Steven Wilson

02/06/2015

Olympia - Paris

Par Renaud Besse Bourdier

Photos:

Marjorie Coulin

Site du groupe :

Le 25 mars, le public prog de France et de Navarre avait rendez-vous à l’Olympia pour la grand’messe wilsonienne suite à la sortie de Hand. Cannot. Erase.. Ce fut dans une salle comble que Steven et ses complices ont défendu le nouvel album devant une audience d’aficionados.

1ère partie

Assez traditionnellement, le concert commence par un court-métrage de Lasse Hoil, devant une salle religieusement silencieuse. Adam Holzmann lance ensuite les premières notes de “ First Regret ” tandis que ses camarades entrent en scène – mention spéciale au t-shirt « En voiture Simone » de Marco Minneman, qui déclenche les gloussements plus ou moins discrets du public. La soirée démarre plutôt logiquement avec des morceaux du nouvel album : “ 3 Years Older, Hand. Cannot. Erase., Perfect Life ” et “ Routine ” s’enchaînent impeccablement, le tout accompagné de clips vidéo ultra léchés, notamment sur l’émouvant “ Routine ” (on vous en dit plus pendant « L’Entracte »), et accompagné de samples pour les voix féminines. Le son est très bon, Wilson et ses acolytes sont en grande forme et les plaisanteries fusent entre les morceaux. Steven Wilson lui-même prend à partie l’audience pour lui rappeler que même si elle est assise, Olympia oblige, c’est un concert de rock et pas un quartet de jazz, God dammit, il s’agirait de remuer tout ça ! Le public ne manquera pas de s’exécuter avec de plus en plus d’enthousiasme à mesure que la soirée avance, standing ovation après standing ovation.

L’enchaînement de Hand. Cannot. Erase. est coupé par un surprenant “ Index ”, dont l’introduction diffère totalement de celle de l’album mais instille une atmosphère tout aussi angoissante et malsaine. Hand. Cannot. Erase. reprend ensuite avec “ Home Invasion ” puis “ Regret #9 ”, au cours duquel Guthrie Govan délivre un de ces solos dont lui seul a le secret et qui laisse l’auditoire pantelant. Celui-ci a d’ailleurs à peine le temps de s’en remettre que débarque la deuxième surprise de la soirée : le set enchaîne sur “ Lazarus ”, un morceau de Porcupine Tree, qui a toujours divisé les fans du maestro – pop un peu insipide pour les uns, ballade émouvante pour les autres. Cette première partie du concert s’achève sur “ ”Harmony Korine ”, avant l’entracte imposée par l’Olympia, qui, si elle a le mérite de permettre de détendre ses gambettes engourdies, coupe de façon abrupte un set remarquable en plein élan. Wilson lui-même ne manque pas de râler devant cette pause malvenue.

Entracte

Profitons de cet entracte pour parler un peu de la scénographie. Comme toujours, papa Steven ne lésine pas sur les effets visuels. Il a encore une fois engagé ses collaborateurs habituels (Lasse Hoile, Jess Cope) et quelques nouveaux pour illustrer l’histoire de son nouvel album. Le travail est tel qu’on en vient parfois à se demander si l’on n’assiste pas à un ciné-concert, tant la partie image est travaillée – et le résultat incroyablement calé ! Tout au long du concert, les notes des instruments sont accompagnées par le montage vidéo, sans le moindre hic… Roger Waters serait fier. Enfin, s’il savait quoi que ce soit à propos de Steven Wilson, ce dont on peut douter.

Le moment le plus marquant est sans doute le “ Routine ,” du nouvel album ; la vidéo de Jess Cope, animatrice en stop-motion à l’ancienne formée sur les tournages de Tim Burton (Frankenweenie), est à la fois sublime et terrifiante. On y découvre le quotidien d’une femme qui continue de s’adonner à ses tâches ménagères en essayant d’oublier un terrible drame familial, et franchement la voir frotter sa cuisine jusqu’à saigner, ça fait un peu mal au ventre. Brrr.

2ème partie

C’est après un bref interlude que le public prend à nouveau place dans la salle pour assister à la seconde partie de cet époustouflant concert. Si l’entracte obligatoire de l’Olympia a un peu cassé le rythme de Hand.Cannot.Erase, il faut quand même avouer que la pause aura permis au public de se ressourcer et d’être chaud bouillant (mais toujours assis) pour la suite.

