Thomas de Pourquery Supersonic - Back To The Moon

Jamais deux sans trois : Thomas De Pourquery ne pouvait décemment laisser de côté un projet comme le Supersonic après deux albums en tous points remarquables. Créé pour rendre hommage à Sun Ra, ce collectif quatre étoiles a petit à petit affirmé sa personnalité propre pour se consacrer à une musique certes encore très ancrée dans le jazz, qui conserve son caractère spatial hérité du légendaire artiste dont il s’inspire, mais surtout plus qu’accessible, voire pop par moments.

Dès « Joy », on est fixé sur le programme de cette nouvelle croisière pour laquelle le pileux saxophoniste a rassemblé la même escouade de talents. Traversant une galaxie de suavité et de rêverie doucement rythmée, le vaisseau connaît aussi quelques turbulences dans son voyage vers les confins d’un univers à portée de toutes les oreilles. La voix onctueuse du maître de cérémonie se fond à merveille dans des titres évanescents, planants, où transpire parfois la mélancolie comme sur « Bring me Back The Day » ou « Back To The Moon » et ses chœurs aériens. Des synthétiseurs volontairement vintage, voire un tantinet kitschs (« I Gotta Dream »), renforcent la coloration pop, quand ce n’est pas le piano et les saxophones qui se font enjôleurs (« Yes Yes Yes Yes »). A l’instar de la musique de Sun Ra, De Pourquery ne rechigne pas à métisser la sienne, reprenant le musicien brésilien Caetano Veloso et son « O Estrangeiro », totalement transfiguré pour l’occasion, grâce à la voix de la chanteuse congolaise Berlea Bilem et d’irrésistibles rythmes chaloupés.

La France a aujourd’hui deux Thomas spationautes. L’un des deux prend des clichés de notre planète depuis une station orbitale, l’autre nous offre un nouveau voyage cosmique virtuel à travers ce Back To The Moon qui complète la trilogie Supersonic avec la même brillance que ses prédécesseurs.