François Robinet - Rock progressif français, une histoire discographique

Sorti le: 29/09/2020

Par Jean-Philippe Haas

Label: Camion Blanc

Site: http://www.camionblanc.com/detail-livre-rock-progressif-francais-une-histoire-discographique-1437.php

Préambule : il faut vraiment que l’éditeur Camion Blanc se dote d’un service de relecture, tellement les coquilles sont nombreuses dans ses ouvrages. Et si on ne peut le reprocher à son auteur, le présent livre n’échappe pas à la règle….

La France n’a guère été une terre de rock depuis l’apparition du genre – malgré quelques gloires nationales – mais son underground, par définition boudé par des médias frileux et conservateurs, a été foisonnant en la matière. Le rock dit « progressif » s’est même fait une petite place sur une scène largement squattée par une « variété » chère à Maritie et Gilbert Carpentier. Ange et Magma ne sont que la partie émergée (et toujours active) de l’iceberg du prog’ hexagonal, dont François Robinet met l’importance en évidence avec ce livre.

Avec une approche chronologique, l’auteur établit un catalogue plutôt complet (malgré d’inévitables choix éditoriaux, tel celui de ne pas élargir à la francophonie ou d’écarter certains genres ou artistes trop « à la limite »), des précurseurs comme Triangle, Ame Son ou Moving Gelatine Plates jusqu’aux représentants actuels d’une mouvance qui – cela n’a guère changé en 50 ans – passe complètement ou presque sous les radars de la presse musicale.

D’abondantes feuilles sont bien entendu consacrées aux deux « mastodontes » évoqués plus haut et à leurs clones, mais d’importantes formations de second plan comme Catharsis, Clearlight, Mona Lisa ou Atoll et les représentants du Rock In Opposition Etron Fou Leloublan et Art Zoyd ne sont pas oubliées, tout comme une multitude de groupes à la durée de vie souvent très courte et à la discographie se limitant à un ou deux albums. Les deux tiers de l’ouvrage sont ainsi consacrés aux années soixante-dix, avec de courtes digressions sur le rock celtique et la musique électronique. Même si François Robinet précise que son œuvre est loin d’être exhaustive, voire orientée par ses goûts personnels, on peut néanmoins regretter quelques oublis malheureux, dont un difficilement pardonnable, à savoir Catherine Ribeiro+Alpes, auteurs d’une discographie très fournie qui trouve toute sa place dans le rock progressif des seventies.

L’auteur exhume aussi quelques perles perdues au milieu de la traversée du désert que représentent les années quatre-vingt, durant lesquelles les carrières sont encore plus courtes. Magma et surtout Ange opèrent alors une difficile mutation jusqu’à la décennie suivante, un peu plus riche et qui marque un modeste renouveau avec quelques bandes mises en avant : XII Alfonso, Eclat, Minimum Vital, Versailles…

Étonnamment, la scène actuelle, probablement la plus riche et surtout la plus durable depuis « l’Âge d’Or », n’occupe qu’une trentaine de pages de l’ouvrage. Ange est pourtant plus prolifique que jamais, ainsi que Magma, et les nouvelles têtes sont nombreuses. Si on peut comprendre que les groupes orientés métal sont laissés de côté (Igorrr, Mörglbl…), d’autres oublis sont plus dérangeants. Certes, les figures de proue sont largement traitées (Franck Carducci, Lazuli, Nemo…) mais les scènes RIO/math rock/fusion pourtant très actives sont à peine mentionnées : Sebkha Chott, La STPO, PoiL/PinioL, Chromb !, Camembert, Jack Dupon pour ne citer qu’eux.

Rock progressif français reste quoi qu’il en soit un bon ouvrage d’introduction au prog’ hexagonal, surtout pour sa partie consacrée aux années soixante-dix, très complète. L’amateur nostalgique trouvera à se mettre derrière les oreilles maintes pépites plus ou moins tombées dans l’oubli.