Steven Wilson – album.intemporel.en.devenir

Steven Wilson est un expert en communication. Après The Raven That Refused To Sing qui l’avait assis encore un peu plus sur la scène progressive mondiale, le génial britannique revient avec une œuvre conceptuelle, Hand.Cannot.Erase qui ne laissera, à coup sûr, personne indifférent. Indifférent ? La Chromateam ne l’a pas été et s’est entretenue avec l’artiste autour d’une tasse de thé.

Par Dan Tordjman, avec des questions de Maxime Delorme

Avant de rentrer dans le vif du sujet, pourrais-tu brièvement décrire le concept sous-tendu sur Hand.Cannot.Erase ?
Steven Wilson
: En une phrase, il tourne autour d’une femme vivant en ville, et qui disparaît littéralement de la circulation du jour au lendemain, sans que cela n’inquiète qui que ce soit. Si je peux m’étendre un peu plus sur le sujet, je dirais qu’il est basé sur des faits réels survenus il y a dix ans. Cette jeune femme, Joyce Carol Vincent, fut retrouvée morte dans son appartement, à Londres, deux ans après son décès. Ce qu’il y a de surréaliste dans cette histoire, c’est que contrairement à ce que beaucoup ont pu penser, ce n’était pas une personne âgée. On parle ici d’une jeune et jolie femme, assez populaire, aimée de sa famille et de ses amis, qui aurait choisi de disparaître, de s’effacer de la conscience des gens. Sa fin est tragique. Dans mon concept, le personnage principal ne meurt pas. Il parle d’une femme partie vivre dans une grande ville – dans mon esprit, c’est Londres, mais ça s’applique à n’importe quelle métropole – et qui, petit à petit s’en déconnecte ainsi que du monde extérieur à son appartement. Elle devient une sorte d’observatrice du monde tel qu’elle le voit à travers sa fenêtre et à travers le net. Elle tient un blog, un journal intime dans lequel elle consigne ses pensées. Il y a d’autres éléments au sein de l’histoire : de la science-fiction, en particulier ; elle dit que des gens lui ont rendu visite mais il est impossible de savoir s’ils sont réels ou s’ils sont le fruit de son imagination. A la fin, elle disparaît. Mais nous ne savons pas réellement où est-elle partie.

Ce concept te touche-t-il à titre personnel ? As-tu côtoyé des gens qui se sentaient en marge du monde, tellement isolés au point que personne ne se soucierait de leur absence au moment d’un éventuel décès ?
Nous connaissons tous quelqu’un dans cette position. Je crois également qu’une part de nous est potentiellement sujette au profil décrit dans ta question. Ainsi, je pourrais choisir de me rendre à une soirée, dans un bar ou à un concert avec mes amis. Cependant, je préfère rester seul. Tranquille. A regarder la télé. C’est humain de penser ainsi : c’est tellement simple de rester tout seul. Je n’ai à interagir avec personne dans ce monde. Cette planète devient de plus en plus folle d’année en année, le rythme de vie s’accélère, la technologie est de plus en plus envahissante. Tout ceci nous amène à penser, selon moi, de manière moins rationnelle, plus confuse. La raison cède peu à peu la place à une forme de paranoïa. Pour faire part de mon expérience personnelle : si tu veux vraiment te retirer du monde, être quasi invisible, vas vivre dans une grande ville. Crois moi, tu n’auras qu’une envie : disparaître. J’ai vécu pendant près de vingt ans à Londres, je n’ai jamais su qui était mon voisin de palier. Je discutais il y a peu avec des personnes à propos des attaques terroristes survenues à Paris. On était d’accord sur le fait que ces gens là sont des gens que tu croises dans le hall ou le couloir de ton immeuble, sans pour autant chercher à les connaître davantage. J’ai déménagé il y a quatre ans à trente kilomètres au nord de Londres. En une semaine, je connaissais tous les gens qui habitaient dans ma rue, ce qu’ils faisaient, leur nom, celui de mon facteur et du policier ! Vivre dans la grande ville incite presque à se couper du monde.

