The Bad Mexican - Due

Sorti le: 13/04/2015

Par Jean-Philippe Haas

Label: Lizard Records

Site: https://thebadmexican.wordpress.com/

Malgré son patronyme, The Bad Mexican, est un groupe italien. Mais pas de ceux, innombrables, dont le fond de commerce consiste à célébrer la musique symphonique et délicate de leurs aînés, à l’époque où le rock progressif était une force avec laquelle il fallait compter de l’autre côté des Alpes. Non, ce quatuor-ci a posé ses valises dans le présent, tout en faisant fi des genres et des conventions en vigueur. Multi-genre, infusé de psychédélisme aventureux, Due (dont le titre sobre contraste avec celui du premier album, This is the first attempt of a band called The Bad Mexican) est un pavé de polystyrène lancé à la figure des fabricants d’étiquettes.

Jugez plutôt : « Uno » ouvre cette collection hétéroclite avec un rock alternatif aux influences latines, suivi sans autre forme de procès par « Due », fusion puissante déchirée par un saxophone déchaîné et une guitare noisy, un peu comme savent si bien le faire les Estoniens de Phlox. On enchaîne sans ciller sur une piste electro ambient (« Tre »), du post-rock mâtiné de Radiohead période Kid A (« Quattro »), un cours de danse negro spiritual (« Cinque »), un heavy rock teinté de blues (« Sei »), du swing façon Diablo Swing Orchestra édulcoré doublé d’une voix à la Serj Tankian (« Sette »). La descente s’amorce calmement avec la guitare latine de « Otto », qui divague avant de s’emballer et de laisser la place à celle, électrique, de l’étrange « Nove », pulsation incantatoire baignant dans le plus pur psychédélisme.

Cette juxtaposition de styles radicalement différents, ce passage incessant du coq à l’âne déroutera à coup sûr ceux qui apprécient les disques sécurisants et homogènes. Mais loin d’être inconfortable, cet assortiment composite, indéfinissablement uni, rayonne de fraîcheur et d’une forte personnalité. A la fois accessible et sans concession, Due est le petit frère des albums audacieux tels que les grands touche-à-tout surdoués comme Zappa ont pu en produire.