Ishraqiyun (Secret Chiefs 3) - Perichoresis

Sorti le: 25/01/2015

Par Jean-Philippe Haas

Label: Web of Mimicry

Site: https://www.facebook.com/secretchiefs3

Trey Spruance ne s’arrête probablement jamais de composer, et comme ses influences et ses collaborateurs sont aussi nombreux que ses idées, il lui est difficile de coller l’étiquette générique Secret Chiefs 3 à tout ce qu’il compose. C’est peut-être pour cette raison qu’il a décliné son groupe en de multiples formations, dont chacune occupe un créneau particulier. Ainsi, un an à peine après Book of Souls : Folio A, Ishraqiyun, branche « musiques orientales » du tronc commun, sort ce Perichoresis gonflé de références prélevées entre Proche et Extrême Orient.

La périchorèse est un terme d’origine grecque qui désigne les relations entre les membres de la Sainte Trinité. Cette information ne revêtant pas un caractère indispensable à l’écoute, refermons ici la minute culturelle et penchons-nous sur le contenu proprement dit de l’album. Une pléthore d’instruments traditionnels issus de régions très diverses et de différentes traditions musicales se côtoient sur les six titres : alto, rabâb, saz, sarangi, sitar, esraj, kinnor, tabla… des noms chamarrés pour une musique qui ne l’est pas moins. Si les arabisants « The 15 » et « The 7 » ne déconcertent pas outre mesure, la suite recèle des audaces plus marquées. Ainsi l’électronique, souvent présente mais plutôt discrète, prend parfois ses aises (« Base Phive Futur-Cossacks »), tout comme les grondements de la guitare et de la basse (« Saptarshi », « Spiritus Intelligentiae : Jophiel »), et transmutent ces sonorités somme toute familières en « musique du monde » expérimentale, histoire de nous rappeler que Spruance n’est pas adepte du surplace. Quant au titre-phare « Perichoresis », il invite ni plus ni moins à la transe. Répétitif, voire presque minimaliste, sa capacité de magnétisation n’a d’égale que sa durée (presque dix-sept minutes au compteur !).

Perichoresis propose à la fois des titres assez faciles d’accès et des compositions plus ardues. On ne s’attendait certes pas à ce que le fondateur de Mr. Bungle s’adonne soudainement à la muzak, mais c’est avec satisfaction qu’on découvre qu’il en a encore sous le capot.