Et c’est donc sur “ Ancestral ” que le quintet reprend son ambiance fantomatique. Une fois de plus, le morceau est millimétré comme sur l’album et la seule différence notable vient des solistes qui s’en donneront à cœur joie pour improviser sur les plages, Guthrie Govan se lâchant en bouffées de shred. A partir de ce point, le groupe enchaîne toute la fin de l’album. Ce finish est d’une précision sans fin et on note en particulier la beauté de “ Happy Returns ” que le public scandera en chœur, preuve qu’il est désormais constitué de fans confirmés qui connaissent les disques sur le bout des doigts. Une fois l’album terminé, le groupe reviendra sur scène pour un rappel (spoilé par Wilson) et enchaînera deux surprises et deux “ moins ”-surprises. Passons sur les non-surprises (“ The Watchmaker ” et “ Raven ”) pour revenir sur les deux autres morceaux.

En effet, le public adepte de Porcupine Tree s’émeut toujours lorsque Wilson lâche des bribes d’information sur son précédent projet. Et si l’horizon paraissait bien sombre ces derniers temps, il faut tout de même avouer que l’Anglais laisse filtrer de plus en plus de choses. Car la première surprise de ce rappel est bien un fabuleux “ Sleep Together ”, morceau qui n’était pas apparu très longtemps dans les setlists de tournée de Porcupine Tree à l’époque de Fear of a Blank Planet. Et quelle interprétation ! La thématique de la solitude et de l’isolement se prête extrêmement bien (comme “ Index ”) pour figurer sur la setlist de Hand.Cannot.Erase. Ce qui en ressort aura procuré aux amateurs de l’arbre porc-épic un sentiment de retour dans le passé et de joie immense !

La seconde surprise c’est l’apparition de “ Sectarian ”. Si le morceau figurait encore dans le pool joué pendant la tournée du Raven, il faut avouer que l’on ne s’attendait plus à le voir apparaitre lors de celle-ci. Comble du bonheur, Wilson annonce que c’est un inédit de la tournée parisienne (il a depuis lors rejoué le morceau au cours d’autres dates, mais effectivement Paris était la première à en bénéficier !). La soirée s’achève sur un Raven toujours aussi efficace, beau et mélancolique. Si le concert assis aura pu être une petite déception pour certains, admettons que le jeu et le prix en valaient la chandelle ! Wilson est définitivement le maître du prog moderne, et n’est pas prêt d’être détrôné de sa place de héraut !


Par Renaud Besse, Maxime Delorme et Elisabeth Parnaudeau

Le 25 mars, le public prog de France et de Navarre avait rendez-vous à l’Olympia pour la grand’messe wilsonienne suite à la sortie de Hand. Cannot. Erase.. Ce fut dans une salle comble que Steven et ses complices ont défendu le nouvel album devant une audience d’aficionados.

1ère partie

Assez traditionnellement, le concert commence par un court-métrage de Lasse Hoil, devant une salle religieusement silencieuse. Adam Holzmann lance ensuite les premières notes de “ First Regret ” tandis que ses camarades entrent en scène – mention spéciale au t-shirt « En voiture Simone » de Marco Minneman, qui déclenche les gloussements plus ou moins discrets du public. La soirée démarre plutôt logiquement avec des morceaux du nouvel album : “ 3 Years Older, Hand. Cannot. Erase., Perfect Life ” et “ Routine ” s’enchaînent impeccablement, le tout accompagné de clips vidéo ultra léchés, notamment sur l’émouvant “ Routine ” (on vous en dit plus pendant « L’Entracte »), et accompagné de samples pour les voix féminines. Le son est très bon, Wilson et ses acolytes sont en grande forme et les plaisanteries fusent entre les morceaux. Steven Wilson lui-même prend à partie l’audience pour lui rappeler que même si elle est assise, Olympia oblige, c’est un concert de rock et pas un quartet de jazz, God dammit, il s’agirait de remuer tout ça ! Le public ne manquera pas de s’exécuter avec de plus en plus d’enthousiasme à mesure que la soirée avance, standing ovation après standing ovation.

L’enchaînement de Hand. Cannot. Erase. est coupé par un surprenant “ Index ”, dont l’introduction diffère totalement de celle de l’album mais instille une atmosphère tout aussi angoissante et malsaine. Hand. Cannot. Erase. reprend ensuite avec “ Home Invasion ” puis “ Regret #9 ”, au cours duquel Guthrie Govan délivre un de ces solos dont lui seul a le secret et qui laisse l’auditoire pantelant. Celui-ci a d’ailleurs à peine le temps de s’en remettre que débarque la deuxième surprise de la soirée : le set enchaîne sur “ Lazarus ”, un morceau de Porcupine Tree, qui a toujours divisé les fans du maestro – pop un peu insipide pour les uns, ballade émouvante pour les autres. Cette première partie du concert s’achève sur “ ”Harmony Korine ”, avant l’entracte imposée par l’Olympia, qui, si elle a le mérite de permettre de détendre ses gambettes engourdies, coupe de façon abrupte un set remarquable en plein élan. Wilson lui-même ne manque pas de râler devant cette pause malvenue.

