Izz - Everlasting Instant

Sorti le: 20/09/2015

Par Thierry de Haro

Label: Doone Records

Site: http://www.izzmusic.com/

Si l’évocation de la Trilogie New-Yorkaise reste avant tout associée à la littérature et à Paul Auster, la musique dite progressive peut désormais se targuer d’avoir sa propre référence en la matière. Quoi de plus naturel qu’elle soit le fruit d’un groupe new-yorkais, fondé par les frères Galgano vers la fin des années quatre-vingt dix, et répondant au nom étrange d’IZZ (surnom de l’un des joueurs de l’équipe de baseball locale des Mets).

Une dizaine de printemps plus loin (2009), fort d’une expérience de quatre albums studio tous réussis, et d’un public de fans de plus en plus nombreux, IZZ se lance dans une œuvre ambitieuse en trois volets, dont le premier s’intitule The Darkened Room. Ce recueil initial est traversé par la lumière du sublime « Can’t Feel The Earth », pièce en trois actes, dont la partie II de plus de 10 minutes, n’a rien à envier à certains titres inspirés de leurs illustres maîtres, Yes (la basse de John Galgano y est admirable !).

L’histoire est en route et trois ans plus tard, Crush Of Night en constitue le nouveau chapitre. Un album où les mélodies les plus pures (« Half The Way ») côtoient l’énergie contagieuse de séquences plus complexes – mais toujours accessibles (le titre éponyme en est sans doute le meilleur exemple). Ajouté à cela, la participation de Gary Green sur deux morceaux, qui nous rappelle pour l’occasion qu’il fut le guitariste de la grande époque de Gentle Giant.

Restait à attendre l’ultime offrande de ce triptyque musical – et comme le hasard fait souvent bien les choses, trois nouvelles années se sont écoulées pour annoncer Everlasting Instant. Un nouvel album d’IZZ demande toujours une attention particulière. Pour en capter toute l’intensité, il est donc préférable de lâcher toute activité en cours … les funambules étant néanmoins excusés. S’agissant du dernier chapitre d’une trilogie, on va y retrouver une certaine homogénéité avec les deux volets précédents – aussi bien dans la structuration des titres que dans leur contenu. Mais aussi quelques particularités qui démarquent chacune de leurs trois créations. Sur Everlasting Instant, les voix féminines n’ont jamais été aussi présentes – sans doute lié au retour de Laura Meade, qui avait quitté le navire en 2008 pour se consacrer au théâtre musical. La reconstitution de son duo avec Anmarie Byrnes donne à l’ensemble un timbre sonore proche des thèmes que Magenta pouvait proposer dans sa période la plus aboutie (Seven ou Home).

La sensation apaisée dont est empreint l’album constitue l’autre fait dominant des premières écoutes. Fidèle à ses habitudes, IZZ nourrit au sein d’un même titre des ambiances contrastées, entre le calme apporté par les notes du piano de Tom Galgano , et l’impétuosité dont fait preuve Paul Bremner à la guitare : Steve Howe n’est jamais très loin, et sur l’excellent « Illuminata », on en viendrait même à penser qu’il a été cloné !

Globalement, la mise en avant du piano confère à l’ensemble un ton invitant à la ballade. S’il suffit d’écouter « The Three Seers » pour en être convaincu – avec ses passages venant parfois tutoyer les partitions classiques – il reste omniprésent à travers les différentes compositions. Seule exception : la partie IV de « Can’t Feel The Earth » et son solo de guitare sur fond de basse syncopée, un philtre ‘mélange-neurones’ d’une efficacité redoutable !

IZZ apporte une touche finale aux paysages ébauchés par les Beatles ou Roger Waters (« Sincerest Life »), puis complétés par Yes. A l’instar de leurs compatriotes d’Echolyn, il ne fait plus aucun doute que le groupe est devenu phare sur la scène progressive américaine, éclairant de son talent chacune de ses sorties discographiques. Ce dernier album ne fait pas exception : les magiciens d’IZZ osent, et l’appétit de l’auditeur s’aiguise de leur prose.