Scarred - Scarred

Sorti le: 19/01/2021

Par Florent Canepa

Label: Klonosphere

Site: http://www.scarred.lu/

Certes, le Luxembourg est plus connu pour ses domiciliations fiscales de fonds financiers que pour ses groupes de death metal. Et pourtant, Scarred, fier de son troisième album éponyme, tient haut les couleurs du Grand Duché, désormais sous la bannière très recommandable de la Klonosphère.

Production solide, growls percutants et riffs saccadés : tous les ingrédients d’une recette puissante sont réunis pour faire de Scarred un tison qui ne se contente pas de brûler sur les terres typiquement death. Dès le premier morceau, le très hypnotique « Mirage », pointent quelques références gothiques étayées par une guitare au delay mélancolique. Scarred fusionne presque en un titre la violence de Gojira à la candeur d’Alcest. La voix obsédante de Yann Dalscheid, quoique collant à l’étiquette des musiques extrêmes actuelles, fait mouche à tous les coups. Et quand le groupe se veut dansant, c’est pour exprimer un death halluciné que l’on retrouve souvent chez les voisins nordiques de Shining ou Satyricon dans une moindre mesure (« A.D. Something »).

Ce qui fait la sève et le sel du quintette c’est sa plus grande accessibilité au regard du genre death metal technique. Non pas que leur album (le plus personnel à ce jour et qui reflète les affres de leurs changements de line-up) soit à mettre entre tous les canaux auditifs, mais il est clairement moins matheux que certains autres monstres du genre – Meshuggah en tête – qui, s’ils obsèdent certains, rebutent les autres par leurs trop complexes niveaux de lecture.

A cet égard, « Chupacabra », presque Sepulturesque, lorgne sur l’énergie punk et se permet de groover sur les premières mesures. Et quand « Merry-go-round » explose en disco death, on se dit presque que le groupe invente un style, aux frontières du brutal et du glam. Impossible donc de s’ennuyer en parcourant ce monolithe violent.

On regrettera peut-être seulement quelques interludes plus anodins (« Lua »), un certain éparpillement aussi, mais qui a le bon goût de casser toute lassitude potentielle d’un auditeur qui en déjà vu d’autres chez Carcass ou Strapping Young Lad. C’est d’ailleurs Devin Townsend, dans son acception ultra-violente, qui vient parfois à l’esprit quand le groupe explore des zones plus branques (l’hymne « Nothing Instead » et ses tappings furieux, « Dance of the giants », dont les choeurs feraient plaisir à Ghost). Ou même SOAD, en fin d’album, avec le très mélodique et réussi « Petrichor ». Vous l’aurez compris, un groupe qui donne furieusement envie de remuer la tête en concert, dès que possible !