6:33 - Feary Tales for Strange Lullabies : The Dome

Sorti le: 01/10/2021

Par Chrysostome Ricaud

Label: 33 degrees

Site: http://www.633theband.com/

Commençons par mettre les pendules à l’heure pour ceux qui n’auraient jamais entendu parler de 6:33. Ces franciliens ont sorti leur premier album il y a dix ans et en ont produit quatre en une décennie qui sont autant de belles réussites. Pour vous donner une idée de leur univers, le plus simple reste d’évoquer Mr. Bungle. La France semble avoir été un terreau fertile en héritiers dignes de la folie inclassable des Californiens. Pendant quelques trop courtes années, on se consolait du silence discographique du gang de Patton en écoutant Carnival in Coal. Depuis 2011, 6:33 a repris le flambeau avec autant de brio que ces derniers (leur chanteur Arno Strobl figure d’ailleurs en invité sur plusieurs albums du groupe).

Malgré la lignée évoquée, 6:33 a su développer une esthétique qui lui est propre. Et cela tout en explorant des univers différents pour chaque disque. Musicalement et visuellement, les musiciens ont choisi de faire de Feary Tales for Strange Lullabies : The Dome leur madeleine de Proust, ce qui explique les nombreux clins d’œil aux années 80. Les synthétiseurs en mode arpégiateur ont remplacé les sons plus organiques d’orgues et de piano qu’on retrouvait sur les albums précédents. Les cuivres et guitares funky rappellent Michael Jackson. Les mélodies, une grande force du groupe, sont plus accrocheuses que jamais. On pense à Queen ou même aux Beach Boys pour la sophistication et la richesse des harmonies vocales. Avec « Prime focus », 6:33 va toujours plus loin dans sa démarche de musique sans limites. Le morceau commence comme un score  de dessin animé hollywoodien pour enfants, se transforme en comédie musicale de Broadway, puis se termine sur un mélange improbable entre métal et électro club.

Le groupe nous a déjà habitués par le passé à aborder ses albums de manière conceptuelle. Feary Tales for Strange Lullabies  est encore plus ambitieux, puisque The Dome n’est que la première partie d’une histoire qui nous sera contée sur deux opus. Celle du parcours initiatique d’un jeune artiste, dans un monde imaginaire, qui se rend à la capitale pour réussir.

Sur ce nouvel album, 6:33 a choisi d’accentuer le côté pop et électro de sa musique, ainsi que l’immédiateté des mélodies. Cette nouvelle direction aurait pu faire craindre que les morceaux lassent aussi vite qu’ils accrochent. Il n’en est rien : après plusieurs semaines d’écoute en boucle Feary Tales for Strange Lullabies : The Dome reste toujours aussi bon. N’attendez donc pas qu’on vous en reparle à l’heure de la sélection des meilleurs disques de l’année 2021 pour vous jeter sur cette quatrième pépite d’un groupe qui mériterait d’être bien plus connu.