Bruce Soord with Jonas Renkse - Wisdom of crowds

Sorti le: 16/07/2013

Par Florent Canepa

Label: Kscope

Site: www.kscopemusic.com/wisdomofcrowds

Autant dire que les accros aux sorties Kscope ainsi que les fans respectifs (et parfois communs) des deux groupes n’auront pas manqué de remarquer cette arrivée. Bruce Soord, âme forte de The Pineapple Thief, s’associe avec Jonas Renkse du mutant Katatonia : voilà de quoi exciter certaines foules, puisque c’est de cela qu’il s’agit ici. Fort du nom d’un ouvrage qui clame que l’on est plus fort à plusieurs pour prendre des décisions, le projet Wisdom of Crowds devait se concrétiser dans un univers musical pluriel. Car si les deux groupes sus-cités ont tous deux leur place dans ces colonnes, le pop-rock, comme un héritage naturel des Anglais peut s’opposer volontiers à la froideur des métalleux Suédois.

Ici, pas de fusion de style, quelque chose de nouveau ! Ou plutôt de connu. Les touches profondément électroniques (batteries et programmations) de cet album le placent d’entrée dans l’ambiance d’une œuvre solo, ce qu’elle était à la base. Pas de super-groupe, Bruce Soord profitait tranquillement de sa liberté créative devant Logic ou Pro Tools. Jonas Renkse est venu apporter un peu plus que sa voix à ce voyage en solitaire, prenant part en bon copain au grand tout. Comme une récréation dans des agendas remplis par des sorties récentes, les deux hommes s’amusent à se réapproprier un rock industriel mélodique aux touches gothiques sonnant parfois comme Paradise Lost période Host (« Flows Through You »). On y voit aussi un peu partout des analogies avec ce que Dave Gahan délivre seul et dans le Depeche Mode nouveau, et ce, dès l’ouverture ou sur « North Star ».

Ce qui l’emporte c’est la sincérité d’une œuvre immédiate qui expérimente, se jouant des détours. « Frozen North », ballade acoustique dégénérante jette son découpage hâché à la tête de l’auditeur, « Pretend » joue du solo moelleux un peu impro sans pudeur, « Stacked Night » lorgne vers Within Temptation (ce n’est pas une insulte). Souvent brut aussi comme chez Thom Yorke qui, seul, se projette plus expérimental encore. On s’essaye en fait… car on est là pour se faire plaisir ! La contrainte temps a dû jouer un peu même si l’on ne doute pas de leur capacité à gérer l’outil de production. Finalement une petite pierre à deux gars qui ont déjà pris le temps de se lancer dans un nouveau chantier. Au milieu d’un terrain bien déjà bien occupé.