Galaad - Paradis posthumes

Sorti le: 28/03/2021

Par Jean-Philippe Haas

Label: Autoproduction

Site: http://www.galaad-music.ch/

2019, Galaad renaît de ses cendres avec Frat3r, à qui revient la délicate tâche de succéder au « mythique » Vae Victis, plus de vingt ans après. Si cet album de la résurrection tient parfaitement bien la route, il ne possède pas le désir d’émancipation de son prédécesseur, cette prise de risque stylistique qui en a fait un jalon unanimement reconnu du prog’ francophone des 90s. Alors deux ans plus tard, lorsque les Suisses remettent le couvert avec Paradis posthumes, l’attente est grande…

Après une introduction pour le moins énergique (« Terra »), parfaite pour un album estampillé progressif, « Apocalypse » est une entrée en matière ainsi dire assez prudente et typiquement néo-prog : mélodies évidentes, enchaînement de parties contrastées, emphase guitaristique et vocale. « Moments », confirme ensuite que Pierre-Yves Theurillat est à l’aise sur le format « chanson », direct et mélodique, qui lui a réussi sur ses disques en solo. A l’instar de Lazuli, Galaad dispose d’un atout majeur, la voix reconnaissable entre mille d’un chanteur qui sait disséquer les rapports humains sans amphigouri ni simplisme. PyT semble d’ailleurs beaucoup plus présent que sur Frat3r, pas en quantité mais par sa prise de possession des titres. C’est particulièrement flagrant sur des chansons courtes comme « Divine » ou « Paradis posthumes », mais aussi sur le majestueux « Ton ennemi », construit autour d’un texte superbe.

Souvent maillons faibles du genre, les compositions plus fouillées évitent pourtant ici les chausse-trappes de leur chapelle musicale, comme les développements instrumentaux à rallonge ou un pompiérisme de mauvais aloi. De ci de là, on entend bien des choses sous influence, comme la guitare de Sébastien Froidevaux, qui porte irrémédiablement le sceau de Steve Rothery, ou des passages familiers (les accords finaux de « Jour Sidéral », rappelant ceux de « Forgotten Sons » de qui-vous-savez), mais Galaad reste Galaad, et pas une quelconque copie d’une ancienne gloire. Et c’est toujours l’essentiel qui l’emporte : la mélodie et la puissance du texte mêlés, comme sur « L’instinct, l’instant » où PyT donne tout ce qu’il a.

Plus consistant que Frat3r, Paradis posthumes semble donc guidé par un enthousiasme retrouvé. La pression qui reposait sur son prédécesseur, ce nouvel album ne la porte plus. Pas de fausses notes, beaucoup de mélodies, de belles guitares et de beaux textes, un chant très au-dessus de ce qui se fait dans la chanson francophone. On ne demande rien de plus, si ce n’est : encore ! Et pourquoi pas, la prochaine fois, un peu de funambulisme ?