The Odd Gallant - AM

Sorti le: 28/01/2016

Par Jean-Philippe Haas

Label: Autoproduction

Site: http://theoddgallant.com/

Guillaume Cazenave n’est pas un parfait inconnu pour Chromatique, même s’il n’a pas été sous les feux de notre actualité depuis un bon moment. En 2007, l’un de nos chroniqueurs s’était ému pour Second System Syndrome, œuvre fourre-tout mêlant quantité de genres. Un entretien avec le compositeur avait suivi quelques temps plus tard. Puis celui-ci était retourné à ses activités d’écrivain notamment, jusque récemment où une levée de fonds en faveur du projet The Odd Gallant a vu le jour. Première partie d’un diptyque, AM est sorti vers la fin de l’année 2015.

Aux côtés du multi-instrumentiste, on trouve son frère Rémy à la basse, tandis que le mastering revient à quelqu’un qui ne nous est pas non plus inconnu : Pierre-Yves Marani, auteur lui aussi ces dernières années de quelques disques évoluant dans la galaxie progressive. L’ouverture d’esprit étant censée être la qualité première de notre lectorat, celui-ci saura reconnaître immédiatement les nombreux mérites de cette œuvre. Si la tendance générale est à l’électro-rock très sophistiqué, on ne peut décemment résumer ainsi plus d’une heure de musique : du jazz au classique à des bribes de trip-hop et d’indus, en passant par une pop sinueuse, The Odd Gallant construit un univers sonore unique, surprenant ou déroutant, mais dont la cohérence ne fait aucun doute. La voix grave et chaude de Cazenave est un élément central de l’album, chantant des suites de mots, martelant des idées, des concepts correspondant pour chaque titre à une lettre de l’alphabet, de A et M. « K » par exemple voit ainsi se côtoyer Kirkegaard, Kennedy, Kissinger et King Kong…

Moins furieux que Second System Syndrome, AM ne se complaît pas pour autant dans la mollesse : « F » et « G » par exemple ont leur lot de guitares saturées et de rythmiques puissantes. Dans l’ensemble, néanmoins, il ne s’agit guère d’assassiner les tympans. « D » et « E » penchent vers le classique, « J » sonne jazz, pendant que certains titres lorgnent vers la musique de film ou mêlent tous ces éléments avec d’autres genres encore… Armes à double tranchant, la diversité et la densité induisent forcément des passages moins marquants, que chacun ressentira selon ses préférences. Quelques respirations auraient probablement été les bienvenues : appréhender le tout d’une seule traite nécessite en effet un grand investissement et une haute disponibilité, malgré une production honnête et un mixage assez lisible.

Pour son retour à la musique, Guillaume Cazenave n’a donc pas fait les choses à moitié. Il faudra consacrer une quantité raisonnable d’heures à cet album généreux. Le temps presse toutefois : la seconde partie, NZ, est prévue pour 2016 ! Annoncée comme très différente, on peut se demander quelles directions restent encore à explorer. Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs et donnons d’abord sa chance à AM.