Wilderun - Veil of imagination

Sorti le: 31/08/2020

Par Florent Canepa

Label: Century Media

Site: https://wilderun.com/band

Il n’est pas si coutumier de retrouver dans nos colonnes les accents rauques et puissants du death metal. Et pourtant, il était difficile de passer à côté de cet ovni au caractère trempé d’origine américaine mais qui semble s’être amouraché de la Suède. On retrouve en effet aux commandes du mixage Dan Swanö dont on ne présente plus les nombreuses associations, de Katatonia à Therion. Jens Bogren, quant à lui, ajoute son savoir faire de technicien mélodique que nous avons pu vivre sur The Mountain de Haken et qui a chapeauté un palmarès impressionnant de productions pour des formations plus typiquement death et thrash (récemment Sepultura).

Cousin inspiré outre-atlantique d’Opeth, Wilderun sait, dès le premier titre fleuve de plus de quatorze minutes, naviguer entre douces mélodies piano à la voix claire (pas si loin de Mikael Akerfeldt d’ailleurs…) et envolées au growl pénétrant. Les choeurs symphoniques viennent renforcer ce voyage qui convainc dès la première écoute. Ajoutez une petite touche de rythmiques planantes comme chez Devin Townsend et vous aurez un aperçu auditif de ce que propose la bande de Boston. La tendance symphonique se mue souvent en épique comme chez Amon Amarth et dans une moindre mesure Therion (« O Resolution »), ce qui permet d’ajouter un aspect assez enjoué à l’ensemble et lui évite de tomber systématiquement dans les tréfonds de la noirceur inhérents au genre. A cet égard, « The Tyranny of Imagination » offre un bel effet d’agressivité euphorique !

Veil of Imagination est un album ambitieux, paradoxalement à mettre entre toutes les mains car pouvant servir de pont idéal entre métalleux et amateurs de progressif. Superbement produit (certains, aimant les aspérités, pourraient néanmoins le considérer un peu trop lisse notamment sur la grosse caisse / caisse claire), il fait parfois penser à ce que peut proposer Steve Hackett dans un genre bien sûr assez différent. Comme une synthèse ultime entre le souffle épique de James Horner, la fougue pop de Within Temptation (« Far from where dreams unfurl ») et les labyrinthes prog des amis suédois, les morceaux, quoique distincts, semblent liés entre eux, ce qui renforce l’impression d’unité. Notamment avec des séquences plus courtes bienvenues et en forme de respiration. Inventivité et maîtrise sont les maîtres mots de cette oeuvre qui a été pensée pour durer. Et nous serons à ses côtés.