Frank Zappa & The Mothers - The Lost Broadcast

Sorti le: 09/03/2016

Par Jean-Philippe Haas

Label: Gonzo Multimedia

Site: http://www.zappa.com/

Le nom de Frank Zappa est à la fête ces derniers temps. Les sorties posthumes de son centième album et du tant attendu concert Roxy The Movie font ressurgir d’autres documents à l’intérêt variable, comme The Lost Broadcast, enregistrement d’un passage du guitariste américain et de son groupe The Mothers of Invention au Beat Club de Brème, le 6 octobre 1968. La performance est diffusée deux ans plus tard sur la chaîne allemande ARD.

A cette époque, la composition des Mothers varie régulièrement et pour cette apparition, on y trouve Ian Underwood (saxophone alto), Bunk Gardner (saxophone ténor, clarinette, flûte), James Sherwood (saxophone baryton, tambourin), Roy Strada (guitare basse, chant), Don Preston (piano électrique), Art Tripp (batterie, percussions) et Jimmy Carl Black (batterie). Il n’y a pas foule de documents filmés à se mettre sous la dent concernant le groupe dans les années soixante, ce qui peut susciter une certaine curiosité pour cette archive. Celle-ci débute par trois quarts d’heure de répétition où les musiciens règlent leurs instruments, mangent, boivent, fument, discutent, rigolent… et jouent, accessoirement, tandis qu’en régie on teste les caméras et on tente des fondus et autres surimpressions. Si musicalement, ces moments manquent cruellement d’intérêt, on pourra prendre son mal en patience en découvrant les aspects amusants d’une répétition, comme James « Motorhead » Sherwood jouant à la poupée d’une façon peu commune ! Les trente-cinq dernières minutes suivantes, celles qui furent diffusées, consistent en une longue semi-improvisation au sein de laquelle on trouve entre autres des parties de « King Kong », « A Pound For A Brown On The Bus », « Sleeping In A Jar » et « Uncle Meat », tirées de l’abum Uncle Meat que le groupe vient d’enregistrer et qui paraît quelques mois plus tard. On constate que les huit musiciens sont déjà bien rodés ensemble et, stricto sensu, le morceau tient parfaitement la route, à défaut de déchaîner l’enthousiasme.

On s’adresse ici très clairement aux complétistes de l’œuvre de Zappa. Une heure vingt de noir et blanc, de son fluctuant, avec les Mothers environnés d’effets spéciaux limités et plutôt répétitifs, constitue un fond de tiroir certes intéressant, mais qui n’aurait peut-être pas mérité de sortie commerciale : tout au plus une place de bonus sur un DVD digne de ce nom, voire une mise à disposition gratuite sur Youtube.