Entracte

Profitons de cet entracte pour parler un peu de la scénographie. Comme toujours, papa Steven ne lésine pas sur les effets visuels. Il a encore une fois engagé ses collaborateurs habituels (Lasse Hoile, Jess Cope) et quelques nouveaux pour illustrer l’histoire de son nouvel album. Le travail est tel qu’on en vient parfois à se demander si l’on n’assiste pas à un ciné-concert, tant la partie image est travaillée – et le résultat incroyablement calé ! Tout au long du concert, les notes des instruments sont accompagnées par le montage vidéo, sans le moindre hic… Roger Waters serait fier. Enfin, s’il savait quoi que ce soit à propos de Steven Wilson, ce dont on peut douter.

Le moment le plus marquant est sans doute le “ Routine ,” du nouvel album ; la vidéo de Jess Cope, animatrice en stop-motion à l’ancienne formée sur les tournages de Tim Burton (Frankenweenie), est à la fois sublime et terrifiante. On y découvre le quotidien d’une femme qui continue de s’adonner à ses tâches ménagères en essayant d’oublier un terrible drame familial, et franchement la voir frotter sa cuisine jusqu’à saigner, ça fait un peu mal au ventre. Brrr.

2ème partie

C’est après un bref interlude que le public prend à nouveau place dans la salle pour assister à la seconde partie de cet époustouflant concert. Si l’entracte obligatoire de l’Olympia a un peu cassé le rythme de Hand.Cannot.Erase, il faut quand même avouer que la pause aura permis au public de se ressourcer et d’être chaud bouillant (mais toujours assis) pour la suite.

Et c’est donc sur “ Ancestral ” que le quintet reprend son ambiance fantomatique. Une fois de plus, le morceau est millimétré comme sur l’album et la seule différence notable vient des solistes qui s’en donneront à cœur joie pour improviser sur les plages, Guthrie Govan se lâchant en bouffées de shred. A partir de ce point, le groupe enchaîne toute la fin de l’album. Ce finish est d’une précision sans fin et on note en particulier la beauté de “ Happy Returns ” que le public scandera en chœur, preuve qu’il est désormais constitué de fans confirmés qui connaissent les disques sur le bout des doigts. Une fois l’album terminé, le groupe reviendra sur scène pour un rappel (spoilé par Wilson) et enchaînera deux surprises et deux “ moins ”-surprises. Passons sur les non-surprises (“ The Watchmaker ” et “ Raven ”) pour revenir sur les deux autres morceaux.

En effet, le public adepte de Porcupine Tree s’émeut toujours lorsque Wilson lâche des bribes d’information sur son précédent projet. Et si l’horizon paraissait bien sombre ces derniers temps, il faut tout de même avouer que l’Anglais laisse filtrer de plus en plus de choses. Car la première surprise de ce rappel est bien un fabuleux “ Sleep Together ”, morceau qui n’était pas apparu très longtemps dans les setlists de tournée de Porcupine Tree à l’époque de Fear of a Blank Planet. Et quelle interprétation ! La thématique de la solitude et de l’isolement se prête extrêmement bien (comme “ Index ”) pour figurer sur la setlist de Hand.Cannot.Erase. Ce qui en ressort aura procuré aux amateurs de l’arbre porc-épic un sentiment de retour dans le passé et de joie immense !

La seconde surprise c’est l’apparition de “ Sectarian ”. Si le morceau figurait encore dans le pool joué pendant la tournée du Raven, il faut avouer que l’on ne s’attendait plus à le voir apparaitre lors de celle-ci. Comble du bonheur, Wilson annonce que c’est un inédit de la tournée parisienne (il a depuis lors rejoué le morceau au cours d’autres dates, mais effectivement Paris était la première à en bénéficier !). La soirée s’achève sur un Raven toujours aussi efficace, beau et mélancolique. Si le concert assis aura pu être une petite déception pour certains, admettons que le jeu et le prix en valaient la chandelle ! Wilson est définitivement le maître du prog moderne, et n’est pas prêt d’être détrôné de sa place de héraut !


Par Renaud Besse, Maxime Delorme et Elisabeth Parnaudeau