Pryapisme - Futurologie

Sorti le: 20/01/2015

Par Florent Canepa

Label: Apathia Records

Site: http://www.pryapisme.net/

Pour ceux qui n’ont pas expérimenté le microcosme Pryapisme, remettons les pendules à l’heure. Ou plutôt détraquons les. En fait, Pryapisme c’est un peu comme si vous rentriez dans votre chambre et que vous découvriez un Amstrad CPC 6128 en train de copuler avec le diable de Tasmanie (dans ce sens là, bien évidemment). On devine la progéniture comme étant quelque chose d’abstrait entre un infantile Professeur Choron et un Wall-E sous acides. Bref, cela ne vous dit pas grand chose sur le contenu musical, donc appelons ça du thrash-8 bit.

Petit traité de futurologie sur l’Homo cretinus trampolinis (et son annexe sur les nageoires caudales) n’est en fait pas vraiment un album, pas vraiment un EP mais plutôt un gros délire saucissonné – que je vous en remettrais bien une tranche ma bonne dame. Foncièrement électro de bout en bout, le traité propose une ambiance finalement calme au début, ce qui rend les explosions en chemin plus névrotiques encore. Régulièrement entrecoupé d’extraits sonores de films (on se rappellera qu’il faut payer le loyer), le délire / déluge / dégueulis (rayer la mention inutile) pulse d’ailleurs de basses frénétiques et dansantes au gré du quatrième ou neuvième mouvement (qu’on aime beaucoup, tiens !). On entend régulièrement que les farfelus sont de fantastiques instrumentistes, se plaisant même à imaginer ce qu’une idée (durant chez eux à peine deux mesures, bien sûr) pourrait donner sur un morceau complet (la fin inspirée du troisième mouvement).

Leur avant-dernier cadeau en avait déjà envoyé plus d’un en hôpital psychiatrique. Foisonnant de blips, de clings, de sax échevelé, de chœurs d’enfants (mais oui), Pryapisme se pose en chantre de l’absurde avec un collage qui vient même chatouiller les maîtres de la musique à suspense comme Hermann (le ténébreux et apothéotique dixième mouvement). Pryapisme est un viol consentant d’oreille , jamais ennuyeux, jamais mélodique (allez si, quand même un peu). Ils appellent ça du roccoco-core, ils aiment les chats et le Bontempi. On imagine que vous êtes déjà en train d’essayer d’écouter. Et lorsque l’on vous dit qu’à la fin, il y a une version orchestrale bien sentie avec de vrais morceaux de musique chinoise dedans, cela vous donne envie ou cela vous fait peur ? Ces gars, c’est plus fort que toi.