Cet album rappelle un peu The Incident. Il n’y a pas de réelle coupure entre les titres, il est difficile d’en isoler un. Ce sont des pièces de puzzle. Tu as déjà procédé ainsi par le passé mais c’était moins le cas sur tes derniers albums, preuve en est The Raven That Refused To Sing … And Other Stories. Etait-ce volontaire de faire un tel disque ?
Je ne crois pas que ce soit volontaire et réfléchi. Je pense a contrario que le thème sous tendu façonne la nature du disque. Ainsi, The Raven That Refused To Sing … And Other Stories est devenu un album de chansons à cause des thèmes évoqués. J’ai presque envie de dresser un parallèle littéraire en le comparant à un recueil de nouvelles. Tous les titres sont liés de par leur nature, mais individuellement, chacun a la forme d’une histoire. Pour ce qui est de Hand.Cannot.Erase, je parlerais volontiers de chapitres. Ce genre de productions est quand-même ardu. Il faut trouver en effet une manière de raconter l’histoire et que l’ensemble reste cohérent d’un point de vue musical. Il est parfois très difficile de faire cohabiter ces deux approches. Tu te dis : «  Cette chanson serait parfaite pour clore le disque, mais c’est impossible : elle doit rester à cette place parce que musicalement, ça plombe tout. Que faire ? ». Il faut manœuvrer, contourner un peu le problème pour que cela reste satisfaisant. C’est là tout l’art d’écrire une nouvelle ou un scénario. C’est dur. (Sourires). J’ai déjà réalisé des disques de ce genre, mais cet album a réellement nécessité cette approche.

Comment comptes-tu inclure ce disque en concert ? Prévois-tu de l’interpréter en intégralité, agrémenté d’autres titres de tes précédents albums ?
Nous allons jouer la quasi totalité du disque, à quatre vingt quinze pour cents car il y a un titre que je ne peux pas adapter pour la scène. Mais, car il y a un mais, (sourires) nous n’enchaînerons pas les morceaux. Il n’est pas question de tout jouer d’un seul bloc, parce que c’est quelque chose dont je ne suis personnellement pas friand. Ce qui rend un concert magique, c’est la surprise. Nous jouerons le disque de manière disparate tout en respectant l’ordre des morceaux. Ils seront entrecoupés d’autres, qui feront office d’interludes liés au thème du concert. J’ai déjà écrit par le passé sur des sujets qu’on retrouve sur Hand.Cannot.Erase. Fear Of A Blank Planet parle des réseaux sociaux, d’Internet, de la manière dont ils touchent, affectent et changent notre quotidien. Un nouveau titre, « Home Invasion » en traite également. Je pense être en mesure de te dire que nous jouerons un titre extrait de Fear Of A Blank Planet en relation avec le contexte du disque.

Mais alors, penses-tu réussir à faire cohabiter ce concept avec des incontournables de ta discographie solo comme « Raider II » ? Tu l’as toujours joué. Toutes proportions gardées c’est amené à devenir un peu ton « Bohemian Rhapsody » ou « Comfortably Numb » ?
Je ne m’étais jamais posé la question. Je sais qu’il y a deux-trois titres attendus par le public. Si « Raider II » est le préféré de nombreux fans, j’en suis plus que ravi, j’avoue même être très surpris ! Je vais te faire une confidence : nous ne le jouerons pas sur cette tournée. Ceci pour deux raisons. La première, tu l’as dit toi même. Nous l’avons interprété sur toutes les tournées. Je ne crois pas que les fans attendent de moi que je le joue à chaque concert. En fait, le moment que je préfère, c’est le rappel. Je suis content de ne pas avoir de «  hit single », parce que je fais absolument ce que je veux (Rires). A bien y réfléchir, combien s’attendaient à ce que nous jouions « Radioactive Toy » ? Et je vais plus loin : vers la fin de la tournée, on a commencé à jouer un titre de Hand.Cannot.Erase et personne ne l’a vu venir ! Je suis libre. Je n’ai pas d’hymne comme « Bohemian Rhapsody » ou « Stairway To Heaven ». Alors certes, je n’ai pas atteint les sommets car je n’ai pas de tube, mais le bon côté est que je suis totalement libre. Tu sais, lors de ma première tournée solo, beaucoup m’ont dit “  De toute façon, on s’attend à entendre du Porcupine Tree à tes concerts ? Ah non. Même pas en rêve ! Pas une note. Ce sera uniquement extrait d’ Insurgentes et Grace For Drowning &nsp;”. On m’a pris pour un fou, vraiment. Mais c’était vraiment important pour moi. D’abord pour m’affranchir de Porcupine Tree et refermer ce chapitre. Ensuite parce que c’était rafraîchissant de passer à quelque chose de totalement nouveau. Je ne veux plus jouer uniquement pour faire plaisir aux fans sans en ressentir moi-même. Et maintenant que j’y pense, le fait d’avoir joué « Raider II » sur la quasi totalité des concerts donnés en solo me fait dire qu’il est temps de le laisser se reposer, je ne veux pas atteindre l’overdose.

