Kayo Dot - Coffins on Io

Sorti le: 01/06/2015

Par Raphaël Dugué

Label: The Flenser

Site: http://www.kayodot.net/

Un an après Hubardo sorti en 2013, un concept album dense, à l’ambition démesurée, Kayo Dot a sorti une oeuvre aux proportions plus modeste Coffins on Io. Musicalement, les New Yorkais abandonnent le style éclectique de Hubardo et se concentrent sur une musique fortement influencée par les mouvements new wave et cold wave des années quatre-vingt. Le revival eighties avec cette production volontairement vintage qu’on a vu se répandre dans le mouvement dit indépendant, oscille entre nostalgie et ironie post modernisme sans vraiment de pertinence. Mais qu’allait faire Kayo Dot dans cette galère? A première vue, si cette orientation peut dérouter, il faut noter que l’ambiance cold wave était déjà présente chez le groupe comme sur le bouleversant « The First Matter (Saturn in the Guise of Sadness) » sur Hubardo. Mais le principal atout de la bande de Toby Driver, c’est sa sincérité. En s’éloignant de toute ironie, Toby Driver ne laisse place qu’à l’émotion. Car c’est bien de ça qu’il s’agit quand on a à faire à Kayo Dot, une musique dont le seul moteur est l’émotion. Le retour vers une musique plus concrète depuis la sortie de Gamma Knife est toujours présent, Driver montrant une fois de plus son talent pour écrire des phrases mélodiques de toute beauté comme sur « The Mortality of Doves ».

Inspiré par Blade Runner et les films de science fiction de cette décennie, la formation nous invite dans un road trip rétro-futuriste conduit par une basse très présente accompagnée d’une guitare cristalline et de volutes de saxophone. Même s’il perdu son côté metal, le groupe possède toujours un versant plus torturé qu’il explore notamment avec « Library Subterranean ». La mélancolie est toujours présente, lovée dans les ambiances feutrées de ce disque. Si la musique du groupe perd en ambition, elle gagne en intimité. Emmené par la voix versatile de Driver, le voyage devient parfois plus halluciné avec ces synthétiseurs étranges. « Spirit Photography » au son embrumé et intense, clôt l’ensemble d’une belle manière. Coffins on Io est donc sûrement l’album le plus accessible du groupe mais certainement pas le moins pertinent.