– Żegnaj Piotr

Le premier tiers de cette année n’est pas encore atteint, mais 2016 a déjà tout d’un annus horribilis. de nombreux artistes ont déjà quitté notre monde, que ce soit des acteurs (Alan Rickman, Michel Galabru) ou des musiciens (David Bowie, Pierre Boulez, Michel Delpech). Ce dimanche 21 février, nous aurions souhaité nous lever autrement qu’en apprenant une énième disparition. Qui plus est, cette fois-ci, sur la planète prog.

Devoir parler aujourd’hui de Piotr Grudzinski au passé… Non, ce n’est pas une blague. Oui, c’est impensable. Qui, en bon fan de musique progressive, n’est pas abasourdi par cette horrible disparition ? Qui aurait crû que Piotr Grudzinski, présent la veille, au concert des Winery Dogs à Varsovie, nous quitterait aussi tôt ? À l’heure actuelle, aucune information quant à la cause du décès n’a été communiquée (MAJ le 04.03.2016, Riverside a depuis confirmé que Piotr est décédé des suites d’un arrêt cardiaque), alors que Riverside est en pleine promotion de son dernier disque Love, Fear And The Time Machine Tandis qu’il se préparait pour une tournée américaine avec Lion Shepherd & The SixxiS, le groupe est touché en plein vol. Et en plein cœur.

Certes, Piotr Grudzinski n’était pas le plus « flashy » des guitaristes. Ce n’était pas l’égal apparent d’un John Petrucci ou d’un Michael Romeo. Mais il était bien, à sa manière, un guitar hero, capable d’atteindre le plus profond des âmes avec un jeu toute en retenue. Tels Adrian Smith ou Brian May, réputés pour la finesse de leur toucher, malgré le côté parfois abrupt de leur musique. À l’exemple de David Gilmour en son temps flamboyant sur « Shine On You Crazy Diamond », Piotr Grudzinski savait faire frémir, sourire, vibrer, pleurer. Le tout en même temps, y compris les cœurs de pierre, avec des soli comme ceux de «  Conceiving You », « Parasomnia », « The Same River », « The Depth Of Self Delusion », « Acronym Love ». La liste est longue, et le toucher cristallin du Polonais forçait le respect.

La planète prog pleure l’un de ses musiciens les plus prometteurs. Depuis une semaine, les hommages n’ont cessé de pleuvoir : Steven Wilson, Anathema, Mike Portnoy, Enchant, Spock’s Beard, Jolly ou encore Dark Tranquillity. Tous, au même titre que la Chromateam, sont encore incrédules. Sur un plan plus humain, l’auteur de ces lignes a eu maintes fois l’occasion de discuter avec Piotr Grudzinski, avant et après les concerts de Riverside à Paris, encore en octobre dernier, en compagnie d’Elisabeth Parnaudeau et Lucas Linussio. Nous nous rappellerons donc, au même titre que les fans de Riverside ayant un jour croisé sa route, d’un musicien tout ce qu’il y a de plus abordable, simple, souriant, plaisantin malgré ses airs de grand dur au crâne rasé et aux tatouages imposants.

A l’heure où vous lirez ces lignes, il sera inhumé au cimetière Wólka Węglowa de Varsovie. Mais pas question d’attendre l’évènement pour présenter nos plus sincères condoléances et notre plus profonde sympathie à Mariusz Duda, Michał Łapaj, Piotr Kozieradzki ainsi qu’à Monika, la veuve de Piotr et à la famille Grudzinski en ces moments difficiles. L’on pourrait encore continuer à parler de Piotr Grudzinski des heures durant… Et comme le dit si bien ce titre figurant sur Out Of Myself, « The Curtain Falls », nous n’écouterons plus jamais Riverside de la même manière. Mais s’arrêter d’écouter, c’est oublier. Or, personne n’oubliera Piotr Grudzinski.

«  Dziękuję i Żegnaj, Piotr »*
*Merci et au revoir, Piotr.