Steven Wilson

19/03/2013

Le Trianon - Paris

Par Dan Tordjman

Photos:

Marjorie Coulin

Site du groupe : www.stevenwilsonhq.com

Setlist :

Luminol / Drive Home / The Pin Drop / Postcard / The Holy Drinker / Deform To Form A Star / The Watchmaker / Index / Insurgentes / Harmony Korine / No Part Of Me / Raider II / The Raven That Refused To Sing // Rappel : Radioactive Toy (Porcupine Tree)

S’il y a une date cerclée de rouge depuis longtemps sur nos calendriers, c’est bien celle du 8 mars 2013, date à laquelle Steven Wilson est censé marquer pour la troisième fois l’histoire à l’occasion de sa tournée articulée autour de sa dernière pépite, The Raven That Refused To Sing. Retour sur une soirée d’une limpidité rare.

Une bonne partie de la Chromateam (anciens et actuels rédacteurs) a fait le déplacement pour la deuxième grand messe progressive donnée par l’un des papes du genre. Le premier rassemblement ayant eu lieu quatre jours avant au Trabendo lors du passage de Neal Morse, changement de programme et de cadre pour accueillir Steven Wilson dans une salle qu’il a déjà éblouie de sa classe l’an passé. Comme en 2012, on a (encore) le droit à une projection (cette fois-ci, sans le rideau ! Youpi, peut-être qu’à la prochaine, on n’aura pas de film, qui sait ?) de quarante-cinq minutes qui a plus tendance à agacer le public qu’à le mettre en appétit. C’est en voyant débarquer un par un ses acolytes que l’attente prend fin avec, alleluiah, l’arrivée du maître de cérémonie. Comme on pouvait l’imaginer, c’est « Luminol » qui est chargé d’ouvrir les débats. C’est sans surprise que le titre passe comme une lettre à la poste, contrairement à l’an passé où il avait suscité pas mal de questions. On retrouve donc les mêmes musiciens à l’exception de Niko Tsonev, remplacé par … Guthrie Govan.

Les questions sur sa présence sont – à priori – légitimes, tant le guitariste a plus un jeu de shredder que chaloupé. Le Britannique balaie les interrogations d’un revers de main, notamment au moment de nous servir un lumineux « Drive Home », que certains qualifièrent de premier moment fort de la soirée. Si Govan est certes très discret mais prolixe au niveau du jeu, ses compères ne sont pas en reste : Nick Beggs (aux allures de Shawn Michaels) navigue entre stick et basse (la laissant même à son employeur sur « Holy drinker »). Theo Travis & Alan Holzman n’ont pas changé : toujours aussi introvertis et calmes sur scène, mais quelle aisance ! Impossible, enfin, d’oublier Marco Minnemann, la locomotive rythmique de cette petite bande de drilles. Qu’en est-il du patron de la soirée ? Il est toujours aussi absorbé sur scène mais, paradoxe étonnant, il est également apparu bien plus décontracté que lors de ses deux dernières étapes françaises se permettant quelques blagues.

Tout au long de la soirée, on voyage donc entre de purs moments de beauté comme « Postcard », « Deform To Form A Star  » et des moments un peu plus enlevés comme « Harmony Korine », ou « Index ». L’on constate avec plaisir que les titres issus de The Raven That Refused To Sing (rappelons que tout l’album est joué ce soir), sont vraiment taillés pour la scène, mais difficile pour le moment d’établir un comparatif au moment où le groupe attaque son chef d’œuvre ultime (qui a dû provoquer une érection chez Renaud Besse-Bourdier, vue sa réaction !), le désormais incontournable « Raider II », précédé d’une question de Wilson à la salle à propos du plus célèbre des tueurs en série que la France aurait connu. Cette fois-ci, pas d’imbécile pour souiller l’intro immaculée du titre et son silence lourd. Maxime Delorme ferme les yeux afin de savourer au mieux ce moment, quelque part synonyme de calme avant la tempête de ciel bleu avant le déluge. Après l’ouragan (quelle fin de morceau boostée par Marco Minnemann !), l’accalmie avec le troisième pic de la soirée : « The Raven That Refused To Sing ». Disons-le : on en a vu pleurer dans la salle, notamment les filles !

Dès lors, y avait-il plus belle manière de clore une telle soirée ? Difficile de répondre en toute objectivité. Probablement que certains se seraient volontiers contentés de cette fin riche en délicatesse et émotion votre serviteur y compris et n’en auraient pas tenu rigueur à Steven Wilson de ne pas proposer de rappel. Or, quand le bougre revient et nous annonce qu’ils vont jouer un titre de son autre groupe Porcupine Tree, c’est la folie et les spéculations sont lancées : « Shesmovedon », « Trains », « Anesthetize », … les paris fusent et à notre avis, personne, pas même Djul ni Rémy Turpault n’ont misé sur ce monumental « Radioactive Toy » chargé de mettre fin à un concert où, d’une évidence même, la finesse souvent à fleur de peau a côtoyé la puissance. En résumé une soirée limpide, claire comme de l’eau de source. Santé !