Frank Bardel - Steven Wilson - The Dark Side of the Prog

Sorti le: 25/08/2017

Par Jean-Philippe Haas

Label: Camion Blanc

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Alors que les ouvrages plus ou moins pertinents sur le rock progressif fleurissaient déjà depuis quelques années, il semblait inévitable que Steven Wilson, figure de proue à son corps défendant du genre dans son expression la plus moderne, se vît tôt ou tard consacrer un essai biographique. En attendant la sortie prochaine de Time Flies, un livre sur Porcupine Tree en langue anglaise, Frank Bardel prend les devants et se lance en France dans la périlleuse tâche de retracer la trajectoire de l’énigmatique Anglais.

Que cela soit annoncé d’emblée : si The Dark Side of the Prog est avant tout un ouvrage pédagogique et plutôt bien documenté, il s’agit aussi à l’évidence d’un livre de fan (l’auteur donne des avis qui n’engagent que lui et utilise le « je » assez régulièrement) et de ce fait le personnage de Steven Wilson apparaît le plus souvent sous un jour flatteur. Ceci étant admis, on peut se lancer à la découverte d’un artiste singulier dont le parcours, aussi lent qu’ascendant, l’a amené à représenter aujourd’hui la facette la plus populaire d’un genre qui retrouve lentement ses lettres de noblesse. Le premier des six chapitres, préambule indispensable pour comprendre l’homme, tente de dresser le portrait d’un musicien d’une grande créativité et très exigeant envers lui-même. Les parties suivantes sont consacrées aux tâtonnements de son début de carrière au sein de divers groupes, à l’aventure Porcupine Tree (qui a manifestement la préférence de l’auteur), aux projets parallèles comme No-Man ou Blackfield, à son travail aux manettes (en tant que producteur ou dans le remixage d’albums emblématiques du prog’ des années soixante-dix notamment) et à sa carrière solo jusqu’à Hand.Cannot.Erase. dont le vrai décollage en 2011 avec Grace for Drowning semble avoir définitivement enterré Porcupine Tree.

Avec bienveillance (certains diront « subjectivité »), Frank Bardel nous « vend » ce personnage introverti qui s’efface au fur et à mesure que le control freak s’affirme. Les fans de la première heure n’apprendront sans doute pas grand-chose, mais ce livre ne s’adresse pas à eux. L’objectif de son auteur est plutôt, au travers d’un plaidoyer enthousiaste, de faire découvrir plus largement un des rares artistes actuels capable de renouer un lien depuis longtemps brisé (plus de quarante ans…) entre le rock progressif et le grand public.