Richard Barbieri - Under a Spell

Sorti le: 26/02/2021

Par Chrysostome Ricaud

Label: Kscope

Site: https://www.facebook.com/RichardBarbieriOfficial/

Richard Barbieri a composé Under a Spell il y a un an, en réaction aux bouleversements ressentis face à la pandémie mondiale. Les neuf morceaux instrumentaux qu’il nous propose sont des transcriptions en musique des rêves étranges, récurrents et persistants que les évènements surréalistes qui nous sont tombés dessus lui ont inspiré. Le résultat est un album constitué d’atmosphères évocatrices, qu’on peut ranger dans la catégorie des bandes originales de films imaginaires. À vous de vous faire vos propres images à l’écoute de ces neuf plages aux ambiances évolutives et variées.

Comme nous le rappelle le dossier de presse, Barbieri est présent dans le paysage musical depuis plus de 45 ans, d’abord avec son groupe culte Japan dans les années 70, puis avec Porcupine Tree dans les années 1990 et 2000. Au sein de ces deux formations, en solo et par le biais d’autres collaborations il exerce effectivement ses talents d’alchimiste des sons électroniques depuis près d’un demi-siècle. Un art en constante évolution puisque Under a Spell sonne résolument moderne tout en évoquant le riche passé des musiques électroniques. Ainsi à l’écoute de l’album, on pense tour à tour à Tangerine Dream, Aphex Twin, ou aux B.O. de Trent Reznor et Atticus Ross. Les amateurs de prog verront peut-être aussi un parallèle avec Trey Gunn sur Raw Power pour ses rythmiques lancinantes émaillées de lignes de basse groovy à souhait et de solos de trompette jazzy. En effet notre claviériste s’est entouré de nombreux invités pour cet album, et deux d’entre eux retiennent plus particulièrement notre attention. Luca Calabrese illumine d’interventions minimalistes dignes de Miles Davis à la trompette « Under a Spell » et « Flare 2 », les deux titres les plus longs mais aussi les plus captivants du disque. L’autre belle surprise nous vient d’une basse fretless virtuose sur « Serpentine ». Ronde, élastique, profonde et aérienne à la fois, elle aurait pu être l’œuvre d’un de ses ex-compagnons, tous les deux maîtres dans ce savant mélange, à savoir Colin Edwin (ex-Porcupine Tree) ou Mick Karn (ex-Japan). Elle est en réalité interprétée par Percy Jones, ex-Brand X, dont la technique incroyable sur fretless a très probablement influencé ces deux derniers. À croire que Richard Barbieri a un faible pour ces sonorités, et aime s’entourer de bassistes extrêmement talentueux.

Passionnant de bout en bout, Under a Spell s’écoute en boucle. Vous n’y trouverez pas de chansons marquantes ni de mélodies entêtantes mais des ambiances sonores laissant libre cours à l’imagination. Une piste attire malgré tout plus particulièrement l’attention : la montée en intensité progressive de « Flare 2 » est magistrale, et même si vous n’êtes pas attirés par une musique majoritairement ambiante, rien que pour ces 9 minutes jouissives, Richard Barbieri démontre qu’on aurait tort de faire l’impasse sur ses productions en solo.