Parlons maintenant de la formation qui t’entoure, composée de musiciens reconnus de manière unanime. Je me rappelle qu’à l’époque de Grace For Drowning, la majorité d’entre nous, journalistes comme fans, était surprise de voir un batteur chevronné comme Marco Minnemann. Il est connu pour être un musicien très technique, rompu aux mesures impaires et asymétriques, capable de jouer pour Paul Gilbert, Kreator et d’auditionner pour Dream Theater, des univers se situant aux antipodes de ta musique. Nous l’avions interviewé en 2011 et il nous avait répondu qu’il existait énormément de liberté de création pour chaque instrument. Même si tu fournis des canevas pour les différents instruments, est-il important qu’ils s’approprient leur parties, tout en conservant ton idée de base ?
Oui, c’est un certain paradoxe, n’est-ce pas ? Je leur donne une piste. Tant qu’ils la respectent, qu’ils restent dans l’esprit, ils sont libres de faire ce qu’ils veulent. Bon, Marco, c’est particulier, il est incontrôlable (Rires) ! La vérité c’est que tous mes musiciens le sont. L’idée, c’est de leur donner un espace d’expression adéquat qui soit suffisant pour eux. Il faut quand même définir un périmètre d’expression, c’est fondamental. Je te donne un autre exemple, à propos de Guthrie : je ne le supporte pas quand il part en shred, même s’il est reconnu pour ça. Alors je lui ai dit : «  Ecoute, Guthrie je sais de quoi tu es capable mais ça n’est pas compatible avec ma musique. Essayons de jouer plus simple, plus aéré, plus détendu en expérimentant les sons. ». Ce à quoi il s’est attelé. En travaillant le son, tu peux conditionner le jeu de guitare, le rendre moins chargé et fourni. Avec du delay et de l’echo tu peux difficilement faire du shred, cela devient une vraie bouillie auditive. Tout ça pour te dire qu’il s’agit avant tout d’un échange entre musiciens afin d’être sur la même longueur d’onde. Quant à Marco, tu as raison, il est reconnu pour être un fou de technique derrière une batterie. Mais quand tu lui demandes ses groupes préférés, ce sont Queen et XTC. Ce n’est pas un fan de musique technique à l’exception notoire de Frank Zappa. Sa préférence va aux vraies chansons.

Toujours est-il qu’entre The Raven… – où c’était la première fois que tu enregistrais avec ce groupe – et ce nouvel album, l’alchimie entre les musiciens est encore plus évidente et perceptible aujourd’hui ! Quel est ton secret ?
Je n’ai pas de secret. Je pense simplement que les sessions de The Raven ont suffi à jeter les bases d’une connivence musicale certaine. Je me rappelle notamment que c’était la première fois que j’allais rencontrer Guthrie et travailler avec lui. Je ne sais pas si on peut réellement parler d’alchimie ou d’entente entre les artistes. Ils se connaissent, savent de quoi ils sont capables. Après deux tournées et un album studio, je peux me permettre de les pousser un peu vers des directions inattendues, Guthrie, en particulier. Je l’oblige à jouer autrement, de manière plus atonale, avec moins de pentatoniques, plus lentement, avec un bottleneck ou des sons plus abstraits. Il parvient à s’adapter sans trop de problème. Je pense qu’il s’agit avant tout d’une question de confiance mutuelle : je la lui donne et il me la rend en s’adaptant à ma musique. Nous avons une bonne relation de travail qui fait que je peux lui faire péter les plombs. Mais pour faire péter les plombs à l’un de tes musiciens, tu dois instaurer de bonnes relations de travail.

