Albert Marcœur & le Quatuor Béla - Si oui, oui. Sinon, non.

Sorti le: 12/07/2017

Par Aleksandr Lézy

Label: Label Frères

Site: http://www.marcoeur.com/

C’est un peu comme s’il nous avait laissé en plan avec ses Travaux pratiques en 2008. Pourtant, entre temps il n’a cessé de travailler, preuve en est sa collaboration avec le Quatuor à cordes Béla. En 2013, Albert Marcœur, le musicien, le chanteur à la fois drôle et irrévérencieux, expérimentateur depuis le début des années 70 créait sur scène Si oui, oui. Sinon, non. Pour immortaliser cette collaboration, voici le disque du même nom qui sort enfin. Le septuagénaire n’a pas choisi la facilité d’enregistrer une représentation mais s’est donné la possibilité de réaliser un travail de studio. Plutôt oui, plutôt non ?

La musique d’Albert Marcœur a considérablement évolué au fil des décennies, passant d’avant-gardisme hétéroclite à intimisme raffiné. Pourtant, la quintessence de son style inimitable n’a pas pris une ride. Le Quatuor Béla accompagne de ses cordes des textes ciselés traitant de situations cocasses de la vie quotidienne. Musicalement impeccable, très construit et sensible, l’auditeur ressentira une émotion toute particulière, pleine de mélancolie, de tristesse, même lorsque l’auteur parle des mouches ou des petits vieux. La voix d’Albert Marcœur au fil du temps a mûri, pris du grain et des graves donnant ainsi un caractère encore plus théâtral à l’ensemble qu’auparavant. Si oui, oui. Sinon, non. a bénéficié d’un traitement sonore simple mais efficace. Le Quatuor Béla est mis en valeur dans une dimension étendue tandis que la voix, bien centrée apparaît sans prétention en premier plan.

Ne mâchons pas nos mots, voici un très beau disque, soigné et original. Albert Marcœur n’a pas d’égal, et son authenticité artistique perdure de manière remarquable. Moins déglinguée que sur les premiers disques, la musique du Dijonnais semble s’affiner, aller vers l’essentiel. Cependant, on peut se demander si cet album ne perd pas une part de sa superbe, dépouillé de son cadre d’origine : la scène, mais qu’importe !