Völur - Death Cult

Sorti le: 01/12/2020

Par Florent Canepa

Label: Prophecy Productions

Site: https://volur.bandcamp.com/

Des tréfonds de la noirceur peut naître la lumière, des douleurs et de la lamentation se dessine un chemin… Autant de haïkus ou mantras suggérés dans le voyage oppressant mais initiatique que propose Völur. Remplaçant toutes les guitares par un violon électrique torturé, dopant son chant féminin ou masculin aux angoisses black, Völur oscille entre chamanisme et sorcellerie. Si certains passages ne sont pas sans rappeler un certain My Dying Bride (à plusieurs reprises sur l’introductif « Inviolate Grove »), d’autres sont plus fortement enracinés dans la cosmogonie folk (« Dead Moon », celtisant à certains égards).

Völur sait donc invoquer l’esprit du doom sous sa forme polysémique, faisant même régner une ambiance de fin du monde quand celui-ci se transforme en noise music abstraite mais réjouissante (l’apothéose de « Freyjan Death Club »). On croirait le trio échappé d’une forêt finlandaise ou d’une église (de préférence carbonisée) norvégienne mais point du tout : c’est au cœur d’autres grands espaces qu’il nous faut les trouver, celui du Canada, mais aussi dans la très urbaine Toronto. Alors comment en sommes-nous arrivés là ?

A vrai dire peu importe car pour Death Cult, il faut remonter encore plus loin, le groupe ayant décidé de nous parler d’un sujet très joyeux à l’approche des fêtes : la pratique sacrificielle rituelle des esclaves en mer, menée par les tribus germaniques baltes de l’époque romaine. C’est donc un épiphénomène du paganisme norrois (et quasiment un sujet de thèse !) qui vient irradier les textes et mugissements de Völur (d’ailleurs un dérivé de « völva » qui désignait les prêtresses et prophétesses chez les anciens germains). Death Cult enfonce le clou de la précédente réalisation, Ancestors, et donne à voir et à entendre quatre actes totalement inspirés, à la fois lancinants et rageurs, profondément traditionnels et fantastiquement modernes. L’album faisant moins de quarante minutes, il joue sur la frustration qui poussera l’auditeur à le passer en boucle à l’envi. Encore une histoire de mantra…