AERIE - Hatch and Host

Sorti le: 11/02/2016

Par Aleksandr Lézy

Label: Neuklang Records

Site: http://ingohipp.com/aerie/

Tout commence par une rencontre, un camp d’été pour élèves en école de jazz venant de toute l’Europe. Les cinq musiciens se réunissent autour d’un meneur, Ingo Hipp saxophoniste allemand et décident de former A E R I E. Hatch and Host est un premier album composé et produit par une seule personne. La découverte de ce nid d’oiseaux vaut-elle le détour ?

Noyau central de l’album, le saxophone est au cœur du discours. Non pas seul mais en duo avec l’Irlandais Sam Comerford, Ingo Hipp trace un chemin dans un jazz moderne formé de plusieurs ramifications avec le soutien du Suisse Laurent Méteau à la guitare, de l’Estonien Peedu Kass à la contrebasse et de l’autre Irlandais Matthew Jacobson. Dès le premier morceau « Phyton », on sent le quintet tiraillé entre l’héritage patrimonial acquis et la volonté de vouloir s’en détacher.

Durant les huit morceaux conséquents, environ sept minutes de moyenne, les forces se concentrent sur des harmonies riches, des métriques trompeuses et des revirements de situations entre les atmosphères. Cependant, les incursions dans une forme différente de celle du jazz, malgré une volonté évidente, comme sur les excellents « 257121 282287 » et/ou « Antagonism » (qui porte merveilleusement son nom), assez rentre-dedans, ne vont pas assez loin sur l’ensemble du disque, comme si les préceptes scolaires étaient encore trop ancrés dans le jeu. Le duo de saxophones fonctionne plutôt pas mal, la section rythmique impose les limites et la guitare tente timidement de trouver sa place et son « son » dans tout ça.

Ça joue véritablement bien, l’énergie est palpable mais l’écriture manque encore un peu de liberté. Les passages doucereux vraiment communs n’apportent pas grand-chose et l’on aimerait que l’expression s’attarde sur les passages les plus fous du quintette, vraiment trop furtifs à chaque fois qu’ils font surface. C’est une jeunesse fougueuse encore mal dégrossie et peureuse qui prend le pas sur le talent de ces cinq jeunes musiciens. Un premier envol en demi-teinte, a priori prometteur.