The Pineapple Thief

19/02/2017

Le Divan du Monde - Paris

Par Florent Canepa

Photos: Christian Arnaud

Site du groupe : www.pineapplethief.com

Setlist :

Tear You Up - The One You Left to Die - No Man's Land - Alone at Sea - Reaching Out - In Exile - Take Your Shot - Show a Little Love - Fend for Yourself - Part Zero - Simple as That - The Final Thing on My Mind – Snowdrops - Nothing at Best

Auréolé de sa réussite discographique récente, Bruce Soord était venu défendre Your Wilderness sur scène au cœur d’un hiver parisien plutôt clément ce soir-là. Défendre est un bien grand mot tant il serait difficile d’attaquer l’homme à l’écoute de ce qui s’avère être, à ce jour, l’un des meilleurs albums de The Pineapple Thief.

La soirée commence avec les Gallois de Godsticks, dont le leader n’est autre que le chanteur et guitariste Darran Charles, présent sur le dernier album de The Pineapple Thief et avec eux sur scène. S’il fera bonne impression avec la tête d’affiche, il faut avouer que la performance de son groupe, elle, ne convainc pas totalement. La guitare sonne juste mais la voix ne l’est pas toujours dès lors qu’elle doit monter dans les aigus. En dépit d’un répertoire plutôt métal progressif qui ne restera pas inoubliable pour une partie du public, l’accueil des premiers rangs reste chaleureux, voire enthousiaste. Une écoute de leur troisième album Emergence sera nécessaire pour confirmer s’il y a matière à tirer un substrat de compositions assez insipides sur scène.

C’est au tour de The Pineapple Thief de se dévoiler. Sans artifice et empli d’une humilité quasi bonhomme, le groupe nous livre un programme qui souligne l’aboutissement que constitue Your Wilderness. Pas moins de six titres, soit les trois quarts de l’album, seront présents ce soir-là et ils apportent sans doute la part la plus efficace de l’ensemble, que ce soit en forme d’ouverture rock (« Tear you up ») ou en délice acoustique et plus que ça (« No Man’s land », à l’épure parfaite). Outre le leader du groupe, pas tant charismatique que diablement compétent, il faut noter la présence discrète visuellement mais magistrale sur le plan sonore de Gavin Harrison. Le batteur de Porcupine Tree ou King Crimson offre à l’ensemble une assise et un corps infaillibles, faits de fûts profonds et de petites cymbales à propos. Le très progressif et percussif « The Final Thing on My Mind » offre une belle démonstration de ce talent.

Les chœurs acolytes fonctionnent plutôt bien et accompagnent la voix de Bruce Soord afin de respecter toutes les profondeurs de champ des compositions. On se prend à jouer au jeu des sosies – Darran Charles faisant penser un peu à Billy Bob Thornton, tandis que John Sykes se dandine comme Sting, le casque de retour vissé sur les oreilles. Il y a des petits loupés comme ce « Fend for yourself » que le meneur de troupe démarre de manière incertaine. Il se rattrape rapidement et le tout se fait dans une bonne humeur rafraîchissante. Les points d’orgue sont finalement similaires à ceux qui existent sur l’album tant l’envie de reproduire au plus proche l’émotion du sillon est prégnante. « Alone at sea » fantastique ou encore « Simple as that » viennent renforcer cette impression que Magnolia contenait aussi des pépites.

On ressort de ce voyage enchanté, transporté et persuadé que le dernier album des Anglais constitue l’une des plus beaux cadeaux de 2016 haut la main… voire de ces dernières années. Le concert est passé si vite que c’est au moment de sortir de la salle que l’on réalise à quel point le tout était soigné, remarquable. Sans fioriture et fort de ce luxe discret qui est l’apanage de l’élégance.