Brother Ape - Force Majeure

Sorti le: 17/04/2013

Par Pierre Wawrzyniak

Label: Progress Records

Site: www.brotherape.com

Difficile de ne pas s’exploser la tronche contre le plafond à l’arrivée d’un nouvel album de Brother Ape. Le mal est caractérisé par les instances médicales depuis 2005, date du premier symptôme, On The Other Side. Le frère Singe avait envoyé paître tous les stéréotypes du rock progressif en insufflant à sa musique une liberté héritée du Pat Metheny Group le plus voyageur, et des incursions pop n’ayant rien à envier aux premiers albums de Radiohead. Les grincheux du rock progressif grinchèrent alors et le bébé n’en eut rien à foutre, car il s’entendait bien avec ses autres petits camarades. En effet, le trio guitare/basse/batterie formé par Stefan Damicolas, Gunnar Maxen et Max Bergman posait les bases d’un renouveau du genre caractérisé par une section rythmique (lorgnant furieusement du côté de la drum’n’bass et des solos de guitare épico-déchirants), et surtout par un chant entre Muse et Brian Wilson.

Au bout de trois albums dans cette veine pétillante (Shangri-La, 2006 et III, 2008 suivent), Brother Ape s’auto-révolutionne avec le fabuleux Turbulence, véritable opéra jazz rock, pop et drum’n’bass et ouvre une seconde période où la musique se fait plus technologique. Les claviers et boucles électroniques servent de support aux furies proposées par la section rythmique Maxen/Bergman. En 2010 parait le survitaminé A Rare Moment of Insight, qui multiplie les décibels et les solos de six-cordes enflammées de Stefan Damicolas.

Force Majeure s’inscrit de plein pied dans la lignée des deux albums précédents et va plus loin dans l’électro et la pop. Les claviers, guitares et sifflements fusionnent dans une matière sonore lumineuse et généreuse qui contrebalance les infatiguables pulsations de la machine rythmique. Si les mélodies semblent s’être simplifiées et les solos amenuisés, la musique ne perd pas en maturité mais s’éloigne de plus en plus du rock progressif.

En témoigne l’ouverture éponyme de l’album, pièce instrumentale de drum’n’bass atmosphérique (compatible avec les dance floors) servant de matrice à des envolées de claviers pop aussi rayonnants que convaincants. Ces embellies communicatives sont l’élément dominant de l’album et témoignent de l’état d’esprit pétardant du groupe mais aussi d’une évolution de la maîtrise technologique de son son, toujours plus personnel et puissant. Dopé au condensé de fraicheur et de bonne humeur, le frère singe sonne dorénavant comme une superproduction hollywoodienne de l’âge d’or.

Heureux serait le producteur audacieux qui s’emparerait de ce trio hirsute et plus apte que jamais à séduire les foules…