Jack Dupon - Jésus L'Aventurier

Sorti le: 07/08/2013

Par Christophe Manhès

Label: Autoproduction

Site: www.jackdupon.net

Revoilà nos doux dingues et leurs pitreries acrobatiques. Après un live en forme d’excellente compilation de leurs travaux précédents, il nous manquait un nouvel album studio pour étoffer leur courte discographie. C’est chose faite avec ce Jésus l’aventurier qui trouvera comme il se doit sa place sur toutes les étagères consacrées aux musiques franchement fêlées. Ce sera même une pièce de choix tellement Jack Dupon y pousse son style à l’extrême, franchissant cette fois définitivement les frontières de l’avant-garde. Et, de fait, cet album est bien plus difficile à estimer que le précédent, l’excellent Démon hardi.
Si leur manière sobre et burlesque les rapproche toujours de Les Claypool, les Jack Dupon possèdent plus que jamais cette couleur unique du prog à la française, ce truc dérangé et théâtral qui a fait les beaux jours de l’underground hexagonal dont l’échelle de Richter part de Gong, passe par Arachnoïse et Ange pour grimper jusqu’à Moving Gelatine Plates. Jésus l’aventurier prolonge et alimente donc cette tradition aussi créative que farfelue. Mais tout n’est pas idéal dans cet étrange univers. L’homogénéité excessive des compositions rend le tout souvent difficile à assimiler, et la production, très bornée, manque trop de reliefs ce qui retire à Jésus l’aventurier ces trous d’air et enrichissements qui mettent en valeur les bonnes idées (comme le fantastique « Grigori », vraiment trop court). Mais, fonctionnant à rebrousse-poil de bien des chatteries progressives habituelles, « Jésus l’aventurier » finit étrangement par nous accrocher en infusant lentement ses substances narcotiques dans le cortex des plus accros aux expériences inédites.

Imprudents ou jusqu’au-boutistes — on ne saurait le dire — les Jack Dupon ont procédé comme s’ils voulaient nous faire partager l’expérience bizarre d’un mauvais trip. En conséquence, ce sera donc à chaque auditeur d’apprécier cet album selon son goût et ses capacités à franchir « les portes de la perception ». Drôle de schnouf tout de même que ce Jésus l’aventurier.