Dominique Dupuis - Emerson Lake & Palmer
Sorti le: 24/11/2022
Par Chrysostome Ricaud
Label: Editions du Layeur
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Quand on est fan de prog, trouver des livres en français sur les artistes qu’on aime n’est pas chose aisée. On aura certes l’embarras du choix sur Pink Floyd (une dizaine d’ouvrages) et quelques titres sur Genesis, deux groupes dont l’importance médiatique a largement dépassé le cercle des amateurs de rock progressif. Concernant Emerson, Lake & Palmer il n’existait rien. On ne peut donc que remercier Dominique Dupuis et les éditions du Layeur de remédier enfin à cela !
L’éditeur est spécialisé dans les livres au grand format carré, dont le but est de reproduire fidèlement les pochettes telles qu’on les découvrait à l’époque du vinyle. Une belle initiative à l’heure où l’on ne voit plus que des vignettes miniatures lorsqu’on écoute des plateformes de streaming sur nos smartphones. À ce sujet, petite pinaille du chroniqueur : il manque 2 cm aux pages du livre pour atteindre la reproduction taille réelle d’un 33 tours et on se demande pourquoi n’avoir pas été jusqu’au bout de l’idée. A l’inverse, on remarque que certaines photos n’ont pas une définition suffisante pour être imprimées en aussi grand et on s’interroge sur le format choisi : trop grand pour certaines photos à la définition insuffisante et un tout petit peu trop petit pour nous faire redécouvrir ces pochettes dans leur format d’origine.
Le concept de cette collection, qui a déjà traité d’autres artistes, est de retracer la discographie d’un groupe album par album, carrières solo incluses. En introduction, une citation de Keith Emerson participe à justifier ce parti pris : « j’ai créé le groupe et j’ai choisi le nom à l’opposé de noms comme Asia ou Foreigner, parce que j’ai toujours pensé que nous pouvions suivre des chemins individuels ». Cet ouvrage nous livre donc une discographie commentée exhaustives des musiciens Keith Emerson, Greg Lake et Carl Palmer. L’occasion de découvrir tout un tas de choses à côté desquelles un fan non acharné serait passé , comme par exemple le premier enregistrement de Keith Emerson, en trio jazz, à travers lequel Dominique Dupuis nous explique que ce dernier, tout comme Carl Palmer, est avant tout un amateur de jazz. Les débuts de carrière sont passionnants, car ils nous aident à comprendre comment ils en sont arrivés à créer ce supergroupe et l’importance déterminante qu’ils ont eue sur l’avènement du rock progressif. En revanche, la période post-ELP est plus dispensable, puisqu’en dehors d’Asia on ne peut pas dire qu’ils aient sorti d’albums marquants. Autre conséquence de cette exhaustivité discographique, la présentation des enregistrements live occupe autant de pages (21 enregistrements de concerts y sont référencés) que ceux en studio. Et il en va de même pour les carrières solo. Si on peut saluer ce souci de détailler intégralement la production de ces trois musiciens, certains auraient peut-être préféré que l’accent soit mis sur les œuvres les plus importantes quitte à faire l’impasse sur celles qui sont plus anecdotiques.
Ceci étant dit, ne boudons pas notre plaisir : si la place accordée à des albums post-70 peu marquants ne sera pas au goût de tout le monde, la première partie qui met en lumière les débuts des trois musiciens est éclairante sur l’ADN d’ELP et leur rôle prépondérant dans l’histoire du rock progressif. Et si vous ne les possédez pas déjà en vinyle, découvrir les pochettes de Tarkus, Brain Salad Surgery, Alpha et Gravitas de Asia (réalisées par Roger Dean), In the Wake of Poséidon de King Crimson et Elegy de The Nice (conçue par le célèbre studio Hipgnosis) en grand format est un réel plaisir !