Il y a quelques mois, en compagnie de Mariusz Duda, tu as sorti un morceau hommage à Alec Wildey : « The Old Peace ». Tu n’es pas sans savoir que cette collaboration a fait beaucoup de bruit dans le monde du prog, d’autant plus que Marius a une approche un peu similaire à la tienne sur les albums de Lunatic Soul. Après Storm Corrosion, peut-on espérer une collaboration sur un album ?
Tout en étant peu surpris, je n’étais pas au courant que ça générait un tel buzz. Je sais que Riverside est apprécié de beaucoup à juste titre et que Mariusz est également tenu en très haute estime. Pour répondre à ta question, je n’écarte pas l’idée d’une potentielle collaboration. J’apprécie énormément Mariusz. Je ne sais pas si tu l’as rencontré mais c’est quelqu’un que j’aime beaucoup. Lorsque j’ai cru l’avoir rencontré pour la première fois il m’a dit «  Tu sais, nous nous sommes croisés il y a quatre ans lors d’un festival et en vérité, tu m’as esquivé ? Je suis venu te saluer et tu as dévié de ton chemin… ». J’étais très mal (Sourire). Et je me suis empressé de m’excuser de m’être comporté comme un vulgaire imbécile. Et clairement, ce genre d’attitude ça n’est pas moi. Peut-être que je venais de perdre mon chien et que j’avais la tête ailleurs ? C’est possible. En tous cas, il n’a pas oublié le « vent » que je lui avais mis ce jour-là. (Rires) Quoi qu’il en soit, Mariusz possède une approche similaire à la mienne. Il a une passion pour la musique électronique. Indéniablement, c’est un goût que nous partageons. Et surtout, au delà des qualités humaines, c’est un bassiste fantastique. Wow ! Si Nick (Beggs,) venait à être un jour indisponible, je ne chercherais pas plus loin. C’est Mariusz que j’appellerais ! Il le sait, je le lui ai déjà dit. Mais, bien qu’intéressé, il m’a avoué que ce serait compliqué pour lui car il est beaucoup pris avec Lunatic Soul et Riverside. Nous avons travaillé ensemble à la demande spécifique d’Alec. Peu de temps avant son décès, Alec nous a contactés en nous faisant part de son rêve d’une collaboration basée sur l’un de ses poèmes. J’ai répondu que je rentrerai en contact avec Mariusz. Le reste parle de lui-même. Mariusz a écrit la chanson et j’ai enregistré certains instruments de mon côté. Comme dit précédemment, je ne serais pas réfractaire à un projet commun, mais pour être franc, j’ai trop à faire pour pouvoir caler ça, dans un futur proche, dans mon agenda.

