Jack O’ The Clock - All My Friends

Sorti le: 19/12/2013

Par Jean-Philippe Haas

Label: Autoproduction

Site: www.jackotheclock.com

Que celui qui possède l’un des trois disques de Jack O’ The Clock se manifeste. Mmm ? Personne ? Peut-être quelqu’un parmi vous en a-t-il simplement entendu parler ? Non ? Un groupe de cinq Californiens aux allures de geeks et deux douzaines d’instruments dépareillés ? Trois garçons et deux filles cachés derrière leurs lunettes, qui s’adonnent à une musique pas très glamour, ça ne vous dit rien ? Vraiment ?

Alors reprenons depuis le début. Jack O’ The Clock est un quintette d’avant-garde de la Bay Area essentiellement acoustique. Mais ne soyons pas effrayés, le bruitisme pas plus que l’hermétisme n’ont leur place ici. Puisant dans le folk américain, la bande s’identifie plutôt à l’esprit de Sufjan Steven qu’a celui de Tom Waits. L’utilisation de certains instruments à cordes (harpe, violon, hammered dulcimer) confère parfois des attributs moyenâgeux à l’ensemble, tandis que le glockenspiel ou le basson lui donnent une allure plus classique. La basse quant à elle cimente le tout en le propulsant à notre époque. Les compositions ne s’étirent que rarement et nous sont toujours vaguement familières, sans toutefois qu’on puisse coller une étiquette dessus. De la pop expérimentale (« A Lot Of People Are Dead Wrong ») ? Du post-rock (« Old Friends In A Hole ») ? Du rock de chambre instrumental (« Saturday Afternoon On The Median ») ? Du folk mutant (« Half Searching, Half There ») ? En dépit d’un aussi large râtelier, All of My Friends conserve une unité, sonore tout d’abord, puis vocale grâce à la voix de fausset un peu nasillarde du contremaître Damon Waitkus. Insupportable à certains, séduisante pour d’autres, elle est surtout un ingrédient essentiel et indissociable de l’univers développé par les cinq musiciens, comme l’était celle de Charlie Looker dans Extra Life.

Encensé par Fred Frith, Jack O’ The Clock est-il donc un grand groupe comme le co-fondateur du mouvement Rock In Opposition le prétend ? Accessible, il l’est assurément. Original, il l’est encore bien davantage. Il reste à savoir s’il trouvera un écho favorable auprès des curieux en tous genres qui fréquentent ces lieux.