Iroh - Cuppa?

Sorti le: 06/05/2019

Par Florent Canepa

Label: Autoproduit

Site: https://irohband.bandcamp.com

Il est des heureux hasards, des découvertes qui se frayent un chemin vers le pavillon auditif sans qu’on les attende ou les espère. Il faut dire que lorsqu’Iroh est arrivé par voies détournées et errances sur bandcamp à la rédaction, ce n’est pas vraiment le graphisme qui a retenu l’attention. Quoique… Cet énigmatique buveur de thé, comme une résurgence de dessin animé japonais du Club Dorothée était en soit ovniesque dans le paysage progressif. Quand on creuse, on comprend vite pourquoi : Iroh n’est autre que l’oncle paternel de Zuko et d’Azula, et un puissant maître du Feu de la cosmogonie du Dernier Maître de l’Air. Révérence au passage à la versatile artiste et dessinatrice Alice Guirado.

Mais Cuppa?, mea culpa, est de ces petits brûlots qui auraient pu ne jamais croiser notre route donc merci à la Providence pour ces soixante-sept minutes instrumentales d’un métal progressif à la fois direct, légèrement djent, franchement inspiré. Parfois incisif comme Annihilator mais moderne dans sa production (quelques hachures ne sont pas sans rappeler le sacro-saint The Algorithm), Iroh propose dix rites bouddhiques qui s’enchaînent comme autant de vénérations bidouillées par les Français Hugo Williame et Ben « Bidou » Ryckelynck. Même lorsque les compositions paraissent un peu plus vaines (« No Sugar »), elles sécrètent suffisamment de charme métallique pour capter l’attention. Notamment via l’utilisation de cloches, shamisen, autres glockenspiels en toile de fond ou des voix féériques leur donnant un caractère particulier.

Projet fondamentalement studio, Iroh sait laisser transparaitre le plaisir besogneux qu’ont pris les deux instrumentistes à vouloir faire du bien ciselé, du finement taillé, du rondement mené. On navigue en arpèges (« Ba Sing Se », poétique puis frénétique), on secoue la tête sur un piano fou (« Fire bending »), on s’étonne d’aimer les chœurs synthétiques, les riffs rythmiques incessants (l’infra guitare de « Old Buddha »). Moins accessible que Steve Vaï mais plus digeste que Pryapisme, l’équilibre semble trouvé.

Inconnu, sympathique, mixé maison, loin d’être parfait et dont l’écoute répétée peut provoquer quelques syncopes mais avec plein de péripéties métronomiques qui valent le détour. Vous reprendrez bien une tasse ?