Bubblemath - Edit Peptide

Sorti le: 20/08/2017

Par Jean-Philippe Haas

Label: Cuneiform Records

Site: http://bubblemath.com/

Que les fans de Bubblemath ne viennent pas se plaindre : ceux de Watchtower ont attendu près de trois décennies que leur groupe favori accouche difficilement d’un modeste EP censé succéder à Control and Resistance alors que quinze petites années seulement ont suffi pour voir naître le descendant de Such Fine Particles of the Universe, sorti en 2001. Maintes fois annoncé et maintes fois repoussé, Edit Peptide aura suscité bien des espoirs. Le paysage du prog ayant beaucoup évolué ces derniers temps, on pouvait craindre que ce nouveau Bubblemath ne résonne comme un anachronisme appartenant musicalement à la décennie précédente, voire celle d’avant. Et pour le genre qui nous intéresse, « celle d’avant » n’était pas inoubliable…

L’évidence qui s’impose dès « Routine Maintenance », c’est qu’on ne fait plus que rarement du prog de cette manière de nos jours : virtuosité, passage du coq à l’âne, profusion de breaks en tous genres, omniprésence du chant… Ce titre d’ouverture rassure le fan de la première heure et prend au dépourvu celui qui n’est pas tombé dedans étant petit. Parmi eux, les cancres bien installés au fond côté radiateur sont déjà en train de pinailler, arguant du fait que toutes ces belles caractéristiques ne font pas une bonne chanson, même dans le prog’. Certes. Mais le groupe de Minneapolis ne fait pas à proprement parler de la « chanson » et encore moins de l’entertainment, y compris sur un format court (« Avoid That Eye Candy »). Denses (un peu trop?), pas toujours faciles à suivre, les huit titres d’Edit Peptide peuvent prétendre à différentes étiquettes : « Echolyn dopé aux amphétamines », « The Prog Collective débarrassé des compositions calamiteuses de Billy Sherwood » ou « Prog de geek à l’humour grinçant  ». On ne va pas se mentir , on frise parfois l’indigestion (« Perpetual Notion ») devant l’afflux de notes et de changements brusques, mais lorsque le groupe se décide à lever (un peu) le pied (« Making Light of Traffic », « Destiny Repeats Itself »), le résultat est souvent plus convaincant que lorsqu’il tente d’obtenir la première place à un concours de contretemps et de mesures impaires.

Soutenu par un label et bénéficiant d’une conjoncture musicale un tantinet plus favorable aux musiques progressives que du temps de son prédécesseur, il se peut qu’Edit Peptide trouve un plus large public que Such Fine Particles of the Universe. Chez les dépravés qui aiment en prendre plein les oreilles, du moins.

Distribué par Orkhestrâ