Nosound - Scintilla

Sorti le: 15/08/2016

Par Florent Canepa

Label: Kscope

Site: http://nosound.net/

Figure parfois plus discrète de l’écurie Kscope, le projet de Giancarlo Erra n’en célèbre pas moins ses presque quinze années d’existence. Une longévité qui s’explique sans doute par l’immuabilité et la pertinence du style malgré les années qui passent et les rides qui se creusent. Rock atmosphérique profondément mélancolique et organique, Nosound, comme un écho à son nom, sait absorber et diluer plusieurs sonorités pour créer un vortex toujours dans l’air du temps. Un temps suspendu.

Il faudra admettre que l’hyperbole habituelle de l’attaché de presse n’est ici pas volée : Scintilla marque bien une forme de nouveau départ. Dans le graphisme d’une pochette plus riante mais prioritairement dans l’enveloppe sonore. Plus riche, plus dense et finalement éclatante d’un relief qui faisait parfois défaut aux précédents albums. On en veut pour preuves des nappes de clavier profondes qui se mêlent au violoncelle invité (« Little Man »), un piano nu mieux valorisé (comme sur le titre de clôture) et une ambition symphonique générale plus affirmée. Biberonné à l’école Radiohead, Nosound mue sa neurasthénie en floraison chimérique. Du coup, une puissance simple se dégage de l’ensemble, même si la batterie demeure parfois un peu assoupissante.

Autre évolution : l’ouverture aux autres. L’œuvre rallie deux chanteurs bienvenus, Andrea Chimenti, chanteur italien qui compte entre autres à son actif des échanges vocaux avec David Sylvian de Japan, mais aussi Vincent Cavanagh, habitué de la maison de disque et de ces pages via Anathema. Il faut concéder que l’initiateur du projet n’est pas tout le temps son plus bel ambassadeur vocal donc ces deux personnalités apportent une vraie dimension. Le premier affirme les racines romaines à travers un titre chanté dans la langue de Tibère (le titre n’est pas le plus intéressant mais la respiration de mi-album est à propos). Quant à Vincent, il s’intègre naturellement à l’univers rêveur et la nostalgie prégnante.

Plus mastoc, plus incisif, plus somatique qu’Afterthoughts le bien nommé Scintilla étincelle. Il frôle Pink Floyd aux moments opportuns sur « The Perfect Wife » (Erra et Cavannagh comme Waters et Gilmour), « Evil Smile » ou via les fastueux cuivres en fin d’album. Et si finalement, il ne fallait en garder qu’un, c’était celui-ci ?