Geoff Tate - Geoff Tate

Sorti le: 04/09/2002

Par Djul

Label: Sanctuary

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Voici donc l’album solo d’une des plus grandes voix que le rock ait connu. Au sein de Queensrÿche, Geoff a prouvé qu’il pouvait être plus racé et furieux que Bruce Dickinson (sur  » Operation Mindcrime  » ou  » Empire « ), et plus touchant que David Gilmour (sur  » Promised Land « ). Iron Maiden, Pink Floyd, deux influences revendiquées par le Rÿche. La question restait de savoir ce que le bougre pouvait faire en solo et même tout court, privé des compositions d’un de Garmo en fuite et dont l’absence se fait cruellement sentir depuis 5 ans.

La réponse est désormais disponible chez tous les bons disquaires. L’équipe entourant Geoff, certes moins prestigieuse qu’à l’habitude, est adéquate : Jeff Careli aux guitares, Chris Fox à la basse et Howard Chilcott à la basse, pour les instrumentistes les plus mis à contribution. En effet, force est de constater qu’ils ont composé des morceaux permettant parfaitement au leader d’exprimer toute l’étendue de son talent grâce à la grande variété des approches de l’album (on reste dans le rock néanmoins). On note également une grande subtilité dans les arrangements et la production. Tout commence de manière idéale car on croirait écouter la suite de  » Promised Land  » avec  » Flood  » (hasard ? !), et son tempo lent, ses quelques boucles synthétiques, ses guitares stridentes, et par dessus tout ce chant habité et vengeur ! Superbe !  » Forever  » reste dans une veine assez similaire, toujours avec ce son très moderne et ses couplets imparables (on doute du refrain, un peu trop pop), ainsi que le très bon  » Helpless « , où le synthé est encore très présent avant de céder à une étonnante guitare acoustique, sans que cela ne paraisse incongru. Arrive alors un long  » ventre mou  » de quatre morceaux, qui casse le rythme du disque. Ces derniers ne sont pas mauvais, loin de là, mais sont très intimistes. Si  » Touch  » (et son côté FM surprenant) et l’interprétation dramatique de  » In other words  » convainquent, on est plus dubitatif sur le gentil  » Every move we make  » et le sixties  » this moment « . Ce drôle de tracklisting est d’autant plus rageant que la fin de l’album embraye à nouveau à fond.  » A passenger  » est imparable (refrain tout bête mais irrésistible),  » Off the TV  » et  » Over me  » voient Jeff ressortir la gratte électrique et Geoff sa voix agressive pour des titres proches de  » Here in the Now Frontier « , tandis que  » Grain of faith  » rappelle du NIN en light. Bref, une meilleure répartition aurait évité de couper l’album en trois, surtout quand la distinction entre les types de morceaux est si flagrante… C’est un peu rageant car ce disque a un énorme mérite : il garde une unité de ton malgré les styles abordés, grâce à Geoff bien sûr, mais aussi une production moderne et des morceaux jamais trop stéréotypés, ce qui évite le disque patchwork.

Une oeuvre très pensée et réussie donc, qui aurait juste méritée d’être mieux servie par un enchaînement des titres plus équilibré.