An Endless Sporadic - Magic Machine

Sorti le: 29/08/2016

Par Jean-Philippe Haas

Label: Autoproduction

Site: http://www.anendlesssporadic.com/

Ceux qui en écoutent le savent bien : faire du prog, plus que tout autre genre, n’est pas spécialement gratifiant, sauf si on s’appelle Steven Wilson ou si on fait partie du club des dinosaures. On admire d’autant plus des groupes comme An Endless Sporadic qui non seulement ont choisi ce créneau difficile, mais l’explorent dans les grandes largeurs avec une vision moderne. En fait de groupe, il s’agit plutôt ici d’un petit génie entouré de musiciens d’exception et d’horizons multiples tels Jonas Reingold (The Flower Kings, Karmakanic), Navene Koperweis (Animal as Leaders) ou Michael Iago Mellender (Sleepytime Gorilla Museum). Le surdoué en question planqué derrière la pochette surréaliste de Magic Machine se nomme Zach Kamins et sort évidemment du Berklee College of Music de Boston. On s’imagine donc facilement un jeune virtuose tête à claques imbu de lui-même. Sauf qu’en l’occurrence, on est bien obligé de l’admettre, on a plus affaire à un prodige de la composition qu’à un quelconque épileptique du manche.

An Endless Sporadic ne débarque pas tout à fait vierge en 2016 puisqu’on a pu le découvrir sur le jeu Guitar Hero 3, puis aux commandes d’Ameliorate, un EP de 2008 et d’un album éponyme en 2009, produit par Roine Stolt. Hormis quelques titres isolés, rien de conséquent n’était plus sorti jusqu’à ce jour. Magic Machine a donc mûri, longtemps, et ça s’entend. « The Departure » démarre comme du Transatlantic puis, au bout d’une minute, de lourdes syncopes djent prennent le relais. Mais les infidélités au genre sont nombreuses. Difficile dès lors de caractériser avec précision la musique de Zach Kamins : pur produit de son époque, son inspiration n’en reste pas moins très variée. An Endless Sporadic rassemble ainsi sous une même bannière toutes les tendances actuelles et passées du prog’ mainstream : metal, djent, néo-prog, jazz, rock symphonique. Le tout sans s’encombrer de l’habituel maillon faible : le chant. On échappe donc – ouf ! – aux hurlements forcés et aux postures maniérées. En échange nous est servi un patchwork métallisé à base d’incessants changements de style : jeu vidéo vintage sur « Galactic Tactic », jazz fusion sur « Agile Descent », funk sur « Impulse II »… Et lorsqu’on croit avoir cerné le bestiau, « The Assembly » nous prend par surprise : en avant l’orchestre de chambre ! On nage en pleine musique de film, savourant sans doute l’une des meilleures compositions de l’album. Cerises superfétatoires sur le gâteau : les participations de Jordan Rudess (dont le superbe « Sky Run ») et Roine Stolt sur quelques titres.

On ignore encore la longévité d’un tel disque, mais pour le moment, on se régale de ses nombreuses saveurs. De quoi aborder la rentrée avec le sourire et plein d’énergie en dépit des tentatives permanentes de la part du grand cirque politico-médiatique pour nous la pourrir.