J’ai tendance à te définir comme un plasticien du son. Là où beaucoup de groupes cherchent leur identité, tu n’hésites pas à jouer sur tout un tas de sonorités différentes. La tienne se trouve dans la façon de composer, dans les idées, dans la production mais pas forcément dans « un son de guitare ». Penses-tu que l’une des approches soit meilleure que l’autre ? Ai-je tort en te définissant ainsi ?
Je crois comprendre ce que tu me dis. Je ne me considère pas comme un guitariste. Si tu parles d’un son auquel tu peux m’identifier, tu perds ton temps, ce n’est pas moi qu’il faut questionner (Sourire). Pour être honnête, je n’ai jamais voulu être guitariste. Je veux juste être un auteur, un compositeur, un producteur. Enregistrer des disques. C’est comme ça que je pourrais me définir. Je n’ai jamais reculé face à ce que requiert ce job. S’il fallait apprendre la basse, les claviers ou apprendre à écrire des paroles, j’aurais fait tout ce qu’il faut. La guitare, j’y suis venu plus ou moins par contrainte. Dans mes précédents groupes, je n’ai jamais trouvé la personne adéquate. Pareil pour le chant. Je n’ai donc jamais eu d’intérêt premier pour cet instrument. La première chose à laquelle j’ai pensée en montant mon groupe solo, c’est trouver un guitariste. Je joue encore un peu de guitare sur scène mais, et je pense que tu l’as constaté, j’en joue bien moins. Je joue de la basse et des claviers et sur certains titres je ne m’occupe que du chant. Je pensais avoir enfin réussi à m’affranchir de cette étiquette de guitariste que l’on m’a collée, et que j’ai toujours réfutée. Après, quand tu as un guitariste comme Guthrie Govan dans le groupe, tu n’as plus de souci d’étiquette ni de solos. (Rires) Ce qui me surprend le plus c’est d’entendre des gens me dire, et c’est flatteur je dois l’avouer, qu’ils aiment me voir jouer de la guitare. Comment leur dire ? Je n’aime pas tant que ça avoir une guitare dans les mains sur scène. Mais j’aime en jouer pour écrire. Si je dois choisir un réel champ de compétences pour lequel je me sens le plus à l’aise c’est l’écriture et la production.

Il y a quelques années, on te voyait avec Porcupine Tree sur des petites scènes. Depuis, tu as grandement gagné en popularité. Bataclan, Elysée Montmartre, Trianon et enfin l’Olympia, l’une des salles les plus prestigieuses de Paris. La prochaine étape est le Zenith. Te sens-tu prêt à relever le défi ?
C’est grand, n’est-ce pas ? En fait, ça fonctionne ainsi : si tu remplis la salle et qu’elle affiche complet, le promoteur te place dans une salle plus grande. Alors pour répondre à ta question : peut-être ? Pourquoi pas ?

On voit beaucoup de choses déprimantes sur la musique à l’heure actuelle. Pour n’en citer qu’une, les frasques de Kanye West avec Paul MacCartney par exemple. Imaginer qu’un total autodidacte comme toi puisse remplir l’Olympia, ça évoque tout de même un certain espoir pour la musique. Qu’est ce que tu en penses ?
Je ne sais pas quoi penser. A maintes reprises, j’ai cru comprendre qu’au sein de la scène progressive, de nombreux fans plaçaient de grands espoirs en moi. Visiblement je suis capable de pouvoir porter cette musique au rang de mainstream près de trente ans après Marillion. Radiohead et Muse l’ont fait depuis mais ils puisent leurs racines dans le rock indépendant, alors que les miennes viennent du rock progressif. Je mentirais si je te disais que je ne voudrais pas être le porte drapeau d’un genre musical et l’élever ainsi au rang de musique mainstream. Je constate que l’intérêt qu’on me porte grandit petit à petit avec la sortie d’un nouvel album. Pour autant, je ne passe toujours pas à la radio et à la télé. Il subsiste toujours – et ça tu as pu le constater, vous me suivez depuis des années – cette réticence face à tout ce qui ne rentre pas dans le format pop. Néanmoins, il y a des signes qui ne trompent pas, aussi minimes soient-ils. Et je suis en mesure de te dire que les choses changent. Lentement, certes, mais ça bouge. J’ai quarante-sept ans, si j’en avais vingt-cinq aujourd’hui, je serais sans doute plus déterminé à faire bouger les choses et enfoncer les portes. Je ne perds pas espoir. Il y a des titres sur Hand.cannot.erase qui correspondent au profil radio. Auront-ils pour autant leur chance ? Probablement pas. Tout comme j’ai écrit « Trains » ou « Lazarus » en caressant l’espoir que les radios les diffusent sur leurs ondes. Personne ne l’a fait, pour une question d’image du groupe. Ce préjugé est toujours présent mais pèse moinsconf aujourd’hui que par le passé.