Solstice - Sia

Sorti le: 23/11/2020

Par Florent Canepa

Label: GEP

Site: http://www.solsticeprog.uk/

Il est des histoires musicales sinueuses mais cultivant en même temps une forme de linéarité. Après un unique album dans les années 80, une poignée dans les années 90 (principalement due à l’intérêt suscité par la réédition de leur premier fait d’arme justement…), Solstice, presque anachronique, est revenu frapper de sa verve prog dans les années 2000, avec sans doute en point d’orgue le sympathique dernier né Prophecy, réalisé sous la houlette de Steven Wilson, grand aficionado de cet ovni sous-médiatisé.

Un peu à la manière d’un Fleetwood Mac en plus prog, Solstice met en scène une voix féminine récemment changée. Exit Emma Brown donc et bienvenue à Jess Holland qui promet selon les dires du groupe (et de sa promo) une énergie renouvelée. Sia démarre les hostilités avec ce qui sera le titre fleuve de l’album (près de treize minutes), « Shout », qui malgré ses variations sur une même suite d’accords ouvre le bal de façon sympathique. Et si l’explosion finale n’est peut être pas la hauteur de ce que l’on pouvait attendre, on se laisse embarquer. Il faut dire que la tête pensante et guitariste, Andy Glass, a l’amour du travail bien fait. Ne boudant pas son plaisir quant à l’ambiance gaélique de l’ensemble (Sia signifie six comme sixième album du groupe donc), il arrive finalement mieux à faire passer son message quand il s’exprime en mode folk (l’acoustique et rêveur « Love is coming ») que lorsqu’il déborde sur le spectre nébuleux du progressif, à la limite de la scène Canterbury (le sautillant-agaçant « Stand Up »).

C’est sans doute là aussi que la jeune recrue trouve son terrain d’expression le plus évident, comblée par des arpèges réconfortants (« Long Gone »), la plaçant plus dans le répertoire des Corrs ou Loreena McKennitt. Car côté mordant, il faudra repasser (« Seven Dreams » sans le talent percussif de Christine McVie, cela tombe un peu à plat quand même). Le problème fondamental est que ce n’est peut-être pas là que réside aussi l’inventivité du groupe et de ses sémillants interprètes et du coup, on alterne vite entre espoirs et soupirs.

En outre, il faut avoir un vrai appétit pour le violon qui envahit parfois trop l’espace sonore et pas toujours de la manière dont on souhaiterait. Le dernier morceau (une visite actualisée d’un de leurs titres de 1984) en dit peut-être trop long sur une inspiration qui s’étiole… Peu de choses à critiquer fondamentalement, mais peu d’éléments sur lesquels s’emballer à part quelques soli sympathiques (sur « Seven Dreams » en mode retro, sur « A New Day », comme une apothéose). C’est la fameuse chronique molle qui ne va certainement pas vous inciter à vous précipiter sur le disque ni nous, hélas, à le réécouter…