble, en train de passer à la caisse. La caissière est partie chercher de la monnaie et mon père s’est un peu éloigné. J’en ai profité pour sortir du chariot où j’étais, m’approcher d’un micro, appuyer sur un bouton, et tout le monde m’a entendu chanter ! Il paraît que j’ai même été applaudi ! (rires)

Nous t’avons entendu crier à la précédente interview, que s’est-il passé ?
Ils m’ont demandé de pousser le « cri de la semaine », je l’ai fait ! (rires)

Voilà une question qui nous brûle les lèvres depuis longtemps : verrons-nous un jour Symphony X jouer en concert avec un orchestre ?
C’est probablement la prochaine étape. En tout cas, ce serait une évolution naturelle. Il n’y a pas de plan précis pour le moment, ni à ce sujet ni pour le DVD que beaucoup de fans demandent, mais cela finira par arriver ! Metallica l’a fait, et le résultat est impressionnant. Pourtant leurs compositions n’étaient pas écrites dans cette optique. De notre côté, nous pourrions utiliser directement certains titres de V et The Odyssey, et en adapter d’autres plus anciens… L’idéal serait de composer un album symphonique directement avec un orchestre, et ensuite organiser des concerts spécifiques. Beaucoup de travail en perspective, mais je pense que c’est à notre portée.

Quels sont les groupes, en particulier nouveaux, que vous écoutez en ce moment ?
J’aime beaucoup le rock et le metal ! Je ne suis pas forcément au fait des dernières nouveautés progressives mais j’apprécie les derniers Pain of Salvation et Threshold. En tant que chanteur, j’écoute souvent des groupes plus « traditionnels » tels que Bad Company, Tool, Red Hot Chili Peppers, Alice in Chains…

Pour finir, nous t’avons vu récemment sur scène en Belgique avec Star One et Sun Caged. Y aura-t-il une suite au projet Star One ?
Je n’ai pas eu l’occasion de parler à Arjen Lucassen depuis, donc je ne sais pas, mais je l’espère !